5 questions à Arnaud Coppel, directeur du réseau montagne d’Intersport

Après une saison 2021-2022 record, Intersport, enseigne numéro 2 en montagne, aborde celle qui commence avec confiance, fort du bon niveau des réservations de séjours en station. Le groupement, qui vient de signer un partenariat avec la plateforme dédiée au tourisme de proximité Alentour, ouvre 16 magasins supplémentaires dans les massifs tricolores où il en totalise 260.

Le réseau montagne d’Intersport a-t-il retrouvé une activité normale ?
Arnaud Coppel : Totalement. Il faut dire que le groupe Intersport s’était mis dès le 15 mars 2020 en configuration pour rebondir plus fort dès la sortie de crise sanitaire. En plus des aides publiques, le groupe a largement soutenu le réseau montagne, impacté plus tardivement que celui en plaine, avec la fermeture des remontées mécaniques lors de l’hiver 2020-2021. Ce plan de soutien a parfaitement fonctionné. Nous avons fait une saison d’hiver 2021-2022 record, avec un super rebond. Le chiffre d’affaires (ventes + location) a progressé de 23% par rapport la saison 2018-2019, qui était alors la meilleure jamais réalisée par nos magasins en montagne. Nous avons pu mesurer à quel point les Français étaient attachés aux vacances aux sports d’hiver. Nous pensons aussi que la nouvelle population de non-skieurs, qui a découvert la montagne lors de la saison blanche du ski alpin, est revenue l’hiver dernier. Cette saison, les réservations sont encore très encourageantes. Pourtant, certains nous prédisaient qu’avec la réouverture des frontières et des vols moyens – long courriers, la destination montagne allait baisser. Ce n’est pas le cas à ce stade. Si l’avance sur l’hébergement -de l’ordre de +20% en octobre dernier- a un peu fondu, elle persiste à date sur toutes les semaines de la saison. Je pense que nous allons à nouveau battre des records !

Comment l’expliquez-vous, alors que les prix flambent et que le climat géopolitique est tendu ?
A.C. : Notre public est prêt à faire des sacrifices pour s’offrir cette semaine à la montagne l’hiver, très précieuse pour lui. J’ai aussi l’impression que la clientèle de séjour des stations de sports d’hiver est moins sensible à l’inflation que d’autres populations. Nous avons dû effectivement augmenter les prix de location de ski par exemple, de l’ordre de 8%, en raison de la hausse de nos charges sur certains postes. Les skis de nos parcs de location sont sensiblement plus chers à l’achat à cause de la hausse des coûts de matières premières. Idem pour les chaussures de ski, dont plusieurs éléments, fabriqués en Ukraine, ont dû être relocalisés. Enfin, la masse salariale de nos magasins a également augmenté car pour rendre attractifs nos métiers, nous devons revaloriser les salaires.

Combien d’ouvertures cet hiver pour le réseau montagne ?
A.C. : Là encore, nous sommes sur une saison record avec 16 nouveaux magasins, dont la particularité est d’offrir de belles surfaces. Il y a des créations et aussi des reprises de points de vente sous enseignes concurrentes. Nous comptons trois ouvertures à Ax-les-Thermes (une création et les rachats d’un ex Sport 2000 et d’un indépendant ), trois à Saint-Lary (rachats d’ex- Skiset), une aux Menuires (rachat d’un ex-Sport 2000), une à Sainte-Foy-Tarentaise ( rachat d’un indépendant historique de la station) , deux à Valmeinier (rachats d’un ex-Sport 2000 et d’un ex-Skimium), un à Val Thorens (rachat d’un ex-Go Sport), une création aux Carroz-d’Araches, une autre à l’Alpe d’Huez en collaboration avec Odalys, une à Lans-en-Vercors (rachat d’un indépendant), une ouverture d’un magasin de 500 m² à Plagne-Montalbert, où le front de neige a été complètement remodelé, et enfin une ouverture (création ) à Barcelonnette. Nous sommes ravis du dynamisme de nos adhérents qui sont en bonne santé. Ils ont confiance dans l’enseigne et accompagnent son développement. Notre objectif est que chacun d’eux détiennent 25% de part de marché à minima dans leur station.

Au-delà d’agrandir votre réseau, vous voulez des magasins plus grands. Pourquoi ?
A. C : Nous cherchons effectivement à agrandir les surfaces de nos magasins. Notre logique en station est d’avoir un vaisseau amiral entre 300 à 600 m², contre 250 m² aujourd’hui, et des satellites dans les différents quartiers. L’objectif est de faire plus de ventes bien évidemment, mais aussi d’accueillir dans nos points de vente des prestataires d’activités pour créer un bureau d’activités. Notre adhérent de Saint-Lary a expérimenté avec succès ce modèle de partenariats, créant un vrai pôle d’attraction dans ses commerces, aussi bien hiver que l’été. Ce format est notre vision d’Intersport à cinq ans en montagne.

Un projet en cohérence avec la signature d’un partenariat avec la plateforme digitale Alentour. Comment s’est-il noué ?
A.C. : C’est nous qui avons approché cette plateforme numérique lancée à la demande du gouvernement dans cadre du plan de relance du tourisme en septembre 2021, pour faciliter la distribution et la réservation des activités de loisirs en station. Pour nous, elle avait vraiment du sens pour commercialiser les activités de prestataires de services très hétérogènes et diffus. Pour nos magasins, leurs activités génèrent naturellement de la location et des achats. Il était donc logique de monter une offre de location de matériel avec Alentour. Celle-ci est entre 20 et 30% inférieure aux prix publics en magasin. À court et moyen terme, dans notre plan stratégique pour les cinq prochaines années, nous cherchons à diversifier l’activité de nos magasins pour travailler sur deux vraies saisons, voire même toute l’année avec le e-commerce. Alentour va dans le sens de l’histoire que nous voulons écrire.

Propos recueillis par Sophie Chanaron

Collecte du matériel de ski usagé

Cet hiver, certains magasins de sport de stations de montagne, toutes enseignes confondues, vont appliquer sur leur vitrine, une vitrophanie « Ici, demandez-nous conseil pour donner une nouvelle vie au matériel de sport et de loisirs usagé ». Cette campagne a été élaborée par la commission montagne de l’Union Sports & Cycles pour mettre en avant l’engagement écologique des détaillants d’articles de sport. Depuis la promulgation de la loi relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire (AGEC), l’USC et l’éco-organisme Ecologic déploient depuis janvier 2022, une nouvelle filière de gestion de la fin de vie du matériel de sport usagé. Les bacs de collecte de matériel usagé sont obligatoires uniquement pour les magasins de plus de 400 m² de surface de vente dédié aux articles de sports et loisirs (hors textile et chaussures). « Nos magasins compris entre 200 et 400 m² s’engagent à reprendre l’ancien matériel pour l’achat d’un nouveau », explique Arnaud Coppel. Le matériel récupéré sera stocké jusqu’au passage en fin de saison de la collecte des parcs locatifs usagés mise en place par l’USC et Ecologic.

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