© Martin Léger

Chamrousse, chapiteau grandeur nature

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Dimanche 2 août, la station de Chamrousse s’est transformée en chapiteau à ciel ouvert, avec la sixième édition du Festival Chamrousse en Piste, mêlant de multiples formes de spectacle « de rue » (cirque, théâtre, mime, déambulation…). Actumontagne a arpenté les pistes de la station, pour assister à quelques-uns des spectacles de l’édition 2015. Reportage.

Installée aux abords d’une petite clairière qu’on devine à peine depuis le chemin de randonnée menant au Lac Achard, une foule nombreuse regarde un homme habillé comme un clown mimer un prince charmant transformé en crapaud. Bienvenue à « Chamrousse en piste », un festival de spectacle « de rue ». Sauf qu’en guise de rue, les artistes expriment ici leur talent au beau milieu des pistes de ski, sur des scènes aussi bucoliques qu’éphémères.
Pour sa sixième édition, le Festival a remporté un franc succès, avec plus de 3000 spectateurs qui ont investi les pistes de Roche-Béranger (Chamrousse 1750), en couple, entre amis ou le plus souvent en famille. « On est monté spécialement de Grenoble pour la journée. Ça fait la quatrième fois qu’on assiste à ce Festival. On revient parce qu’on sait que ça fera plaisir à notre fille Julie. Voir ses yeux qui pétillent en admirant les numéros est notre plus grand bonheur. On connaît les pistes en hiver, c’est toujours intéressant de revenir ici à une autre saison et dans un autre contexte. Ce cadre naturel donne du charme supplémentaire au spectacle, qui n’aurait pas forcément la même saveur en ville », estiment Edith et Arnaud.

© Martin Léger

Pour les artistes aussi, évoluer dans ce cadre insolite présente de nombreux avantages. « Le spectacle qu’on présente sur le Festival – « Chaporte moi » – a été imaginé autour d’une rencontre qui intervient dans un parc. Autant dire que jouer dans un environnement naturel est parfait pour nous. Après, bien sûr, en extérieur, il y a toujours plus d’imprévus que sous un chapiteau. Par exemple, le vent peut engendrer quelques difficultés sur des numéros de jonglage, le sol n’est pas parfaitement régulier… Mais ça amène aussi davantage de proximité et de complicité avec le public, parce qu’il n’y a pas la barrière des projecteurs. Et puis généralement, les spectateurs arrivent à se mettre à notre place, ils comprennent parfaitement qu’il puisse y avoir quelques petits ratés imputables aux conditions climatiques », explique Perrine Levallois, de la compagnie grenobloise Commun Accord.

Thierry Nadalini, alias Fergoville, dans un numéro d’adresse avec sa corne de Tartarie © Martin Léger

Thierry Nadalini, alias « Fargoville, négociant en mystères », abonde dans le même sens : « La difficulté, c’est le sol irrégulier avec les cailloux, la forte luminosité ou encore le public davantage dispersé que dans une salle. Il faut faire des efforts pour avoir la voix qui porte. Mais c’est sûr qu’il y a un partage avec les spectateurs, on est vraiment dans l’instant présent. J’ai senti un public très motivé, patient, attentif et désireux de se laisser porter par l’aventure. » Une aventure qui a emmené les spectateurs en Inde, en Chine, au Bengale ou en Tartarie, à la découverte de numéros mêlant cirque, humour et magie, du bâton du diable au diabolo, en passant par des bols chinois (qui se remplissent à l’infini). Et tout ça en prenant un bain de soleil, avec les falaises du Vercors en arrière-plan ! C’est un euphémisme de dire que les spectateurs ont été conquis, à l’image de Danielle et Serge, un couple de retraités venus de Voiron : « C’était un spectacle de grande qualité, avec la verve, la dextérité et la communion avec le public, en particulier avec les enfants. C’est vraiment un beau cadeau que nous font les artistes et l’office du tourisme avec ce Festival Chamrousse en Piste. Ça permet d’aller se faire une petite randonnée sans se fatiguer, grâce aux pauses pendant qu’on regarde les spectacles. »
Entre deux représentations, on a aussi pu croiser Jack et Rosa, nouveaux pauvres (ou anciens riches, c’est selon) déambulant dans les rues sur les pistes de Chamrousse pour « amener de la culture là où il n’y en a pas, à des gens un peu bruts de décoffrage, et aussi leur apprendre des techniques d’élégance, de savoir-être et de savoir-vivre ». Habillés à la façon d’aristocrates du 19ème siècle, ces clowns de rue manient aussi bien le second degré qu’ils sont gauches avec leurs vieux skis droits, qui nous rappellent l’époque bénie des Bronzés font du ski.

Jack & Rosa, les skieurs – aristos déchus © Martin Léger

Dans un style plus académique et surtout plus sérieux, Franck Lecoutre, directeur de l’office du tourisme de Chamrousse, dresse un bilan très positif de cette 6ème édition de Chamrousse en Piste : « Nous avions une programmation très variée qui nous a permis de beaucoup voyager, du Québec à la Russie en passant par l’Asie Centrale. Il y en avait aussi pour tous les goûts, avec aussi bien du cirque que du mime ou de l’humour. Autant les premières années, les spectateurs étaient là un peu par hasard, autant désormais ils sont très nombreux à venir spécifiquement à Chamrousse pour ce Festival. Ils essaient de caler leur semaine de vacances de façon à être sur la station pendant Chamrousse en piste. Jusqu’à présent, nous alternions les sites (Recoin, Roche-Béranger ou l’Arselle) d’une année sur l’autre. A l’avenir, on va peut-être réfléchir à mettre des spectacles sur tous ces sites, avec un circuit de randonnée permettant de relier les différentes scènes. »

Martin Léger

Sandrine Etchessahar et Franck Lecoutre, présidente et directeur de l’office du tourisme de Chamrousse © Martin Léger

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