L’Association nationale des maires des stations de montagne – Ski France, qui rassemble plus d’une centaine d’élus représentant les différents massifs (Alpes du Sud, Auvergne, Isère, Vosges, Jura, Pyrénées, Savoie et Haute-Savoie), va présenter début octobre la première Charte nationale en faveur du développement durable dans les stations.
Concrétiser l’engagement quotidien des maires pour un développement durable des activités économiques et touristiques dans les stations de montagne. Inciter ces maires à toujours mieux prendre en compte les objectifs du développement durable dans leurs politiques publiques et à valoriser leurs initiatives. Tels sont les principaux objectifs de cette charte pour le développement durable des stations, voulue par l’Association nationale des maires de stations de montagne (ANMSM), en partenariat avec l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) et l’association Mountain Riders.
Si l’on connaît aujourd’hui la philosophie globale du projet, impossible de savoir précisément les implications concrètes de cette charte, pas plus que les stations signataires de ce document, l’ANMSM – Ski France ne souhaitant pas s’exprimer sur ce texte avant sa publication officielle début octobre. Toutefois, Mountain Riders a bien voulu nous éclairer sur la genèse de ce projet, par la voix de Laurent Burget, responsable du pôle environnement de l’association : « Nous avons été chargés par l’Ademe et Ski France de faire une étude sur les chartes ou documents équivalents qui traitent du développement durable, à la fois en France et dans le monde. Nous avons recensé une soixantaine de textes, dont nous avons listé les points forts et les limites. A partir de là, nous avons tenté de déterminer la meilleure façon d’agir pour que cette charte débouche sur des résultats concrets. »
Etre incitatif sans tomber dans le laxisme
Les stations signataires de la charte s’engageront pour une durée de dix ans. Son application donnera lieu à la publication d’un rapport annuel et d’un audit tous les trois ans. « Aujourd’hui, le principal enjeu consiste à convaincre un maximum de stations d’adhérer à ce texte. Il ne faudrait pas que les signataires soient uniquement les stations qui font déjà beaucoup d’efforts en matière de développement durable. Il s’agit donc d’être suffisamment incitatif pour ne pas exclure celles aujourd’hui à la traîne », estime Laurent Burget. En même temps, Moutain Riders souhaite éviter de reproduire les erreurs constatées notamment aux Etats-Unis et au Canada avec la charte Sustainable Slopes. « Les concepteurs de ce texte ont été tellement incitatifs, voire laxistes, qu’après quelques années, toutes les stations ou presque sont certifiées mais plus rien ne se passe », déplore Laurent Burget.
Parallèlement à l’élaboration de cette charte, Ski France a demandé à dix stations de réaliser un « bilan carbone », afin d’évaluer l’impact des émissions de gaz à effet de serre. La station des Gets (Haute-Savoie) fait partie de ces volontaires. « Nous souhaitions depuis longtemps nous engager dans une démarche de ce type, nous avons donc logiquement saisi cette opportunité », explique Kerane Larue, chargé de développement et d’analyse à la mairie des Gets. Consciente que les déplacements touristiques sont les principaux vecteurs d’émission de gaz à effet de serre dans les stations, la commune a mis en place depuis plusieurs années des navettes gratuites, afin d’inciter ses visiteurs à limiter l’usage de la voiture, et compte promouvoir dans les années à venir l’utilisation des énergies renouvelables (bois-énergie, chauffe-eau solaire,etc).
De nouveaux aménagements piétonniers font partie des mesures en faveur du développement durable envisagées par la station des Gets
Ce bilan carbone va commencer à l’automne et devrait durer trois ou quatre mois. Il sera réalisé conjointement par les services de la mairie et un bureau d’études externes choisi par Ski France. Il devrait prendre la forme d’un questionnaire adressé aux différents acteurs de la station (commerces, hôtels, restaurants, remontées mécaniques,etc), dont les réponses seront ensuite analysées grâce à un logiciel informatique. « Les résultats de ce bilan nous serviront notamment à mettre en place notre concept de ’vacances climat neutre’, qui existe déjà en Suisse ou en Autriche mais pas encore en France. Il s’agit en quelque sorte de l’application à un niveau local du protocole de Kyoto, puisque nous nous engageons à racheter les émissions de gaz à effet de serre des touristes qui séjourneront chez nous, sous la forme de subventions versées à des associations qui agissent en faveur de l’environnement », conclut Kerane Larue.
Martin Léger