© Museo Nazionale della Montagna

Rencontre avec Aldo Audisio, directeur du musée national italien de la montagne

Les riches collections du plus important musée dédié à la montagne alimentent régulièrement des expositions aux quatre coins de la planète. C’est le cas de l’iconoclaste exposition 2015 de la Maison des jeux olympiques d’hiver à Albertville, Imagine ta montagne, à découvrir à partir du 10 février prochain.

Actumontagne : Comment est né le musée plus que centenaire que vous dirigez depuis 36 ans ?
Aldo Audisio : C’est le Club alpin italien, créé en 1863, soit onze ans avant le CAF, qui est à l’origine de la création du Musée national de la montagne, en 1874, sur le mont des Capucins à Turin. Un belvédère exceptionnel pour observer les sommets des Alpes. De cette colline dominant le Pô, le panorama s’étend sur 450 km, du mont Viso au mont Rose. A l’époque, le musée n’est constitué que d’un pavillon en bois équipé d’un téléscope pour suivre, entre autres, la conquête du mont Viso. C’est en 1942, qu’il devient musée national. Il a été entièrement réorganisé en 2005, juste avant les JO de Turin.

©Museo Nazionale Della Montagna

Actumontagne : Peut-on dire que c’est le musée de la montagne le plus important au monde ?
AA : Oui, incontestablement. Il est à la fois le plus ancien et celui qui dispose du fonds le plus riche, à savoir 250 000 pièces, dont 160 000 images sur les thèmes des explorations, de l’alpinisme et des voyages, ayant pour théâtre aussi bien les Alpes, l’Himalaya ou les Pôles. Le musée abrite plus de 10 000 affiches de cinéma et 8000 films. Des collections constituées par des achats dans le monde entier, des dons et des donations.

Actumontagne : Comment expliquez-vous qu’en Italie la montagne ait un musée national, et pas en France ?
AA. Je me l’explique mal ! Cela vient-il peut-être du fait qu’en France, le CAF n’a jamais été porteur de la dimension culturel de la montagne, plus inscrit dans une ligne sportive. Contrairement au CAI. Il faut dire qu’en Italie, entre les Alpes et les Apennins, la montagne est partout sur le territoire. Elle fait partie de notre quotidien. Le musée est aujourd’hui un pôle culturel reliant entre eux tous les aspects de la montagne, un trait d’union social et culturel entre la ville et la montagne. Pour être plus représentatif de son contenu, il devrait d’ailleurs s’appeler le Musée national des montagnes, car, comme le montrent notre exposition permanente et nos expositions temporaires, il y a bien sûr plusieurs montagnes.

Actumontagne : Les collaborations scientifiques avec d’autres musées sont fréquentes, et notamment avec la Maison des JO d’hiver ?
AA : Nous avons de nombreux projets de coopération, notamment européens, avec les principaux musées de la montagne, mais aussi dernièrement en Bolivie. Nous travaillons en réseau. Le musée prête aussi régulièrement ses expositions temporaires ou des pièces de ses collections. Les faire vivre, les diffuser au grand public, en les mettant à disposition d’autres institutions, cela fait partie de notre vocation. Avec Claire Grangé, la directrice de la Maison des jeux olympiques d’hiver à Albertville, les relations sont anciennes et régulières. Nous avons par exemple coproduit l’exposition Étoiles olympiques, en 2008-2009. Consacrée au cinéma et aux champions, elle est née pendant les Jeux de Turin, lors d’une rencontre entre le directeur du Musée olympique de Lausanne, Claire Grangé et moi. Pour sa prochaine exposition, Imagine ta montagne, le musée prête plusieurs pièces, dont des jeux de sociétés sur la montagne, extraits d’un fonds qui en compte 550 !

Propos recueillis par Sophie Chanaron

Imagine ta montagne

Carte blanche à l’imagination, l’exposition temporaire 2015 de la Maison des Jeux olympiques, va entraîner ses visiteurs vers les frontières du réel. Des montagnes transformées en dalmatiens, des femmes qui deviennent des boules de neige à cheval, des alpiniste-danseurs, des torrents gelés où l’eau coure quand même… Ces représentations de la montagne, tantôt humoristiques, tantôt poétiques toujours décalées montrent des univers inattendus où le visiteur est guidé par de grands témoins : Gilles Chappaz, réalisateur et journaliste, Jean-Luc Traïni, photographe, Yves Ballu, écrivain, Alain Arvin-Bérod, philosophe du sport, Jean-François Lyon-Caen, spécialiste de l’architecture de montagne, Aldo Audisio, conservateur du Musée de la Montagne, et enfin le champion olympique Edgar Grospiron, qui slalome par monts et par jeux.
Une expo réalisée grâce aux collections du Museo nazionale della Montagna de Turin (Italie), à la collection d’Yves Ballu (Grenoble) et à l’inventivité des Suisses Plonk et Replonk.

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