Domaines Skiables de France, le syndicat fédérant les exploitants de domaines skiables, organise son Congrès annuel les 5 et 6 octobre prochain à Beaune (Côte d’Or). Ce rendez-vous traditionnel d’avant-saison constitue à la fois un moment d’échanges et de convivialité entre les professionnels du secteur, mais aussi le lieu idéal pour définir les actions à mener pour que la France retrouve sa place de leader du marché mondial du ski, comme l’explique Laurent Reynaud, le secrétaire général de DSF.
Qui participe au Congrès annuel de Domaines Skiables de France ?
Il y a trois collèges de participants. Le premier est bien sûr celui des exploitants de domaines skiables. Le deuxième est celui des fournisseurs : constructeurs de remontées mécaniques ou d’engins de damage, mais aussi sociétés de services (conseils en management, gestion des systèmes de billetterie mains libres,etc)… Le troisième collège est celui des partenaires, dans lequel on compte principalement des élus : maires, conseillers départementaux ou régionaux, députés… Cette année, nous aurons pas moins de 700 participants, ce qui constitue un record. Les années précédentes, nous tournions plutôt autour de 600.
Comment expliquer cet engouement autour de ce Congrès ?
Par l’envie de partage. Même s’il y a évidemment de la concurrence entre les domaines skiables, nous faisons tous le même métier, avec des contraintes communes (aléas climatiques, conventions collectives, etc). Et nous avons des valeurs communes, notamment la solidarité, comme l’illustre notre système Nivalliance, une assurance mutualisée qui couvre les aléas d’exploitation des remontées mécaniques*. Pour l’hiver 2016-17, plus d’un million d’euros a ainsi été redistribué aux stations qui ont souffert du manque de neige. En 2015-16, on était même à 2,8 millions d’euros. Même si, de fait, ce sont plutôt les grosses stations qui payent pour les petites, tout le monde y trouve son compte, parce que les exploitants des grands domaines savent que beaucoup de skieurs apprennent à skier dans les petites stations… avant de venir chez eux plus tard. Si le marché global grossit, tout le monde en profite. Le succès du Congrès tient aussi au salon que nous organisons en marge des tables rondes et conférences, avec près de 100 fournisseurs qui ont l’occasion de présenter leurs dernières nouveautés à leurs clients.
Quels seront les thèmes abordés à l’occasion de ce Congrès 2017 ?
Ils seront nombreux. Nous évoquerons la sécurité des remontées mécaniques (une contrainte à transformer en opportunité), le dialogue social (sécurisation des parcours professionnels), la valorisation de l’intégration environnementale des domaines skiables, les régies et exploitations de domaines skiables, la gestion du Big Data (sécurité informatique, modèle économique de la billetterie mains libres…), la vision de la montagne de demain par les élus,etc.
Quels sont les grands enjeux de ce Congrès 2017 ?
Nous sommes au début du quinquennat d’Emmanuel Macron, c’est vraiment le bon moment pour agir. Il a affirmé, pendant la campagne présidentielle, qu’il voulait libérer les énergies, lever les freins, promouvoir le tourisme… Nous allons le prendre au mot. Nous attendons que nos élus tiennent leurs promesses, notamment concernant les plans d’investissements sur le tourisme, la réforme fiscale de l’impôt sur les sociétés,etc. Nous avons plusieurs propositions à soumettre aux élus qui viendront à ce Congrès (il y aura notamment Joël Giraud, le président de la Commission permanente du Conseil National de la Montagne, Marie-Noëlle Battistel, la présidente de l’ANEM, Michel Bouvard, le vice-président du Conseil Départemental de la Savoie, Henri Neyrou, président du conseil départemental de l’Ariège, les anciens maires de Bagnères-de-Bigorre et des Houches, et je suis en discussion avec le cabinet du secrétaire d’Etat au tourisme Jean-Baptiste Lemoyne). Il est important d’agir pour retrouver les sommets. Lors de l’hiver 2016-17, la France s’est faite doubler par l’Autriche, dont la couverture en neige de culture est deux fois supérieure à la nôtre. Comme lors de l’hiver 2015-16, ce sont les Etats-Unis qui ont cumulé le plus de journées-skieurs (54,7 millions), devant l’Autriche (52,1 millions) et La France (51,1 millions). On ne va pas se contenter de la troisième place mondiale.
Le Congrès de DSF peut-il vraiment avoir un impact concret sur la politique touristique et économique de la montagne en général, des stations de ski en particulier ?
Oui. Prenons l’exemple de 2016. Au moment du Congrès, nous étions en plein examen de la Loi Montagne (elle venait d’être votée en première lecture à l’Assemblée Nationale). Joël Giraud, venu au Congrès, nous a défendus. Même si certaines demandes n’ont été que partiellement satisfaites (notamment sur les Unités Touristiques Nouvelles), le texte final de cette loi promulguée en décembre 2016 apporte quelques améliorations notables. En premier lieu la dérogation au transfert des offices du tourisme vers l’intercommunalité (en montagne, et particulièrement en station, les offices de tourisme peuvent rester communaux). Nous avons aussi obtenu que les régies directes de remontées mécaniques puissent bénéficier du mécanisme d’activité partielle (seulement à titre expérimental) et que l’organisation de la sécurité et des secours dans les stations soit réaffirmée, à droit constant. Toutes ces propositions avaient été formulées (ou réaffirmées) lors du Congrès 2016 de Domaines Skiables de France.
Propos recueillis par Martin Léger
* Financé par une cotisation comprise entre 0,35 % et 0,75 % du chiffre d’affaire des exploitants, Nivalliance indemnise (à hauteur de 60 %) les baisses de plus de 20 % des recettes des remontées mécaniques en cas de manque ou d’excès de neige, de grèves ou de modification radicale du calendrier des vacances scolaires. Les vingt exploitants les plus importants et dont la « sinistralité » est la plus faible représentent 50 % des cotisations.