Si la nouvelle télécabine 10 places des Plattières, à Méribel, n’a rien de révolutionnaire, la construction de sa gare aval est en revanche totalement novatrice. En montant et en câblant préalablement au sol les deux éléments composant cette gare (la toiture et la structure mécanique), puis en les posant directement sur les structures de béton qui supportent la gare grâce à une grue surpuissante, la durée des travaux a été réduite de trois semaines par rapport à une construction classique.
Jeudi 13 septembre, 10 heures du matin. L’été n’est toujours pas officiellement terminé, pourtant le mercure peine à dépasser 5 ou 6 °C à Mottaret, à 1750 mètres d’altitude. Il suffit de pointer le regard en direction des pentes du Mont Vallon, blanchies par la neige, pour se rendre compte que l’hiver pourrait arriver plus vite qu’on ne le pense.
Dans ce contexte, il n’y a pas de temps à perdre pour réaliser les travaux de la nouvelle télécabine des Plattières, qui doit entrer en service début décembre. Celle-ci remplacera les deux premiers tronçons de l’ancienne télécabine (le troisième tronçon restant lui inchangé). D’un débit de 2800 personnes par heure et en un seul tronçon, ce nouvel appareil effectuera le parcours en 9 minutes, au lieu de 21 jusqu’à l’hiver dernier.
La Société des 3 Vallées (S3V, l’exploitant des domaines skiables de Courchevel, la Tania et Mottaret), en partenariat avec le constructeur Poma et le cabinet DCSA, ont opté pour un montage novateur de la gare de départ. Au lieu de réaliser l’assemblage des différents éléments de la gare au fur et à mesure – ce qui implique notamment du travail en hauteur et donc l’utilisation d’échafaudages – les deux morceaux constituant cette gare (la structure mécanique, c’est-à-dire la partie basse, d’un poids de 84 tonnes, et la toiture de 25 tonnes) ont été montés et câblés au sol, puis reconstitués directement sur les structures de béton supportant la gare, après une spectaculaire opération de levage. « On travaille ainsi dans des conditions d’ergonomies idéales. Normalement, on réalise les opérations les unes après les autres, et il faut compter environ trois semaines pour faire les structures en béton, trois semaines pour le montage des infrastructures, et deux à trois semaines pour le câblage. Là, on est en temps masqué, autrement dit on effectue plusieurs opérations en parallèle, notamment l’assemblage des deux morceaux de la gare et leur câblage. C’est ce qui nous permet de gagner entre trois semaines et un mois sur la planning général par rapport à une opération classique », explique Philippe Laville, directeur projets neufs et supply chain chez Poma.
Quelques flocons avaient recouvert les pentes du Mont Vallon
Dans cette opération, le constructeur isérois de remontées mécaniques est associé à la Comag (basée à Bourg-Saint-Maurice, chargée du génie civil de ligne et du montage de l’appareil) et à la Socabat (qui intervient pour les bâtiments de gare et le garage des cabines). « Les bénéfices sont aussi en termes de sécurité des ouvriers – une donnée essentielle à nos yeux – et en impact environnemental, dans la mesure où les engins de chantier sont présents moins longtemps sur le site des travaux. C’est un souci en moins pour nous. De plus, en gagnant du temps sur cette gare aval, il sera plus facile d’allouer des moyens supplémentaires – si nécessaire – sur les autres phases du chantier », se félicite Claude Faure, président du directoire de la S3V.
Une technique déjà expérimentée pour des télésièges
Une grue spéciale a été utilisée pour effectuer le levage des deux sous-ensembles (structure mécanique et toiture) de cette gare. « Elle est peut soulever des charges de 250 tonnes, contre 100 tonnes pour la grue qu’on va utiliser pour la gare supérieure de cette télécabine des Plattières, qui sera montée de façon plus classique, même si on va décliner la méthode de la gare inférieure sur une partie de cette gare supérieure. Certes, l’utilisation d’une grue aussi importante est plus chère pour une durée équivalente de travail. Mais comme on met moins longtemps qu’un chantier classique, le coût global n’est pas plus élevé », assure Philippe Laville.
Philippe Laville, directeur projets neufs et supply chain chez Poma
Si cette façon de procéder constitue une première mondiale pour une télécabine, Poma avait déjà expérimenté cette technique à cinq reprises par le passé, sur des télésièges. « Notamment le télésiège débrayable du Biollay, à Courchevel, au mois de juillet cette année, précise Claude Faure. Nous avions opté pour ce même processus parce que la gare de départ du télésiège se situe dans le périmètre du golf, et qu’il ne fallait pas que le chantier s’éternise afin de respecter les dates d’ouverture du golf ».
Martin Léger