Mobilité douce : l’ascenseur à eau de Saint-Gervais

Le 27 juillet dernier, Jean-Marc Peillex, maire de Saint-Gervais, a présenté les projets d’ascenseur valléen et d’ascenseur à eau de la commune à Laurent Wauquiez, le président d’Auvergne-Rhône-Alpes. Focus sur le deuxième appareil qui utiliserait les eaux usées du bourg comme force motrice.

Actumontagne : Comment est née l’idée d’un ascenseur à eau pour relier les thermes et le bourg de Saint-Gervais ?
Jean-Marc Peillex
: C’est un projet ancien ! Il y a une bonne dizaine d’années, un résident anglais m’avait demandé pourquoi nous ne faisions pas comme en Grande-Bretagne, un ascenseur hydraulique pour monter les gens des thermes jusqu’au centre du village juste en dessus ou les redescendre. A l’époque, ce mode de transport n’était pas dans l’air du temps en France. On préférait les remontées mécaniques classiques et la traction électrique. Notre projet, atypique, est à mon avis le numéro zéro d’une série d’appareils qui pourraient intéresser de nombreux sites en France.

Actumontagne : Pourquoi selon vous ?
JMP
: Il permet sur de courts trajets de quelques centaines de mètres d’acheminer rapidement des personnes avec la force de l’eau. C’est ce qui a intéressé Laurent Wauquiez au titre de la politique environnementale et des transports de la Région. Même intérêt du Département de la Haute-Savoie sur le volets environnement et sur les liens touristiques facilités entre les différents pôles d’une commune à étages comme Saint-Gervais.

©Mairie de Saint-Gervais

Actumontagne : Où en est votre projet qui utilise les eaux usées comme force motrice ?
JMP : Un pool d’ingénieurs d’EDF Hydro réfléchit à la faisabilité technique. Cette phase d’études a été lancée il y a deux mois environ. Elle implique aussi les thermes pour connaître précisément les besoins. C’est au cours de cette réflexion que le principe intelligent de réutiliser les eaux usées du bourg s’est imposé. Ainsi nous ne prélevons pas d’eau dans le milieu naturel, ni dans le circuit d’eau potable de la ville. Nous sommes environnementalement exemplaires. Et l’on a même poussé plus loin en prévoyant de turbiner les eaux usées du réseau en rive gauche du Bonnant pour produire de l’électricité !

Actumontagne : Est-ce un mode de transport économique et combien sa construction va-t-elle coûter ?
JMP
: Il s’agit incontestablement d’un mode de transport économique car nous aurons très peu de frais de fonctionnement. Il n’y a pas de liftier comme autrefois ! Du coup, cet ascenseur pourrait en plus fonctionner toute l’année. Le tracé n’est pas encore arrêté, ni le choix de l’appareil, il est donc difficile de chiffrer le montant de l’investissement à cette heure. Mais c’est un projet modeste, dimensionné au besoin de remonter ou descendre entre 10 et 12 personnes à la fois pour se rendre aux thermes ou dans le parc thermal depuis le bourg ou inversement. C’est presque un ascenseur particulier !

Laurent Wauquiez a confirmé que la Région aiderait au financement de l’ascenseur valléen et de l’ascenseur à eau de Saint-Gervais ©P.Deloche

Actumontagne : Pour relier le Fayet au bourg, vous comptez plutôt sur l’ascenseur valléen de bien plus grande compacité ?
JMP
: Effectivement. Reliant la gare SNCF du Fayet à la gare de départ de la télécabine du Bettex, il fait partie des dix projets d’ascenseur valléen soutenus jusqu’à hauteur de 30% de leur financement par la Région. Il va effectuer le trajet en 5 minutes contre 20 par la route ! Sur ce projet, nous sommes beaucoup plus avancés que pour l’ascenseur à eau puisqu’à la fin des études financières. Avoisinant les 12 M€ hors-taxes, cet appareil relève à la fois du transport public et du transport touristique. Il sera en connexion avec le Léman Express, la ligne de train Saint-Gervais-Chamonix-Martigny et le Tramway du Mont-Blanc, ainsi qu’avec le DMC.

Actumontagne : C’est à dire ?
JMP :
Notre délégataire des remontées mécaniques a proposé d’avancer la réfection du DMC Saint-Gervais-Le Bettex pour connecter la nouvelle télécabine à l’ascenseur valléen. Cet ascenseur valléen est un projet partagé car il a évolué suite aux échanges avec la maire de Megève, Catherine Jullien-Brèches, avec les services de l’État, l’architecte des batiments de France, la Région, le Département et enfin le concessionnaire. A la clé, une véritable ligne de transport public multisaisons et multiactivités dont le coût avoisinera les 30M€ (18M€ pour la télécabine du DMC). Il devrait être opérationnel d’ici à trois ans.

Des navettes électriques et à hydrogène
Pour relier le futur ascenseur valléen et le parc thermal, la commune de Saint-Gervais envisage des liaisons en navettes électriques. Lors de sa visite, Laurent Wauquiez a proposé à Jean-Marc Peillex que la Région finance deux navettes à hydrogène. « Je suis évidement preneur ! », a répondu le maire. Pour rappel, dans le cadre de son plan en matière d’environnement et d’énergie, la Région AURA qui concentre 80% des acteurs de la filière hydrogène déploie cette dernière à travers le projet ZEV (Zéro Émission Valley). Début juillet, la collectivité a voté une subvention de 2,6M€ en faveur du CEA (Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives) de Grenoble pour soutenir la recherche sur la production de cette énergie propre.

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