Le siège de Rossignol à Saint-Jean-de-Moirans près de Grenoble où se trouve l'atelier course

Rossignol plus conquérant que jamais !

Détenu à 80% par un actionnaire norvégien depuis l’été dernier, le groupe Rossignol aborde 2014 gonflé à bloc. A quelques jours des JO de Sotchi, où ses ambassadeurs stars s’appellent Lara Gut, Martin Fourcade ou Christof Innerhofer, l’équipementier français fait le point sur ses projets de développement, notamment dans le textile.

La page du redressement est définitivement tournée chez Rossignol. Bruno Cercley, son président et actionnaire minoritaire, a le sentiment du devoir accompli, après cinq années passées à restructurer le groupe centenaire, à réduire les coûts de 40% et à investir -près de 10 millions d’euros-, pour le ramener dans le vert. Un traitement de choc rapidement payant puisque dès 2011, le groupe a renoué avec la rentabilité. L’an dernier, l’équipementier tricolore a réalisé 3 millions d’euros de résultats pour un chiffre d’affaires de 208 millions d’euros. Pour l’exercice actuel se terminant fin mars, les résultats sont aussi très prometteurs. « Dans la matériel de sports d’hiver, nous attendons une progression de croissance supérieure à 10%, dans un marché en recul de 3% », indique le patron du groupe isérois, qui se félicite d’avoir gagné des parts de marché en Autriche et en Allemagne où ses marques étaient jusque-là tenues à distance par Fischer. Pour lui, c’est la reconnaissance de la qualité des nouveaux produits du groupe, à l’image du succès phénoménal rencontré par le Soul 7, un ski freeride à l’aise aussi bien en poudreuse que sur les pistes.

Bruno Cercley, pdg du groupe Rossignol depuis 2008

Incontournable sur le textile d’ici 5 ans

Avec une telle forme, pas étonnant qu’en juillet 2013, le fonds norvégien Altor ait repris avec appétit 80% du capital de Rossignol, convaincu que ce fleuron des sports d’hiver disposait encore d’un fort potentiel de développement. Et cela dans son milieu originel, en particulier dans la chaussure de ski avec sa marque phare, Lange, aux taux de croissance à deux chiffres. Mais aussi dans des secteurs complémentaires comme l’outdoor (pêche, nautisme, vélo) grâce auquel Rossignol va pouvoir réduire l’impact de la saisonnalité sur l’activité de l’entreprise. Tout comme le textile, secteur où Bruno Cercley et les autres actionnaires du groupe estiment avoir une grosse carte à jouer. « Nous ambitionnons de faire de Rossignol une marque de textile d’ici à cinq ans avec des collections disponibles toute l’année ». La collection 1907, présentée à Ispo, vitrine mondiale des articles de sport et de la mode sportive (26-29 janvier) à Munich, est le résultat de l’évolution de la marque vers du sportwear chic. C’est dans la boutique de Chamonix, ouverte en novembre 2013 que le groupe va mettre en scène son offre textile, appelée à séduire jusqu’en Russie et en Chine, pays friands de la French Touch.

La différence dans les détails

A deux semaines des JO de Sotchi, l’effervescence est à son comble près de Grenoble, au siège du groupe, qui abrite aussi son atelier course. C’est là, que toute l’année, une quarantaine de techniciens hors-pairs mitonnent des skis sur mesure aux 200 athlètes formant les team Rossignol et Dynastar, sa bande of heroes, mise en scène dans une nouvelle communication intergénérationnelle, mêlant anciennes gloires maison, champions actuels et graines prometteuses.

@François Rousseau/ www.snow-stories.com

Ces orfèvres des planches de ski préparent et procèdent actuellement aux ultimes réglages des skis des « héros » de la marque en partance pour le Caucase, Lara Gut, Martin Fourcade ou Christof Innerhofer en tête. Des ajustements relevant du détail pour le néophyte, mais en mesure de faire la différence le jour J, comme ce fut le cas en 2002 aux JO de Salt Lake City, pour Carole Montillet, ambassadrice de Rossignol depuis l’âge de 11 ans.  « Le matin de la descente dames, j’ai eu le choix entre trois paires. Mon technicien m’a conseillé l’une d’elles. Je n’avais jamais skié avec, mais il m’a assurée qu’elle était la plus rapide. Je lui ai fait confiance. Dès les premiers virages j’ai senti qu’ils étaient magiques. Et j’ai gagné », raconte celle qui, aujourd’hui, teste les gammes grand public du fabriquant, et semble comme un poisson dans l’eau dans l’atelier course.

Des skis de course fabriqués "à la main" dans l'atelier dédié au siège de Rossignol

Si les porte-drapeaux actuels de Rossignol décrochent des médailles aux JO de Sotchi, les commandes des dépositaires devraient bondir encore plus que prévu pour la saison 2014-2015. C’est pour cela qu’investir près de 6% de son chiffre d’affaires dans le budget course et R&D, est crucial pour l’équipementier.

Sophie Chanaron

 

Focus sur le digital

Rossignol compte sur le digital pour ressérer ses liens avec les consommateurs finaux comme ses distributeurs. Site Internet (près de 3 millions de visites la saison passée), réseaux sociaux, applications mobiles (150 000 téléchargements), Rossignol se déploie tous azimuts pour doper sa notoriété. Depuis octobre dernier, lancement en France et en Italie de la vente en ligne. Mais pas question de court-circuiter ses revendeurs. L’équipementier les implique dans son dispositif. Les clients internautes retirent ainsi le matériel commandé chez celui qui est à proximité de chez eux, et où ils peuvent bénéficier d’offres et de services gratuits.

 

 

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