Depuis quelques années, les acteurs du ski français s’intéressent de près au développement du marché chinois de la neige. Mais le chemin est encore long avant de voir déferler des hordes de Chinois dans les stations françaises. Explications.
Du 13 au 15 octobre dernier, le ski-dôme de Pékin accueillait un grand événement de promotion de l’industrie française des sports d’hiver. Au programme : cours de ski pour la presse et les agences de voyages chinoises, démonstrations de ski et snowboard en direction du grand public, stands des stations françaises …
Cette nouvelle opération séduction apparaît comme le prolongement logique des nombreuses actions menées en Chine ces dernières années. On pense notamment à la présence, depuis deux hivers, de moniteurs de l’école du ski français, chargés de former leurs homologues chinois, mais aussi de « donner le réflexe France et de faire la promotion des stations françaises auprès du grand public», d’après Fernand Masino, vice-président du syndicat des moniteurs français et coordinateur de cette démarche initiée notamment par Bertrand Camus, enseignant à l’ESF de Courchevel 1550.
Cette présence active en Chine commence doucement à porter ses fruits. Rossignol y vend ainsi chaque hiver quelque 1000 paires de ski et 300 snowboards, soit 25 % du marché chinois. La Plagne a de son côté accueilli ses premiers skieurs chinois il y a deux ans. « L’hiver passé, nous en avons eu 90, explique Yann Clavillier, directeur de l’office de promotion de la Grande Plagne. Nous espérons en attirer au moins 1000 par hiver d’ici deux à trois ans, sachant que nous estimons le potentiel de skieurs chinois réguliers à 30 000 ». Mais la prudence reste de mise. « Le marché du ski en Chine est loin d’être mature. Nous devons d’abord développer le ski là-bas, afin de donner aux Chinois l’envie d’aller voir ce qui se fait à l’étranger, notamment en France », estime Vincent Lalanne, directeur de l’association des 3 Vallées.
Intégrer le ski dans un circuit global
Il faut dire qu’il n’existe pas de culture du ski en Chine. Si les premières stations sont apparues dans les années 1980, le ski ne s’est véritablement développé qu’à partir de l’hiver 2000-01 et la création du premier stade de neige proche de Pékin (voir encadré). La plupart des skieurs chinois ne font pas plus d’une sortie par saison. « Le niveau moyen est très faible, ils sont tout le temps par terre. Les stations payent même des employés pour relever les skieurs après une chute et aller récupérer leur matériel ! », témoigne Bertrand Camus, qui a passé deux hivers dans les stations chinoises pour former ses homologues chinois, dont Liu Yang, qu’il a fait venir en France afin de la préparer au mieux à l’examen du brevet d’état de ski.
« Les Chinois qui vont en France veulent voir le maximum de choses en un minimum de temps. Les stations françaises devront s’orienter vers des offres de courts séjours intégrées dans un circuit global comprenant aussi une visite de Paris et une escapade sur la Côte d’Azur », conseille Gérard Bouvier, directeur de France Neige International, association chargée de promouvoir à l’étranger les technologies françaises dans le domaine des sports d’hiver.
Martin Léger
Le ski en Chine
S’il existe près de 200 centres de ski en Chine, seuls une vingtaine s’approchent des standards occidentaux : 3 véritables stations (Yabuli, Beidahue et Changbaishan), deux ski-dômes (à Pékin et Shangaï) et une douzaine de stades de neige autour de Pékin, enneigés artificiellement à 100 % et d’un dénivelé maximum de 400 mètres.
Les stades de neige représentent 80 % du business « neige » de la Chine, qui s’élève à 1,3 millions de journées-skieurs vendues lors de l’hiver 2005-2006 (contre 65 millions en France).