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5 questions à Marianne Chaud, réalisatrice de La Nuit nomade

Après les enfants et les femmes, Marianne Chaud termine sa trilogie himalayenne avec les derniers nomades des hauts-plateaux du Zanskar, au Ladakh.  La réalisatrice originaire des Hautes-Alpes leur consacre son troisième film, La Nuit nomade, qui sort en salles le 4 avril prochain. Nous l’avions rencontrée au dernier Festival d’Autrans en décembre 2011, où elle le présentait en toute avant-première.

actumontagne.com : La Nuit nomade est le 3e long-métrage que vous réalisez dans cette région du Ladakh indien. Connaissiez-vous ces nomades ladakhis, et en particulier Tundup, son héros, avant de réaliser le film ?
Marianne Chaud : Pas du tout. Cette rencontre a été totalement fortuite. En 2000, j’ai effectué un premier séjour au Ladakh que j’ai arpenté pendant six mois pour mes recherches universitaires. C’est lors de ce premier voyage que j’ai croisé ces nomades des hauts-plateaux du Zanskar, à 4800 m. Dix ans plus tard, après m’être intéressée aux enfants et aux femmes Ladakhis, à qui j’ai consacré mes deux premiers films, Himalaya, le chemin du ciel et Himalaya, la terre des femmes, j’ai souhaité revenir filmer ces nomades et leur mode de vie.

actumontagne.com : Vous ont-ils acceptées facilement, vous et votre caméra ?
Marianne Chaud : Je n’ai pas été acceptée d’emblée, mais j’y ai passé six mois, un temps nécessaire pour nouer le contact. Une véritable complicité s’est nouée avec le père, Tundup, dont je suis devenue un peu la confidente. Pour mes documentaires, je me fixe des règles, comme celles d’être dans une relation d’égalité avec eux, de ne pas m’imposer, et surtout de ne jamais faire faire quelque chose à mes interlocuteurs pour la caméra. Ils étaient conscients qu’ils étaient filmés et appréciaient de l’être. Parfois, Tundup en jouait !

actumontagne.com : Le fait que vous parliez la langue a sûrement facilité la communication avec eux…
Marianne Chaud : Oui, bien sûr, mais surtout cela évite l’exotisme. On se rend compte que l’on est pareil, que l’on a le même humour, les mêmes jalousies, comme le montre bien par exemple cette scène entre la femme de Tundup et moi dans laquelle elle me demande pourquoi je m’intéresse tant à son mari ! La Nuit nomade montre que dans son déclin, cette communauté se pose des questions universelles sur l’existence. La famille de Tundup est devant un dilemme que mes grands-parents dans les Hautes-Alpes ont rencontré un demi-siècle avant. Que faut-il faire se demandent ces familles nomades ? Vendre son troupeau, abandonner ses terres et partir à la ville comme beaucoup d’autres avant eux, ou rester au Karnac ? Je veux amener le spectateur à se dire : que ferais-je en pareille situation ?


actumontagne.com : Votre film sort en salle ce qui est rare pour un documentaire. Comment l’expliquez-vous ?
Marianne Chaud : J’ai cette chance que mon producteur (ZED) me suive ainsi qu’Arte, qui finance trois documentaires par an pour le cinéma. C’est effectivement ambitieux de le sortir en salle, car il est sous-titré, long (90 mn) et adopte un rythme volontairement lent, en rupture avec ce à quoi le public est habitué chez nous. Mais son propos universel – exode rural, conflit des générations, conditions de travail…- en fait un film très accessible.

actumontagne.com : Quels sont vos projets cinématographiques aujourd’hui ?
Marianne Chaud : J’aimerais raconter des histoires avec des acteurs, et donc réaliser une fiction himalayenne.

Propos recueillis par Sophie Chanaron


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