Pascal Zellner en consultation lors d'une expédition dans l'Himalaya ©Ifremmont

La médecine à l’assaut des cimes

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L’exposition Traces du futur, présentée à la Maison des Jeux olympiques d’hiver à Albertville pour ses 20 ans, est l’occasion de se pencher sur les atouts de la télémédecine pour la médecine de montagne. Les explications du Dr Pascal Zellner, urgentiste au SAMU 73 et himalayiste chevronné.

actumontagne : Vous êtes président de l’Ifremmont, l’Institut de formation et de recherche en médecine de montagne, pionnier sur la télémédecine appliquée à la montagne. Quelle est sa vocation ? 
Pascal Zellner : Fondé à Chamonix en 2005, l’Ifremmont est un pôle d’excellence européen en médecine de montagne, rassemblant les acteurs du secours du Pays du Mont-Blanc. Il vise à améliorer les conditions de la pratique de la médecine en montagne. Cet institut est financé par des fonds européens, les collectivités locales, et à hauteur de 30%, par ses fonds propres. Ceux-ci sont générés par les formations que l’Ifremmont dispense auprès des médecins et des expéditionnaires, et des services qu’il assure ensuite auprès d’eux.

actumontagne : La télémédecine est-elle une réponse au problème de la fracture sanitaire qui concerne de nombreuses zones de montagne ?
PZ : Elle peut vraiment améliorer les conditions de travail du corps médical en milieu rural et en montagne. Elle permet aussi de recréer du lien social entre un patient et son médecin, en facilitant la communication entre eux et le suivi médical. Grâce au téléphone et à Internet, le médecin peut faire un premier diagnostic, mais aussi effectuer un suivi médical à distance, sans hospitalisation. L’Ifremmont pratique cela quotidiennement avec les alpinistes et les expéditionnaires ayant souscrit à ses services (SOS Mal des montagnes, SOS Gelures).  On peut tout à fait transposer ce dispositif éprouvé dans le secours en montagne, à la médecine de famille en zone de montagne. Et par exemple envisager le maintien à domicile d’une personne âgée isolée qui ne sera plus obligée de se déplacer pour avoir accès à une médecine de pointe. A la clé, bien sûr, des économies de l’ordre de 20 à 25% par rapport à une hospitalisation intra-muros.

actumontagne : L’Ifremmont vient de développer un appareil de surveillance cardiaque portatif particulièrement ergonomique, déjà testé en haute montagne. De quoi s’agit-il ?
PZ : Nous avons développé avec la société grenobloise Sensaris, spécialiste de l’interconnexion d’objets mobiles, un prototype pour mesurer à distance la fréquence cardiaque et la saturation en oxygène d’une personne. Relié à un ordinateur et à un téléphone portable, il peut envoyer à un médecin grâce à des capteurs biomédicaux Bluetooth des informations sur son état cardiaque. Il permet d’anticiper par exemple un éventuel infarctus. Cet appareil pourra convenir aux professionnels de la montagne comme au grand public.

actumontagne : Quels sont les freins à l’essor de la télémédecine en France ?
PZ : Il n’y a pas encore de modèle économique, alors que nous avons les outils et depuis 2010, un cadre réglementaire. Il nous faut trouver ce modèle au sein de notre système de santé pour que la télémédecine se développe.

Propos recueillis par Sophie Chanaron

Photos ©Ifremmont

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