Quelques-uns des projets du LEMON (laboratoire d’expérimentation des mobilités de l’agglomération grenobloise) ont été présentés hier à l’occasion d’une conférence de presse. L’occasion pour le SMTC (Syndicat Mixte des Transports en Commun de l’Agglomération Grenobloise) et Transdev (le partenaire industriel et commercial de la Sémitag, exploitant du réseau de transports en commun de l’agglomération grenobloise) de présenter une nouvelle façon de concevoir les déplacements.
Le temps où l’usager n’a d’autre choix que de « subir » une offre de transport en commun pas forcément adaptée à ses besoins serait-il en passe d’être révolu dans l’agglomération grenobloise ? C’est en tout cas le souhait du SMTC et de Transdev, deux des acteurs du Lemon, cet « incubateur des mobilités de demain, qui a pour but d’essayer de libérer les initiatives pour répondre aux défis d’aujourd’hui, à savoir passer d’une approche mono-modale à une approche multi-modale », selon Yann Mongaburu, le président du SMTC. Ce Laboratoire d’expérimentation des mobilités de l’agglomération grenobloise est en quelque sorte une start-up réunissant de nombreux acteurs (SMTC, Transdev, Semitag, associations,etc), qui a vocation à « innover, expérimenter et polliniser au-delà de l’agglomération grenobloise. Aujourd’hui, plus personne n’utilise que sa voiture ou que les transports en commun. Notre but est d’aider l’usager à combiner les différents mode de déplacements – co-voiturage, vélo, marche à pied, tram, bus,etc – et à passer plus facilement d’un mode à l’autre. Et ce dans le but de refaire du transport un plaisir – une notion souvent oubliée dans les politiques publiques – sans jamais séparer les innovations technologiques des innovations sociales », résume Yann Mongaburu.
Parmi les dix projets actuellement menés par le Lemon, trois ont été présentés lors de la conférence de presse. « Monetrans » propose depuis septembre 2015 aux utilisateurs de la ligne de bus Chrono C1 (l’une des plus fréquentée de l’agglomération grenobloise avec 13 000 voyageurs par jour) de tester le paiement par carte bancaire sans contact, grâce à un terminal de paiement « PayBill » installé dans 25 bus. Le projet « Timodev » (Transport intermodal et déficience visuelle) a vu une vingtaine de déficients visuels sillonner pendant 11 mois (de février 2015 à janvier 2016) Grenoble, Lyon et Paris afin de tester en situation le confort, la simplicité et la sécurité des parcours autour de pôles d’échanges multimodaux (bus / tram / gare routière / aéroport…). Timodev s’intéresse à leurs besoins lors de leurs cheminements dans ces pôles d’échange. « Chrono en marche », au cœur du quartier Bouchayer-Viallet à Grenoble, vise lui à augmenter l’attractivité de l’offre de transport, favoriser de nouvelles pratiques en réaménageant l’espace public, valoriser les atouts du quartier. « Concrètement, la signalétique – notamment avec des grandes boussoles dessinées au sol – doit permettre de révéler des cheminements piétons méconnus vers les bus et les trams. Dans certains bâtiments du quartier – entreprises, salle de concert « La Belle Electrique » – nous souhaitons aussi installer des écrans qui indiquent au public dans combien de temps passe le prochain bus », détaille Yann Mongaburu.
Aussi divers soient-ils, ces projets ont en commun de mettre l’usager au centre de l’offre de transport de demain. « On souhaite passer du transport à la mobilité, c’est-à-dire d’un système où les déplacements sont dictés par l’offre – c’est au public de s’adapter – à un autre système où on s’intéresse aux besoins individuels pour concevoir l’offre de transports. Il faut développer l’attractivité des transports publics classiques, tout en renforçant le lien avec d’autres modes de transport comme le vélo, l’auto-partage ou la marche à pied. Il faut mettre en œuvre cette complémentarité et cette multi-modalité », affirme Jean-Marc Janaillac, le numéro 1 de Transdev.
Même si aucun projet du Lemon ne concerne aujourd’hui directement la liaison entre la vallée grenobloise et les montagnes environnantes, on peut imaginer que les projets de télécabines « urbains » en direction du Vercors ou de Chamrousse figureront à l’avenir au cœur de cette nouvelle approche des transports. « Des concertations préalables ont été tenues à l’automne 2015 – à la fois via des réunions publiques et des concertations numériques – à propos du projet de télécabine urbain entre Saint-Martin-le-Vinoux et Fontaine, via Sassenage. Le SMTC s’est engagé à compléter les études d’ici à cet été, notamment à propos de la qualité des cabines et des pôles d’échanges multi-modaux, des questions qui ont été soulevées lors de ces concertations », indique Yann Mongaburu.
Martin Léger