Le 3e opérateur français d’autopartage, Keymoov, se lance à l’assaut des stations de montagne. Il a choisi l’Alpe d’Huez pour expérimenter une flotte de douze véhicules électriques, les Twizy Montagne. Leur accès se fait pour l’instant via une carte rechargeable par internet ou son smarthphone, et à partir de l’an prochain, également via son forfait de ski.
Un phénomène urbain les voitures électriques en autopartage ? Que nenni ! A partir du 12 février prochain, touristes, résidents et saisonniers de l’Alpe d’Huez vont pouvoir se déplacer dans la station iséroise à bord d’un véhicule électrique deux places au look rigolo, la Twizy Montagne. Une version alpine de la Twizy de Renault, présentée au Mondial de l’Auto en 2010 et qui compose aujourd’hui de nombreuses flottes de véhicules en France. “Cette voiture ultra-compacte, d’une autonomie de 80 km en montagne, est équipée par nos soins de 18 pièces spécifiques, liées à son utilisation en station, comme des pneus neige, un casier pour le transport des skis, un porte-bagages ou un porte-vélo l’été”, explique Olivier Rossinelli, le Pdg de Keymoov.
Le 3e opérateur d’autopartage en France est le premier à transposer à la montagne un système d’autopartage de véhicules électriques. Baptisé I-Moov, il devrait faire sensation à l’Alpe d’Huez, mais aussi auprès de toutes ses homologues, qui comme la station iséroise, cherchent à juguler le trop-plein de véhicules et à diminuer la pollution atmosphérique que le transport des personnes génère.
En complément des navettes
A l’Alpe d’Huez, la mobilité électrique n’est pas une nouveauté puisque depuis l’hiver dernier, un bus électrique dessert les principaux pôles administratifs, commerciaux et sportifs de la station. Il était donc logique que la commune donne son feu vert à Keymoov, pour expérimenter son offre I’Moov, véritable innovation dans les déplacements individuels motorisés en montagne.
Pour Olivier Rossinelli, la simplicité de ce service devrait faire son succès. L’utilisateur a besoin d’une application smarthphone pour géolocaliser en temps réel les véhicules disponibles sur la station de 8 heures à 22 heures.En effet, selon le principe du free-floating, ils ne sont pas parqués sur des places dédiées, mais là, où leurs utilisateurs, arrivés à destination, les ont garés. Le conducteur en prend le volant par l’intermédiaire d’une carte rechargeable, via son smarthphone ou Internet. “L’année prochaine, l’accès au véhicule se fera aussi via son forfait de ski”, explique l’opérateur. “Nous sommes entrain de négocier des accords commerciaux avec la SATA, qui nous accompagne dans ce lancement, avant de mettre en place le chantier informatique avec Skidata pour que le support magnétique du forfait intègre ce nouveau service”.
Six stations visées l’an prochain
Pour financer le lancement et l’exploitation d’I-Moov, Keymoov s’appuie sur deux sources de revenus : celui de la location des véhicules (autour de 10€ l’abonnement et ensuite 2€ les 10 mn) et celui de la vente d’emplacements publicitaires sur les voitures. A voir comment les piétons se retournent sur le passage des Twizy Montagne, la visibilité des annonceurs semble assurée !
Olivier Rossinelli table sur 500 clients par semaine en pleine saison pour que le dispositif soit rentable. “Nous ciblons les stations à plus de 1 million de forfaits vendus par an. Il y en a 14 en France, dont l’Alpe d’Huez”, indique-t-il.
L’hiver prochain, I Moov devrait fonctionner dans six stations et représenter un parc de 300 voitures électriques en autopartage, dont une cinquantaine à l’Alpe d’Huez. Une montée en puissance dans les Alpes qui va sans doute amener l’entreprise fancilienne à ouvrir une base avancée en Rhône-Alpes. “Nous avons le projet de nous installer à Francin, en Savoie”. Soit à deux pas du Cluster Montagne qui a décerné à son projet de convergence multimodale, le label Projet Montagne Innovante et Internationale. Cette proximité avec des grands noms de l’économie de la montagne devrait aussi permettre à la PME de lever plus facilement des fonds auprès de partenaires attentifs à l’essor, en station, de solutions innovantes dans le domaine de l’éco-mobilité.
Sophie Chanaron