Rock The Pistes, Jazz à Val Thorens, Live in Tignes by Francofolies, Musilac Mont-Blanc et en attendant l’an prochain Tomorrowland à l’Alpe d’Huez, les stations se piquent de musique pour booster leur fin de saison et rajeunir leur clientèle. Retour sur ce phénomène avec Nicolas Durochat, directeur de l’office de tourisme de la Vallée de Chamonix, co-organisateur de Musilac Mont-Blanc, dont la première édition s’est achevée il y a quelques jours.
Actumontagne : Bilan de cette première édition co-produite par l’office de tourisme de la Vallée de Chamonix, Rémi Perrier Organisation (Musilac à Aix-les-Bains) et Mont-Blanc Médias ?
Nicolas Durochat : Nous avons eu une première édition assez exceptionnelle ! Si on cumule les entrées payantes, les entrées gratuites, les personnes présentent sur les deux plateformes VIP, on frôle les 40 000 festivaliers dès la première édition. C’est très certainement l’effet co-branding Chamonix-Musilac. Nous nous étions fixé comme objectif de construire un événement festif et populaire par et pour les habitants de la vallée de Chamonix. Je crois que nous avons réussi ! La vocation de l’événement, construit autour du concept rock & ride, était bien sûr également d’être un porte-voix de la destination sur le ski de printemps et sur son environnement exceptionnel. Lorsque Ben Harper a dit que ce festival offrait la plus belle scène au monde, je l’ai écouté avec beaucoup d’émotion, car je l’ai annoncé depuis le début !
Actumontagne : La vocation du festival est en partie de relancer la fréquentation de la fin de saison. Challenge réussi ?
Nicolas Durochat : C’est difficile d’évaluer la fréquentation de la Vallée de Chamonix liée à la manifestation. L’impact réel de ce genre d’événement sur l’économie touristique se mesure de toute façon au bout de trois ou quatre ans. Mais, avant l’arrivée du premier festivalier, rien qu’avec l’organisation (équipes techniques, production, artistes, sécurité…), nous comptabilisions déjà 2500 nuitées. Nous avons enregistré par ailleurs un taux d’occupation sur cette semaine-là supérieur de 15% par rapport à la période équivalente en 2017, en hôtellerie. Et de façon non empirique, j’ai également observé que beaucoup de gens dans les rues de Chamonix portaient le bracelet cashless du festival. C’est un indice ! Sur tout ce qui est consommation sur place (restauration, boisson, objets), nous n’avons pas encore les chiffres.
Actumontagne : Les gros festivals « co-brandés » se multiplient en station sur cette période de la fin de saison. Y-a-t-il de la place pour tous ?
Nicolas Durochat : Tous ces gros festivals Rock The Pistes (dans Les Portes du Soleil), Live in Tignes by Francofolies, Jazz à Val Thorens, le futur Tomorrowland à l’Alpe d’Huez et Musilac Mont-Blanc sont différents. Sur le modèle classique de production d’un gros festival avec entrées payantes, Musilac Mont-Blanc est le seul et le premier pour l’instant. Nous nous distinguons par un modèle équivalent à Musilac Aix-les-Bains ou à un autre grand festival d’été. Et c’était aussi ça notre pari, montrer que le public allait adhérer. Il n’y a pas de concurrence entre tous ces événements. C’est une émulation collective. Toute cette dynamique des festivals, qui infuse actuellement, sert toutes les stations de ski françaises. Nos destinations ont toutes un problème de renouvellement de la clientèle des skieurs qui vieillit. Les festivals pop-rock et de musiques actuelles constituent le meilleur levier pour amener les jeunes à la montagne.
Actumontagne : Musilac Mont-Blanc a suscité un fort engouement du côté des acteurs du territoire et des bénévoles. Un autre motif de satisfaction sans doute ?
Nicolas Durochat : Absolument. Une quarantaine de personnes de l’office a été mobilisée pendant la manifestation. Plus d’une trentaine d’entreprises de la vallée a été concernée par le festival ainsi que les collectivités locales. On estime à 700 le nombre de personne bossant sur le festival chaque jour ! Et puis encore un grand bravo aux 300 bénévoles, à 70% originaires de la vallée, symboles de la tradition d’accueil de notre vallée. Ils n’ont des postes pas toujours faciles. Je me félicite que sur les réseaux sociaux, ils aient été largement salués. Rendez-vous du 26 au 28 avril 2019 pour la deuxième édition, retardée d’une semaine par rapport à cette année, en raison du week-end de Pâques et pour lequel notre destination fait traditionnellement le plein.
Propos recueillis par Sophie Chanaron