C’est au Musée dauphinois que Le Fonds d’aide au cinéma de montagne (Fodacim) a organisé sa cérémonie du 5e Grand Prix 2023. Cet organisme, créé en 2011 par la Mission Montagne de la ville de Grenoble et Yves Exbrayat, son président, a aidé au financement de plus de 180 films depuis.
Son aide, de 2500 euros, qu’il accorde à une quinzaine d’entre eux sélectionnés chaque année, est très recherchée par les réalisateurs, car elle permet de boucler leur budget, aux alentours de 10 000 euros en moyenne, souvent ric-crac, pour financer le mixage, l’achat d’archives, l’enregistrement de voix…
Au-delà du coup de pouce financier, le Fodacim est devenu au fil des ans, un centre de ressources précieux pour les réalisateurs, son site Internet étant pour eux une véritable boîte à outils, rappelle Yves Exbrayat. Ce dispositif ouvre également des portes en terme de diffusion. Son expertise est par ailleurs régulièrement sollicitée, comme dernièrement par la chaîne Ushuaïa pour participer à l’appel à projets avec le Chamonix Film Festival dans le cadre du lancement du prix du Film Ushuaïa TV Montagnes & Environnement. Doté d’une très belle somme (17 500€), le projet lauréat sera révélé le 13 juin prochain lors de l’ouverture du Chamonix Film Festival (13-18 juin).
Dans la sélection 2022, le jury du Fodacim, composé d’un représentant de ses donateurs* a récompensé deux films : Trilogies de Christophe Raylat qui a reçu le Grand Prix, et Le Pari de Baptiste Deturche, lauréat du Coup de cœur de cette cinquième édition. Deux documentaires très différents, l’un sur l’alpinisme, l’autre sur les galliformes de montagne, qui montrent toute la diversité de ce qu’on appelle le cinéma de montagne. Un genre du 7e art qui compte de nombreux festivals en France (Festival international du film de montagne d’Autrans, les Rencontres Ciné-Montagne de Grenoble, Montagnes en Scène, Rencontres Montagne et sciences, High Five Festival…) et que l’on peut découvrir sur les chaînes de télévision thématiques, mais toujours aussi rarement sur les grandes chaînes généralistes, en dépit de la qualité croissante des œuvres ces dernières années en terme de réalisation technique et d’écriture.
Les deux films lauréats 2023
Trilogies raconte les ascensions début 2022 par un trio d’alpinistes français, Benjamin Védrines, Léo Billon et Sébastien Ratel, de trois sommets mythiques des Alpes, les Grandes Jorasses, l’Eiger et le Cervin, par leur face nord et leur voie la plus directe (directissime pour les initiés). Au-delà de l’exploit sportif, le documentaire de Christophe Raylat, journaliste de montagne dans une autre vie, créateur de magazines, ex-directeur des éditions Guerin-Paulsen, aujourd’hui un réalisateur de documentaire reconnu pour les chaînes Arte, National Geographic, France 2 ou UshuaïaTV, montre les émotions des trois alpinistes trentenaires. Il inscrit cet enchaînement hivernal réalisé en un temps record -un mois-, dans un contexte historique, à l’appui de nombreuses images d’archives. Notamment celles sur Christophe Profit réalisées en 1987 par Nicolas Philibert, alors réalisateur de films de montagne, auteur du fameux documentaire sur une classe unique en Auvergne Etre ou avoir (2002) et qui a décroché, en février dernier l’Ours d’Or, au festival allemand de la Berlinale, pour son film Sur l’Adamant.
Dans Le Pari, le cinéaste animalier Baptiste Deturche braque sa caméra sur cinq espèces de galinacées ou « poules » de montagne menacées : le tétras-lyre, le grand tétras, le lagopède alpin, la gélinotte des bois et la perdrix bartavelle. Pendant un an, il a filmé ces champions du camouflage en Haute-Savoie et dans les Pyrénées. Un documentaire pour sensibiliser le public à la fragilité de ces oiseaux sauvages et à la nécessité de les préserver en respectant les milieux dans lesquels ils vivent, proches des activités humaines. Le film rencontre un grand succès depuis sa sortie au cinéma (calendrier de projections ici), et dans les écoles où Bapstiste Deturche intervient à la demande. Son format (moins d’une heure) est particulièrement adapté au public des jeunes, unanimement emballés à l’issue de la projection par ce monde méconnu que le réalisateur haut-savoyard donne à voir.
*la Ville de Grenoble, la Région Auvergne-Rhône-Alpes, le Département de l’Isère, la BP AURA, la FFCAM, Au Vieux Campeur, Télé Grenoble, le Syndicat des guides de montagne, la Cinémathèque d’image de montagne, plusieurs festivals ou encore Alpine Mag