La randonnée au lac Achard, à Chamrousse, c’est LA sortie familiale en montagne des Grenoblois. Souvent l’une des premières pour les plus jeunes. C’est aussi celle que l’on indique facilement aux vacanciers ou visiteurs de passage dans la région. L’endroit est magnifique et très accessible puisque il suffit d’à peine plus d’une heure de marche pour atteindre cet écrin remarquable, avec vue imprenable sur le Taillefer.
Revers de la médaille, le site souffre de surfréquentation. Certains jours de l’été, jusqu’à 1500 personnes s’y promènent, pique-niquent, se baignent (en dépit de l’interdiction), programment ou improvisent un bivouac (toléré entre 19h et 8h du matin). Les dégradations sont nombreuses : feux, coupes ou lacérations d’arbres, et notamment de pins cembros, centenaires pour beaucoup, ordures et détritus abandonnés, déjections humaines, création de multiples sentiers…
En juillet dernier, un groupe de campeurs a même incendié volontairement son matériel de camping, cafetière comprise, pour ne pas avoir à le redescendre ! La Maison de l’environnement et la commune de Chamrousse ont porté plainte et une enquête est en cours pour retrouver ces pollueurs irresponsables.
Informer et expliquer pour changer les comportements
Leur attitude choquante a poussé l’équipe de la Maison de l’environnement à organiser en urgence en cette fin de vacances d’été, une opération de sensibilisation et d’information sur ce site entré depuis cette année dans le périmètre de l’Espace Naturel Sensible (ENS) de l’Arselle. La Gendarmerie de Saint-Martin d’Uriage, l’ONF, le Bureau des Guides et Accompagnateurs de Chamrousse, l’animatrice du site Natura 2000, l’adjoint au maire Pierre Vanet étaient présents, aux côtés de Sophie Delastre et Daniel Leyssieux, respectivement animatrice et président de la Maison de l’environnement.
« Nous avons sensibilisé toutes les personnes présentes, notamment celles qui se baignaient, celles qui avaient leur chien sans laisse, un groupe de jeunes partant bivouaquer au lac et plusieurs familles marchant au bord de ce dernier », témoigne l’animatrice environnementale. « Beaucoup ont regretté le manque d’information sur lequel la commune doit incontestablement travailler. Certains ont eu du mal a comprendre l’interdiction de la baignade, mais après explication des enjeux écologiques du site, les personnes ont compris la nécessité des nouvelles règles prises pour sa préservation ».
Un arrêté communal règlemente en effet l’accès du public à cet écosystème sensible et fragile : baignade interdite, idem pour les feux de camp, pour la cueillette de bois et de plantes. Le bivouac est toléré de 19h à 8h mais le camping interdit, les chiens doivent être obligatoirement tenus en laisse. « Il faut des siècles pour faire un habitat comme celui du lac Achard, et des millénaires pour constituer les tourbières qui l’entourent », explique l’animatrice environnement de la commune de Chamrousse. « Ces dix dernières années, une destruction du site à grande échelle a commencé avec une très forte fréquentation humaine, et l’irrespect des mesures de protections ne font qu’accélérer le phénomène ».
Canaliser les flux de randonneurs
Pour inviter les randonneurs au respect de ces règles, des panneaux informatifs provisoires ont été installés à la hâte mi-juillet sur les deux départs les plus fréquentés de l’itinéraire, ainsi que vers la passerelle aménagée près du lac. « Dans le cadre du futur plan de gestion à cinq ans de cet ENS, nous prévoyons notamment, grâce aux financements de la commune et du département de l’Isère, de canaliser la fréquentation du public sur deux sentiers principaux dès l’année prochaine. En 2021, nous devrions aménager un sentier pédagogique, avec trois panneaux dédiés aux différents étages de la végétation et l’abondante faune qui l’habite ».
À Chamrousse, on espère aussi la présence sur les week-ends les plus chargés de juillet et d’août, d’un garde vert. Il sera là avant tout pour informer, la verbalisation étant réservée aux réfractaires caractérisés. L’information et la communication sont des leviers puissants pour faire prendre conscience au grand public de la nécessité d’adapter ses comportements pour protéger les endroits d’évasion qu’il affectionne. Les actions d’information comme celle de cette fin d’été, seront donc reconduites à plusieurs reprises l’été prochain, avec les mêmes acteurs.
Photo de Une Le lac Achard et ses pins cembros, victimes de la surfréquentation ©Images et Rêves