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Les Isérois dans la Grande Guerre

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A l’arrière comme au front, les Isérois dans la Grande Guerre, ainsi s’intitule la nouvelle exposition temporaire du Musée dauphinois, à Grenoble. Réalisée en partenariat avec les Archives départementales et avec la collaboration du Musée d’Allevard et  du Musée Matheysin, elle s’inscrit dans le cadre des commémorations nationales du Centenaire du déclenchement de la Première Guerre mondiale.

Musée dédié au patrimoine régional et aux hommes, le Musée dauphinois a pris le parti de s’intéresser au quotidien des habitants de l’Isère pendant ce conflit, qui a fait 1,5 millions de morts côté français, dont 18 000 soldats originaires du département. « L’Isère n’a pas été le théâtre d’affrontements, mais a été celui de la misère, liée à ce grand désastre », commente Jean Guibal, directeur du musée.

2 ‐ Familles et proches des mobilisés au moment de leur départ en gare de Vienne (Isère), 1914. Coll. Musée dauphinois

« En recherchant des études et des données pour monter cette exposition, nous avons constaté combien l’histoire de la Première Guerre mondiale dans notre région avait été peu étudiée, éclipsée par celle de la Seconde, objet de nombreux travaux d’historiens et de chercheurs », raconte Olivier Cogne, attaché de conservation et chargé d’expositions au Musée dauphinois. Et pourtant, la Der des Der a profondément marqué et transformé la vie économique, sociale et politique des Isérois. Le parcours le montre très bien en balayant de nombreux thèmes. Parmi eux, la forte emprise militaire sur Grenoble, ville de garnison, constellée de casernes et qui, en 1914 compte 10 000 militaires pour 70 000 habitants. Le rôle sanitaire du département, est également bien décrit. Plus d’une centaine d’hôpitaux militaires temporaires chargés d’accueillir les blessés du front ont été comptabilisés. Ils sont aménagés dans des bâtiments publics ou privés réquisitionnés.

Tournage des bombes aux Établissements Bouchayer‐et‐Viallet, Grenoble, 1914‐1918. Coll. Archives départementales de l’Isère

De l’industrie civile à l’industrie de guerre

L’exposition évoque aussi largement l’impact du conflit sur l’industrie grenobloise, alors florissante, grâce à l’hydroélectricité. « Elle va être mise être mise au service de la défense nationale », souligne Olivier Cogne. « La construction mécanique et la métallurgie vont produire des obus et des munitions, l’industrie textile des uniformes ». La guerre donne même naissance à l’industrie chimique à Pont-de-Claix et à Jarrie pour produire des gaz de combats.

Autre thème sur lequel l’exposition s’attarde, celui des femmes. En 1914, un Français sur deux vit à la campagne. Comme partout les Iséroises remplacent les hommes partis au front dans les champs, mais aussi dans les hôpitaux, dans les usines, notamment celles d’armement, qui tournent à plein régime.

A l’arrière du front, la propagande va bon train, muselant les libertés, en premier lieu la liberté d’expression, comme en témoignent les affiches et toute une littérature, retenues par les auteurs de l’exposition.

Photos, films, affiches, correspondances, objets rythment le parcours. A noter le couloir du temps qui évoque les événements majeurs de la période : le génocide arménien, passé sous silence par la presse locale, la Révolution russe ou encore la grippe espagnole.

Entamé en évoquant la guerre de 1870, ce parcours mémoriel, qui entend redonner un sens au sacrifice de 18 000 Isérois morts au champ d’honneur, s’achève sur la réflexion suivante : l’humanité connaîtra-t-elle un jour la paix ? Les sceptiques en douteront au regard de la répétition des conflits dont une carte démontre l’implacable enchaînement depuis 1945. A quelques jours des élections européennes, les Europhiles rappelleront que les guerres ne sont pas une fatalité, comme en témoigne l’Union européenne en paix depuis sa fondation à l’issue de la Seconde guerre mondiale.

S.C.

Autour de l’exposition

Des visites guidées, notamment le 11 mai prochain de 11h à 12h ; un ouvrage collectif illustré de nombreuses images inédites, sous la direction de Jean Guibal, Olivier Cogne et Hélène Viallet ; une présentation en ligne www.musee-dauphinois.fr un ouvrage aux Éditions Le Dauphiné Libéré dans la collection des patrimoines « 1914-1918 entre Alpes et Rhône, A l’arrière comme au front », de l’historien Gil Emprin ; des projections d de films en partenariat avec la Cinémathèque de Grenoble, des spectacles

 

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