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Le ski de fond fait grise mine

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Malgré les récentes chutes de neige, l’hiver 2006-2007 a été nettement déficitaire en or blanc, surtout en moyenne montagne. Les stations de ski de fond, souvent situées sous la barre fatidique des 1200 mètres, ont, à de rares exceptions près, beaucoup souffert. Comment réagissent-elles à cette année critique? Commencent-elles à songer à une diversification ? Petit tour d’horizon des Alpes, qui montre que les habitudes ont la vie dure…

Lionel Bayon, directeur du foyer de ski de fond du Col de Porte, relié aux domaines de Saint-Hugues-de-Chartreuse et du Sappey-en-Chartreuse.
« Le bilan est catastrophique pour l’ensemble de notre site nordique, avec une baisse de 70 % des recettes (la station de Saint-Hugues est restée fermée tout l’hiver). En Chartreuse, les bonnes saisons pour le ski de fond n’arrivent pas à dégager une marge suffisante pour faire face aux hivers comme celui-ci. Nous envisageons donc une diversification, notamment en direction du biathlon, qui peut se pratiquer en courant (au lieu de skier) entre les tirs. Cet hiver, certains de nos moniteurs ont travaillé grâce au biathlon. Par ailleurs, le Conseil général de l’Isère accorde des aides aux stations qui organisent des sorties nature en cas de manque de neige. Mais la diversification a ses limites, la clientèle vient vraiment pour le ski ».

 

Aldo Moretti, directeur du centre de ski de fond d’Autrans (Vercors)
« Nous sommes toujours restés ouverts depuis les vacances de Noël, grâce à la neige artificielle. Malgré tout, nous avons une baisse de 22 % des redevances à la mi-mars, car le domaine n’était ouvert qu’en partie (7,5 km entre Noël et début février). Vingt personnes ont travaillé cet hiver grâce aux canons à neige et nous avons satisfait les clients de l’ensemble du plateau du Vercors. Nous avons pris l’option canon car nous ne voyons pas d’autre alternative en hiver. On n’a rien trouvé d’autre qui fasse vivre l’économie du pays. La baisse des recettes va simplement nous obliger à reporter certains investissements prévus ».

Michel Guibelin, directeur de l’association Haute-Savoie Nordic, qui fédère 29 sites nordiques de Haute-Savoie
« La moitié de nos sites n’ont pas ou très peu ouvert cet hiver. Ceux situés en altitude comme La Clusaz-Les Confins ont fait le même chiffre que l’année passée, mais d’autres comme le Col des Moises (1 100 m) accusent une baisse de 70 %. Cela tombe vraiment mal, car nous avions mis en place une politique de communication forte depuis deux saisons, qui avait suscité un regain d’intérêt pour le ski de fond. Pourtant, nous n’avons pas attendu le manque de neige pour diversifier notre offre (promenade, culturel, patrimoine…). Les clients ne viennent plus seulement pour le ski, donc il faut aussi leur proposer autre chose, mais le ski va toujours continuer. Le réchauffement climatique est bien réel, mais sur le plus long terme, cette année restera un accident ».

Laurent Vidal, chargé de mission de Savoie Nordic, qui fédère 14 stations de ski de fond en Savoie
« Nous enregistrons – 30 % sur l’ensemble des sites de fond de Savoie : la baisse la moins importante de tous les départements (- 65 % en moyenne sur l’ensemble des sites français). Bessans a même progressé de 10 %. Nous avons néanmoins pâti du faible enneigement décrit dans les médias, alors que nous avions de la neige. Il faut que cette année médiocre nous incite à nous diversifier, vers la raquette, le chien de traîneau, mais aussi vers un aspect plus ludique du ski de fond. Le Nordic park des Saisies permet ainsi l’apprentissage du ski de fond de façon plus fun, avec un border cross, des bosses… Ce type de pratique nécessite moins de neige et permet de sensibiliser les scolaires, notre clientèle de demain ».

Recueilli par Jeanne Palay

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