Le Musée dauphinois propose jusqu’au 26 juin prochain, une exposition photographique au titre volontairement sibyllin, » le monde n’est pas un panorama « . Y sont rassemblés quelque soixante tirages originaux de montagne du début du XXe siècle, issus de la photothèque de l’institution bientôt centenaire, et sélectionnés par le photographe Jean-Pierre Bonfort.
Riche de plus de 150 000 documents, la photothèque du Musée dauphinois est une mine d’or pour qui s’intéresse à la photographie de montagne. Constitué principalement par les collections du fondateur du musée, Hippolyte Müller, celles de l’Institut de géographie alpine et de Paul Helbronner, le fonds iconographique du musée a fait pendant deux ans, l’objet d’une exploration par le photographe de montagne, Jean-Pierre Bonfort. » J’étais curieux de connaître ce qu’il contenait et après avoir également consulté les fonds photographiques de la bibliothèque et des archives départementales de l’Isère, j’ai eu l’idée de proposer un travail à partir de ces recherches. Mon idée, sortir ces photos de leur rôle documentaire pour ne retenir que les plus belles à mes yeux et les considérer comme de véritables oeuvres d’art « . Dans le fonds du Musée dauphinois, cinq photographes ont retenu son attention : Hippolyte Müller, ethnologue, Raoul Blanchard, géographe fondateur de l’Institut de géographie alpine, Jules Blache, lui aussi géoghaphe, Paul Helbronner, polytechnicien alpiniste et géodésien et enfin, René Rivière, géographe peu connu mais qui a fait don de ses photos à l’Institut de géographie alpine. Leurs points communs ? Etre des hommes de sciences et non pas des artistes, et avoir pris des photographies de montagne au début du XXe siècle. Parmi celles-ci, Jean-Pierre Bonfort a sélectionné une soixantaine de tirages originaux, tous inédits, rassemblés sous l’intitulé » Le monde n’est pas un panorama « .
Un titre intriguant emprunté à Schopenhauer et qui, ici, laisse entendre que la photographie n’est pas la réalité mais bien le fruit d’une subjectivité, d’une sensibilité particulière. Pour laisser le visiteur libre de les apprécier, le photographe n’a pas souhaité légender les clichés exposés. « A-t-on besoin d’explication sur la peinture pour être touché par un Renoir « , demande-t-il ? A ceux qui seraient déroutés par l’absence totale d’indication, le Musée a consenti à numéroter chaque visuel, correspondant à une légende lapidaire listée sur un document disponible à l’accueil.
Un conseil. Visitez une première fois l’expo sans ces explications pour ne pas priver ces iconographies d’une part de leur mystère et finalement brider votre imaginaire. Ensuite, si l’envie de savoir où et quand ont été prises ces photos ne vous lâchent pas, alors, seulement, reporter vous aux légendes. Vous pouvez aussi faire l’acquisition du catalogue éponyme de l’exposition dans lequel Jean-Pierre Bonfort explique son parti pris*.
S.C.
*Le monde n’est pas un panorama Jean-Pierre Bonfort Editions Cent pages 30€