La cité lacustre du camping de Chanaz ©Gilles Wirth

Les campings savoyards et le développement durable

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Le développement durable était au coeur des 5e Rencontres de l’hôtellerie de plein air organisées à l’aéroport Chambéry Savoie Mont-Blanc par la CCI Savoie, en partenariat avec ses homologues de Haute-Savoie et de l’Ain. S’engager dans cette voie permet aux exploitants de réduire leurs coûts énergétiques, et de fidéliser des clients de plus en plus urbains, en quête de nature.   

Dans un contexte de crise, où le tourisme hexagonal a baissé de 2,5% en en 2016, le camping a bien résisté, comme l’a rappelé Rémi Peschier, président de la Fédération Rhône-Alpes de l’Hotellerie de Plein Air (FRHPA), invité des 5e Rencontres de l’HPA. Plus de 112 millions de nuitées ont été enregistrées l’an dernier, représentant un chiffre d’affaires global de 2,5 milliards d’euros. L’hôtellerie de plein air, qui représente 50% des lits marchands en France, est toujours autant plébiscitée par les vacanciers, les Français en tête. Et pour cause, les populations sont de plus en plus urbaines et aspirent à se mettre au vert pendant leurs congés ! Un sondage Opinion Way pour la FNHPA en avril 2013 montrait que 88% des campeurs estiment que le camping permet idéalement l’immersion dans la nature. Les opérateurs ont donc intérêt à cultiver cette proximité et dans ce domaine, ceux de Savoie Mont-Blanc ont une belle carte à jouer, avec leurs paysages variés entre lacs et montagnes. Un cadre à préserver par une intégration paysagère maximale des infrastructures, et en s’engageant dans le tourisme durable.

Les représentants de l'Hôtellerie de Pleir Air aux 5e Rencontres de l'HPA en Savoie

Valorisation des déchets verts et chasse au gaspi !

La CCI Savoie et ses partenaires accompagnent les campings dans leur développement et leur adaptation à l’évolution des attentes de la clientèle et de la réglementation, notamment sur les questions environnementales. Elles étaient au coeur des 5e Rencontres de l’HPA, où le tourisme durable a été présenté comme un levier d’économies et de fidélisation de la clientèle .
« En matière d’économies des ressources, tant pour l’eau que pour les énergies, l’HPA a été précurseur par rapport aux autres formes d’hébergement : régulateurs de débit d’eau, robinetterie temporisée, ampoules basse consommation, détecteurs de présence dans les sanitaires », rappelle Guillaume Béreau, expert en marketing durable chez François Tourisme Consultant. « Il y a néanmoins encore des marges de progression dans chaque camping », souligne-t-il. Comme par exemple, valoriser les déchets verts, plutôt que de les brûler et donc de polluer  l’atmosphère : un feu de jardin de 50 kg de déchets verts produit autant de particules fines que le chauffage domestique durant 5 mois !  « En les broyant, ces biodéchets pourront être utilisés comme compost et pour pailler les plantations du camping. A la clé, un gain de temps pour l’exploitant et une réduction sensible de l’utilisation d’engrais chimiques ». Autres pistes d’économies possible, la chasse aux fuites d’eau dans les sanitaires collectifs comme dans chaque mobile home, l’installation de récupérateurs d’eau de pluie sur les mobile-homes ou encore l’arosage automatique adapté à la pluviométrie… Des actions de bon sens !

Les écolabels, une preuve d’engagement vert
Les Rencontres de l’HPA ont également mis l’accent sur les labels qualité et environnementaux. Pour près de 80% des gérants de campings interrogés par le cabinet François-Tourisme-Consultant, et détenteurs d’un label environnemental, s’engager dans la certification environnementale, représente un vrai avantage concurrentiel et permet de fidéliser la clientèle. Et lorsque plusieurs établissements d’un même territoire s’engagent dans une véritable démarche environnementale, c’est toute la destination qui en profite.
« C’est enfin, un projet fédérateur et motivant au niveau des équipes », souligne Guillaume Béreau.
Dans la forêt de labels existants, l’Ademe recommande pour l’HPA, la Clé Verte, Camping Qualité ou encore l’Ecolabel européen (hébergement touristique), 25 ans cette année et reconnu par les principales clientèles des campings françaises, notamment celles d’Europe du Nord. Depuis janvier 2017, il a été simplifié : 22 critères obligatoires et 45 critères optionnels. A l’occasion des 25 ans de l’Ecolabel européen et de l’année mondiale du tourisme durable, l’Ademe a lancé un appel à projets visant à financer une démarche d’obtention de l’Ecolabel Européen pour les hébergements touristiques. Mais il faut faire vite car la date limite de dépôts des candidatures est le 31 mai prochain !
Alain Pittet, du camping Le Chatelet*** à Evian, labellisé Clé Verte et Camping Qualité, encourage ses confrères à se faire labelliser. « C’est du temps passé, mais je m’y retrouve du point de vue des économies d’énergie et bientôt du point de vue commercial ». Ces référentiels font de toute façon progresser et apportent de la crédibilité aux actions vertes, une bonne parade à la suspicion de faire du greenwashing !

Les coups de pouce de la CCI
La CCI de Savoie soutient depuis de nombreuses années la filière de l’hôtellerie de plein air. Dans la qualification des opérateurs, la formation ou les démarches en faveur du tourisme durable. Parmi ses prestations phares, le pré-diagnostic environnement ou la visite énergie, toutes les deux gratuites, vivement conseillées avant de s’engager dans une démarche de labellisation qualité ou environnementale. www.savoie.cci.fr

Le Parc naturel régional des Bauges
Le territoire rural habité que recouvre le Parc naturel régional des Bauges, aux portes de Chambéry, d’Aix-les-Bains, d’Albertville et d’Annecy, a fait du tourisme durable l’un de ses axes de développement. Il est allé chercher un label international, Geopark, décerné par l’Unesco, pour accroître sa notoriété, tant au niveau international que local, en jouant la carte du géotourisme. « Un tourisme complètement ancré dans ses ressources territoriales », aussi bien naturelles (paysages) qu’humaines (patrimoine, agriculture, exploitation forestière, produits locaux, activités de plein air), explique Jean-Luc Desbois, son directeur, invitant les gestionnaires des campings alentours à faire appel aux compétences du parc. « Nous formons des acteurs de l’accueil touristique sur les sujets du territoire. Les hébergeurs engagés dans une démarche de développement durable, et connaissant bien le territoire et la valorisation des patrimoines, peuvent être labellisés soit à travers le label Geopark des Bauges, soit via la nouvelle marque collective Valeurs Parc naturel régional ».  

Premiumisation et insolite recherchés
L’hôtellerie de plein air des Savoie, comme au niveau nationale, poursuit la montée en gamme de son offre, même si la grosse masse des campings savoyards se trouvent parmi les deux et trois étoiles. Le camping traditionnel est encore très présent sur le terrioire, mais le locatif se développe à grand pas. Comme partout, les hébergements insolites sont très recherchés. Ils sont encore diffus sur le territoire, mais il en pousse ça et là. Plusieurs projets sont en prévision dans l’Avant-Pays Savoyard ou en Chautagne, à l’image du camping municipal de Chanaz. La commune a créé une cité lacustre avec huit chalets sur pilotis. Ils font un tabac ! « On refuse chaque année au moins 2000 nuitées ! », se désole Yves Husson, maire de la commune. Face à l’absence d’initiatives privées, l’élu vient de lancer un concours d’architectes en vue d’aménager un nouvel ensemble de chalets sur l’eau, érigé cette fois du côté du port de plaisance, plus tourné vers le Rhône. Ils devraient être ouverts à la location pour l’été 2019.
 

 

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