Parmi les 38 films en lisse pour le Grand Prix du film documentaire du 32e Festival du Film de montagne d’Autrans, le jury formé par la journaliste Zoé Lamazou, la réalisatrice Anne Lapied, la coordinatrice du Trento Film Festival Rosanna Stedile, le slackliner Julien Millot et le chef opérateur Thierry Machado l’a donc décerné « à l’unanimité », au film du réalisateur italien Alfredo Covelli, With real stars above my head (2014). Un Ovni dans le cinéma de montagne pour reprendre le qualificatif de Thierry Machado ! Ce film lent, décalé, empreint de délicatesse et de grâce, raconte la « collision » entre deux mondes. Celui de nonnes bouddhistes à la retraite et d’Alfredo, un homme atteint par une maladie neurologique, parti se perdre dans l’Himalaya, avant que ses jambes ne le portent plus. « Cette collision n’a pas généré de la haine, de l’incompréhension ou encore de l’intolérance », constate le chef opérateur, « mais de la grâce, de la poésie, de la douceur, de l’émotion et de l’humour ». Notamment dans cette scène cocasse et magnifique, où Alfredo fait chanter à trois nonnes hilares, le refrain de Bella Ciao, le fameux chant de révolte italien, hymne à la résistance. Les scènes d’écoute entre Chamba et Alfredo sont elles aussi lumineuses, dans les regards et les silences qui en disent long. « C’est un vrai regard d’auteur, libre. A travers lui, le cinéma de montagne sort des sentiers battus, il nous bouscule ». Ici, comme d’ailleurs dans Par delà les hauteurs de Bruno Peyronnet, à qui le jury a voulu attribuer une mention spéciale -ainsi qu’à Metronomik de Vladimir Cellier-, la montagne est un lieu qui révèle les hommes, leur sensibilité et leur sens du partage. Sans artifice ni effet spectaculaire.
