L’hiver dernier, avec 52 millions de journées-skieurs vendues, la France a perdu le leadership du classement mondial des destinations neige. Alors au salon Grand Ski 2017, à Chambéry, mission reconquête de la première place pour les stations tricolores avec l’invitation de 460 « T.O. » originaires des cinq continents.
C’est dans une ambiance hivernale de rêve -froid, soleil et sommets enneigés-, propice aux vacances à la montagne, que le salon Grand Ski s’est déroulé à Savoie Expo à Chambéry. Organisé par Atout France et ses partenaires, ce salon est l’un des temps forts de la montagne française conquérante. Avec près de 9 milliards de chiffre d’affaires et 120 000 emplois, comme l’a reprécisé Charles-Ange Ginésy, président de l’Association Nationale des Maires des Stations de Montagne (ANMSM), elle pèse effectivement lourd. « Lors de la conférence annuelle du tourisme, il a bien été rappelé que la montagne hivernale est cruciale et prioritaire pour la destination France, et l’économie touristique toute entière », a souligné Christian Matéi, directeur général d’Atout France.
Mais, la concurrence est vive. La preuve, l’an dernier, la France s’est fait ravir la première marche du podium des destinations neige dans le monde par les Etats-Unis. Grand Ski est donc l’occasion pour les acteurs de la montagne française de faire valoir leurs atouts auprès des principaux prescripteurs mondiaux de séjours touristiques, 463 originaires de 56 pays cette année. Près de 10 000 rendez-vous d’affaires se sont déroulés sur les deux jours, sans compter une vingtaine d’Eductours dans les stations qui déroulent le tapis rouge à leurs invités.
Aux côtés d’Atout France, France Montagnes, l’ANMSM, la Région Auvergne Rhône-Alpes,Savoie Mont Blanc, la CCI Savoie, Chambéry… oeuvrent ensemble à la promotion de la montagne française pendant ces deux jours de salon avec « l’objectif de fidéliser les 2,5 millions de clients étrangers et d’en recruter d’autres pour compenser l’effritement de la clientèle française », indique Charles-Ange Ginesy.
Grand Ski est principalement la vitrine de l’offre haut de gamme des stations tricolores. Celle que les grands tour-opérateurs internationaux ciblent prioritairement. Le salon accueille donc toutes les stations premiums françaises, les établissements de luxe, les prestataires d’activités les plus variées en mesure de concocter des séjours exceptionnels dans nos massifs.
Cependant, les stations de taille plus modestes ont elles aussi leur carte à jouer. Elles sont d’ailleurs de plus en plus présentes au salon chambérien. Avec une offre complémentaire pertinente, à l’heure de l’émergence de nouvelles clientèles ou de clientèles fidèles plus regardantes sur les tarifs, à l’image des Britanniques, dont la livre sterling s’est effondrée face au dollar et à l’euro.
Pour sécuriser le ski sur leur domaine, argument choc auprès des prescripteurs de séjours internationaux, elles peuvent compter, en Auvergne-Rhône-Alpes, via le plan montagne, à des aides publiques pour s’équiper ou renforcer leur réseau de neige de culture. Le taux d’équipement des stations tricolores est en moyenne de 30%, quand chez nos voisins autrichiens, principaux concurrents, il s’élève à 70%, et dépasse même les 80% pour les Américains. L’an dernier, une trentaine de stations rhônalpines ont ainsi touché des subventions dédiées à la neige de culture. « Cette année, tous les dossiers reçus seront pris en compte, car après études, toutes les stations en demande sont vulnérables à la neige, nous les aiderons jusqu’à épuisement des fonds que nous aura attribués Laurent Wauquier (ndlr : président de la Région) », a promis Gilles Chabert, Monsieur Montagne à la Région Auvergne-Rhône-Alpes. En Provence-Alpes Côte d’Azur aussi des aides vont venir aider les stations à se convertir en station de montagne, à la fois multiactives, digitale et respectueuses de l’environnement, via le contrat « Smart Mountain », en partenariat avec les départements.
Garantir l’enneigement n’est pas le seul argument déterminant pour l’attractivité de la montagne française. On a beau avoir les plus beaux domaines skiables, les établissements les plus confortables et connectés du monde, la qualité de l’accueil, le sourire, la « convenience », comme disent les Anglo-Saxons, pèsent de plus en plus dans la balance au moment de choisir une destination de vacances. « En France, il faut améliorer le parcours client », insiste Gilles Vanheule, directeur de l’office de tourisme des 2Alpes. « L’offre est encore trop dispersée ». Or, aujourd’hui, les clients internationaux, notamment asiatiques, qui sont les relais de croissance pour la montagne française, avec près de 40 millions de skieurs chinoix attendus en 2022, selon les experts, sont des adeptes du tout compris. D’où le succès du Club Med, de plus en plus prisé par la clientèle internationale, qui va ouvrir un village par an en montagne d’ici à 2020, mixe entre création et rénovation d’anciens établissements.
Grand Ski restera-t-il à Chambéry ?
Josiane Beaud, 1ère adjointe de Chambéry et vice-présidente de Chambéry Métropole, a fait savoir au patron d’Atout France que la commune souhaitait continuer à en être la ville hôte, au-delà de 2018. Les candidatures sont désormais ouvertes pour les villes désireuses d’accueillir le salon dans leurs murs. Lyon, Grenoble et Annecy l’ont déjà reçu. Nice avait candidaté. De nombreux critères entrent en jeu, comme les capacités et la qualité d’hébergement, la proximité d’un aéroport international, le réseau de transports ou encore la présence d’un bon traiteur pour régaler comme il se doit au pays de la grande cuisine, les tour-opérateurs ! Le nom du candidat sera annoncé à Grand Ski 2018.