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Premiers coups de pioche pour le nouveau refuge du Goûter

La reconstruction du refuge du Goûter, refuge gardé le plus haut de France (3835 mètres) situé sur la voie royale du mont Blanc, a démarré début juillet. Ce chantier de longue haleine devrait s’achever en juin 2012. Il laissera place à un étonnant bâtiment ovoïdal à la fois écologique, 100% autonome et plus fonctionnel que l’actuel pour les alpinistes et les gardiens. Des détails sur ce futur aménagement pilote en matière de développement durable, avec Raymond Courtial, vice-président de la Fédération française des clubs alpins et de montagne, chargé du patrimoine bâti. 

Pourquoi fallait-il reconstruire le refuge du Goûter ?
Mis en service en 1962, le refuge du Goûter actuel, tout en respectant les normes de sécurité en vigueur, est vétuste, peu fonctionnel et bien peu vertueux d’un point de vue environnemental. Sa reconstruction, à 200 mètres du bâtiment actuel sur un terrain de la commune de Saint-Gervais, s’est donc vite imposée. Cette opération s’inscrit dans une démarche entreprise il y a plus dix ans par la FFCAM consistant à mettre à niveau son réseau de refuges qui en compte plus de 130. Une vingtaine de bâtiments ont déjà été rénovés ou reconstruits depuis 2000, avec le concours de l’Etat, de l’Europe, des collectivités territoriales et d’autres organismes sociaux. Avec l’amélioration de la qualité de nos refuges, nous souhaitons valoriser cette forme d’hébergement conviviale, qui favorise le contact avec l’univers de la montagne. Si le refuge du Goûter cible un public d’alpinistes avertis en raison de sa localisation en haute altitude, nombre de nos refuges sont accessibles au plus grand nombre et aux familles en particulier.

Présentez-nous le nouveau refuge du Goûter qui accueillera les alpinistes pour l’été 2012 ?
D’une capacité de 120 places pour maîtriser la sur-fréquentation de l’itinéraire classique du mont Blanc, le nouveau refuge sera de forme ovoïdale et compacte, liée aux contraintes climatiques de la haute altitude où les vents peuvent atteindre 240 km/h. Il sera doté d’une structure bois assemblée dans la vallée à partir d’essences locales prélevées dans des forêts bénéficiant du label PEFC, et de préférence de Saint-Gervais. Un circuit court évitant transport et pollution. L’enveloppe extérieure sera composée de panneaux en inox brossé pour éviter l’effet miroir et assurer une bonne intégration du bâtiment dans son cadre naturel.

Le bâtiment va être le premier refuge FFCAM à intégrer les normes HQE, je crois ?
Effectivement ! Le bâtiment sera particulièrement respectueux de l’environnement grâce au recours systématique aux énergies renouvelables et passives comme le solaire, le photovoltaïque, l’éolien et la biomasse. La chaleur dégagée par la cogénération et les occupants sera également exploitée. Autre première pour nos refuges, la maîtrise des rejets des eaux usés grâce à l’installation d’une mini-centrale d’épuration permettant de recycler l’eau des sanitaires et d’évacuer les ultimes déchets solides exempts de bactéries.

Le refuge sera-t-il beaucoup plus confortable pour ses occupants ?
Attention, le nouveau refuge du Goûter ne sera en aucun cas un hôtel d’altitude ! Le confort sera à minima. Il s’agit avant tout d’êre plus fonctionnel pour les gardiens qui pourront travailler dans de meilleures conditions. Et pour les occupants qui bivouaquent en direction de l’ascension du mont Blanc, de bénéficier notamment de toilettes à tous les étages, c’est important ! Il n’y aura pas de douches, si c’est à ça que vous pensez ! Dans le cadre de notre mission de service public, il abritera un espace hors sac qui n’existait pas dans l’actuel.

Que vont devenir l’ancien bâtiment et son annexe ?
Le bâtiment principal, le plus ancien, qui reste en service jusqu’à l’ouverture de son remplaçant en 2012, sera démonté en 2013. L’annexe sera conservée pour servir de refuge en hiver et de volume recueil, abri de secours en cas d’incendie, comme notre mission de service public nous l’impose.

Quel est le coût de cette reconstruction ?
Elle avoisine les 6,5 millions d’euros, financés par l’Etat, l’Europe, la Région Rhône-Alpes, le Conseil général de la Haute Savoie, la commune de Saint-Gervais, l’Ademe, l’agence de l’eau et à hauteur de 40% par le CAF. Ce montant d’environ 2,4 millions d’euros hors taxes sera couvert par un emprunt bancaire mais aussi ouvert au mécénat. Des entreprises ont déjà manifesté leur intérêt pour associer leur image à ce projet emblématique à plus d’un titre, notamment en matière de développement durable. A la rentrée, nous allons lancer une campagne de sensibilisation auprès du monde économique et trouver des partenaires.

Propos recueillis par Sophie Chanaron

 

 

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