Cette saison 2010-2011, Les Sept-Laux font partie des rares stations alpines à procéder au renouvellement d’une remontée mécanique clé de leur domaine skiable. La 3e station de ski iséroise en chiffre d’affaires transforme le télésiège quatre places de l’Oursière en un six places débrayable, au tracé réhaussé de 150 mètres, offrant une nouvelle porte d’accès aux Vallons du Pra, secteur sauvage mais sécurisé, paradis des amateurs de poudreuse. Le 13 septembre, la pose des 16 pylônes par héliportage, s’est déroulée sans encombre sous un ciel azur. Une opération spectaculaire qui exige des équipes techniques dextérité, rapidité et sang-froid.
Après vingt-trois ans de service, le télésiège quatre places de l’Oursière des Sept-Laux sur le secteur du Pleynet, laissera la place en décembre prochain à un télésiège du même nom, mais qui n’aura plus rien à voir avec son aîné. Doté de sièges à six places, il sera débrayable, contrairement à l’ancien, craint par plus d’un parent ou skieur moins chevronné, tant l’embarquement pouvait être rude pour les mollets s’ils n’y prenaient garde ! Autre changement de taille, le tracé de la ligne du télésiège qui gagne 150 mètres de dénivelé et propulse en 5 mn (contre 10 mn précédemment) les skieurs à 2236 mètres. C’est à peine plus bas que le sommet du télésiège du Pouta, point culminant de la station (2380 m). « Grâce à cette élévation, nous donnons accès à une zone réservée jusqu’ici à l’élite, puisque depuis la gare d’arrivée de l’Oursière, les skieurs pourront rallier les Vallons du Pra », indique Jean-François Genevray, directeur général de la SEM des 7 Laux. « De même, ils pourront aussi basculer sur le secteur de Prapoutel via une belle piste noire, la Combe du Dôme ».
Cet appareil de 1,6 km de long, construit par l’Autrichien Doppelmayr d’une capacité de 2300 skieurs par heure (2800 à terme), s’appuie sur 16 pylônes contre 23 pour l’ancienne ligne. Un mieux pour le paysage grandiose de ce coin du massif de Belledonne dominé par le Pic éponyme. De même, l’été, les 66 sièges resteront à quai au garage pour plus de discrétion. « Des spirales avifaunes vont également équiper les câbles pour que les rapaces, les perdrix ou les coqs de bruyères les visualisent et ne les percutent plus », se félicite Jean-François Genevray qui précise aussi que les gares ont été conçues pour se fondre le plus possible dans leur environnement.
7 millions d’euros
La SEMT7, société d’économie mixte qui exploite le domaine skiable, met près de 7 millions d’euros sur la table pour l’installation du nouveau télésiège. « C’est le plus lourd investissement réalisé par la station depuis sa création en 1970 et l’un des plus importants de la saison dans les Alpes françaises », souligne Gérard Cohard, maire de La Ferrière, président de la SEM qui espère bien un coup de pouce du Conseil général pour réduire les risques financiers supportés par les communes du SIVOM. « Nous ne pouvions pas faire l’économie de cet appareil, d’abord parce qu’on approchait de sa grande visite technique, dont le coût était de toute façon très élevé, ensuite parce que cet équipement est indispensable pour rester dans la course », ajoute l’élu plutôt serein.
Il faut dire qu’en dix ans, la station de Belledonne, qui a modernisé 90% de son parc de remontées mécaniques et enregistre près de 6 millions de passages aux remontées mécaniques en hiver, a réussi à se hisser à la troisième place des stations de l’Isère, en chiffre d’affaires, supplantant son olympique voisine de Chamrousse. Mais pas de triomphalisme pour ses dirigeants. Le « produit » est encore perfectible, ne serait-ce que du côté des goulots d’étranglement qui demeurent sur les pistes les plus fréquentées ou des infrastructures d’accueil, parkings en tête. Victime de son succès, la station doit éconduire certains clients les week-ends ensoleillés de haute saison, les routes d’accès et les parkings étant saturés.
Sophie Chanaron
Seize pylônes posés en une demi-journée
Gare d’arrivée du futur télésiège de l’Oursière, le 13 septembre 2010. A 9 h30, le Super-Puma de la société d’héliportage suisse, commence son ballet, déposant sur les socles en béton, les quatre pièces nécessaires au montagne des pylônes. Un travail de précision qui exige une grande virtuosité et du sang-froid de la part du pilote, comme pour les hommes au sol qui doivent résister aux rafales de vent générées par l’hélicoptère en vol stationnaire à quelques mètres au-dessus de leur tête. Cela en le guidant et en vissant les pièces ! Moyennant trois ou quatre rotations par pylône, le mât est fixé en moins de deux minutes dans le socle de béton, puis en à peine plus de temps, c’est au tour de la traverse (ou tête du pylône) de prendre place au sommet du fût cylindrique, avant que le super-Puma suisse ne rapporte l’un après l’autre les deux trains de roulement posés aussi rapidement de chaque côté de la tête du pylône. Le vent vif et les nappes de brumes présents par intermittence, n’auront pas altéré cette opération spectaculaire à laquelle de nombreux curieux, employés de la station mais aussi clients, ont assisté. A 14h30, les seize pylônes étaient posés. Ces géants d’acier attendent désormais les étapes suivantes du process, notamment la pose du câble porteur-tracteur et l’installation des sièges.