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L’Afrat valorise les ressources humaines de la montagne

Fondée par l’ancien sénateur-maire d’Autrans, Jean Faure, en 1965, l’Afrat, Association pour la formation des ruraux aux activités de tourisme, a 50 ans cette année. L’occasion de faire, avec son directeur actuel, Olivier Saint-Aman, un point sur cet outil de développement au service des territoires ruraux et de montagne, basé à Autrans depuis 1967.

Actumontagne : Comment se porte l’Afrat, 50 ans après sa création ?
Olivier Saint-Aman : Très bien ! C’est vrai qu’elle a rencontré des difficultés structurelles au cours de son histoire, notamment au moment de l’arrêt des subvention de fonctionnement lié à la décentralisation ou lors de la modification de la procédure des appels d’offres qu’elle n’avait pas anticipée. Jean Faure, notre président, a permis de sauver l’organisme. L’Afrat a dû s’adapter et se moderniser. En 2010, son chiffre d’affaires a passé le cap du million d’euros. Cette année, il s’élèvera à 1,6 million d’euros.

Actumontagne : Aujourd’hui, quels sont ses domaines d’action ?
OSA : L’association est organisée autour de deux pôles. Le premier, historique, autour de la formation et l’accompagnement du développement des territoires, et le second, depuis la fin des années 2000, autour de l’hébergement et la restauration. Ce pôle nous permet de faire vivre notre patrimoine immobilier, le Manoir aux Lauzes et nos équipements de restauration. C’est un capital précieux pour l’Afrat. Grâce à lui, nous pouvons instaurer un rapport plus équilibré avec les banques. Il génère surtout de la trésorerie, en accueillant des classes vertes, les stagiaires, mais aussi de séminaires d’entreprises ou de mariages. Cette activité demeure secondaire, car l’Afrat n’a pas vocation à devenir un centre de vacances !

Olivier Saint-Aman, directeur de l'Afrat depuis 6 ans

Actumontagne : Dans l’univers de la formation, l’Afrat est plutôt un organisme original, non ?
OSA : Absolument ! L’association n’est pas un organisme de formation de masse. Elle propose une pédagogie active et individualisée. En fait, on construit la formation en fonction du public. Et puis l’Afrat, c’est bien plus qu’un centre formant aux métiers du tourisme et de la montagne, c’est un véritable outil de développement au service des territoires ruraux et de montagne.

Actumontagne : En 50 ans, près de 40 000 stagiaires sont passés par l’Afrat. Leur profil diffère-t-il de celui des premiers d’entre eux ?
OSA : Au départ, l’Afrat accueillait principalement des agriculteurs. Aujourd’hui, les stagiaires viennent de tous les horizons. Beaucoup d’entre eux sont en reconversion, ingénieurs, avocats, ou récemment une hôtesse de l’air… Tous viennent nous soumettre un véritable projet de vie. Ils choisissent l’Afrat parce qu’ils savent qu’ils seront suivis, qu’il y aura beaucoup d’échanges entre eux et notre équipe pédagogique spécialisée. Les échecs dans les projets sont d’ailleurs très minoritaires.

Un beau parterre d'élus locaux autour de Jean Faure à Autrans, pour les 50 ans de l'Afrat ainsi qu'André Vallini, secrétaire d'Etat en charge de la réforme territoriale

Actumontagne : En un demi-siècle, l’Afrat s’est aussi internationalisée. Un mouvement qui va continuer ?
OSA : Oui. Au départ, le rayon d’action de l’Afrat était circonscrit au Vercors, puis il s’est élargi à la France, et depuis une vingtaine d’années, au monde, à l’image de nos actions en Arménie autour du lac Sevan, avec les Gîtes de France, ou autour du sentier d’Abraham, itinéraire de randonnée entre Jéricho et Hébron, en Palestine. Un énorme chantier entamé en 2013, en association avec Tetraktys et Masar Ibrahim Al Khalil. Nous apportons l’ingénierie territoriale, mais aussi l’accompagnement des différentes populations locales qui jalonnent ce sentier. Nous assurons aussi la formation des accompagnateurs en montagne palestiniens. L’objectif pour l’Afrat est le même qu’il y a 50 ans dans le Vercors : que les locaux puissent travailler et vivre décemment au pays.

Actumontagne : Avez-vous des projets de créer des antennes de l’Afrat dans d’autres régions de France ou d’ailleurs ?
OSA : On nous l’a demandé, mais au regard de notre statut d’association et de nos moyens financiers, nous préférons créer des partenariats, mutualiser nos savoir-faire et encourager les synergies. Nous avons par exemple signé une convention avec les MRF de l’Isère (Maisons rurales et familiales), pour créer une option montagne pour favoriser l’accès des jeunes à ses métiers et leur donner les clés de compréhension de la vie de pluri-actifs. Nous avons un projet tripartite avec la Maison d’emploi du Vercors et une association universitaire à destination des publics empêchés pour leur permettre d’avoir le bac.

Propos recueillis par Sophie Chanaron

Laurent Caillot, une reconversion via l’Afrat

Laurent Caillot, ingénieur devenu pluriactif en montagne
Ingénieur au CEA pendant une vingtaine d’années, Laurent Caillot a décidé de changer de vie en 2008 et de vivre de sa passion de la montagne. « J’ai fait ma formationà à deux pas où j’habite [à Méaudre], c’est une opportunité rare », explique-t-il. A l’Afrat, il a d’abord suivi la formation sur la création d’entreprise, il a aussi préparé son diplôme d’accompagnateur en montagne, qu’il a obtenu en 2010. Il a également effectué le cursus court de la formation très cotée Cuisinier du terroir, en vue d’ouvrir un gîte de groupe. Ce qu’il a fait en 2013, après avoir rénové une ancienne ferme typique du Vercors du XVIIIe siècle (Ecogîte La Couve). « Ma formation à l’Afrat m’a ouvert beaucoup de portes sur le territoire ». Laurent est aussi passé de l’autre côté de la barrière : dans le cadre du projet de coopération internationale sur le développement rural en Palestine, il participe à la formation des guides de trekking du futur sentier d’Abraham, opérationnel en 2016. « Une belle expérience », résume ce pluriactif comblé.

 

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