Mise en ligne hier sur Youtube, « La balade des gens heureux », est le dernier épisode de Bério Ski, une web-série apparue cet hiver, qui souhaite mettre en avant « du bon ski et de la bonne humeur ». Gaëtan Gaudissard, l’un des deux protagonistes du projet (avec Bastien Vidonne) dresse le bilan de cette première saison pour les héritiers de « Bon Appétit ».
Actumontagne : Comment est né « Bério Ski » ?
Gaëtan Gaudissard : L’hiver dernier, Bastien et moi avons participé à « Génération Bon’App ». Fabien Maierhoffer et Victor Galuchot avaient décidé d’arrêter leur web-série « Bon Appétit », mais souhaitaient mettre le pied à l’étrier de jeunes skieurs (Gaëtan, originaire d’Embrun, a 25 ans, et Bastien, de la Roche-sur-Foron, 24 ans, ndlr). Concrètement, nous avions chacun environ 2500 euros de défraiement, des skis et des vêtements Salomon, un drone et une Go Pro pour filmer, et surtout l’accompagnement de Fabien et Victor tout au long de la saison, avec l’objectif de présenter chacun notre film lors du High Five Festival d’Annecy, à l’automne 2019. A la base, nous ne nous connaissions pas avec Bastien. Mais on a un peu skié ensemble et pas mal échangé tout l’hiver à propos de nos films, en se faisant des retours mutuels. Cela nous a permis de nous rendre compte qu’on se retrouvait pas mal dans notre vision du ski. C’est comme cela qu’on a eu l’idée de monter notre web-série. Cela a été rendu possible grâce au soutien de Salomon (Vaude nous fournit également un peu de matériel de montagne).
Quelle est la « patte » Bério Ski ?
On essaie avant tout de montrer du bon ski et de la bonne humeur. Bastien comme moi aimons skier assez fort, donc nous cherchons des endroits qui nous permettent d’exprimer cet engagement, tout en étant esthétiques. Cela suppose un énorme travail de recherche du spot idéal en amont, en particulier cet hiver où les conditions n’arrêtaient pas de changer, parfois même du jour au lendemain. Le maître-mot, c’était de s’adapter, que ce soit en accédant aux spots par les remontées mécaniques, en ski de rando « pur » ou en mode freerando (mettre les peaux de phoque depuis le sommet d’une remontée mécanique). Mais l’essentiel, c’est que nous adorons être en montagne, et c’est aussi cela que nous souhaitons partager à travers nos vidéos.
Quels sont les moyens dont vous disposiez ?
Nous avons filmé tous nos épisodes avec des drones et des GoPro. Souvent, nous étions accompagnés d’amis sur nos tournages, à la fois pour avoir de bonnes synergies de groupe… et aussi parce qu’ils pouvaient nous aider à porter le matériel et nous évitaient ainsi de partir tous les deux avec un sac de 25 kilos ! Nous n’avons jamais engagé de cameraman en plus, ce qui nous évitait d’avoir la pression de « rentabiliser » une journée de tournage si les conditions étaient pourries. Nous faisons également le montage nous-mêmes. Bref, nous sommes en auto-production.
Comment avez-vous choisi les lieux de tournage des différents épisodes ?
Nous sommes restés entre la Tarentaise et le Chablais, où nous sommes établis respectivement, à Sainte-Foy pour moi, aux Gets pour Bastien. Notre budget pour Bério Ski n’est pas faramineux. Par conviction, afin d’éviter d’aggraver le dérèglement climatique, j’essaie aussi de limiter mes déplacements. Sans compter qu’il y a un gros avantage à aller filmer dans des endroits que tu connais déjà, car tu ne vas pas perdre une ou deux journées complète juste pour repérer les lignes que tu vas skier, comme cela peut être le cas lorsque tu débarques dans un nouveau spot. Or comme nous avons tous les deux travaillé comme moniteurs de ski cet hiver – deux semaines à Noël, trois semaines en février pour tous les deux, avec deux semaines de formation en plus à l’ENSA de Chamonix pour moi – le timing était assez serré.
Après Génération Bon’App l’an passé, 2019-20 était votre deuxième hiver de tournage vidéo. Qu’est-ce qui a changé par rapport à la saison dernière, sur quoi avez-vous progressé ?
Nous ne commettons plus d’erreurs un peu bêtes comme d’oublier de bien charger la télécommande du drone ! Nous nous sommes globalement améliorés sur la prise de vue. Nous n’avons pas eu d’images inexploitables. C’est aussi grâce à une amélioration de notre communication, entre celui qui filme au drone et celui qui skie. Ces discussions préalables à la descente elle-même, pour bien se coordonner et savoir quelle ligne l’autre va choisir pour descendre, pouvaient durer jusqu’à une demi-heure. Nous avons globalement davantage de réflexion en amont. Pour résumer, l’an dernier, on filmait et on voyait après coup ce que l’on pouvait faire des images. Cet hiver, on savait au préalable quelle aventure nous souhaitions raconter, et nous filmions en conséquence. Enfin, nous avons aussi plus d’efficacité sur le montage, même si celui-ci peut prendre une vingtaine d’heures pour sortir une vidéo de dix minutes.
Quel lien gardez-vous avec les Bon Appétit ?
On a notre propre projet, même si pour ceux qui nous ont découvert grâce à Génération Bon’App, on reste associé à Bon Appétit. Mais c’est normal en même temps, car ils nous ont mis le pied à l’étrier. Et ils ont encore été présents pour nous cet hiver. Nous avons notamment croisé Fabien cet automne aux Menuires, il nous a bien aidé à ficeler notre projet. Et pendant l’hiver, il nous a aussi donné des coups de main, que ce soit pour des conseils vidéos, des choix de spots ou de musiques, ou encore sur le montage. Bastien a aussi eu quelques échanges de terrain avec Victor. On avait prévu de tourner une vidéo tous les quatre au printemps, malheureusement c’est tombé à l’eau à cause du coronavirus.
Justement, quel est votre programme dans les semaines et les mois à venir ?
On espère que le confinement ne durera pas trop longtemps, afin de pouvoir tourner des images en mode ski de rando et en haute-montagne en fin de saison. L’an passé, j’avais filmé la grande majorité des séquences de mon film en mai et juin, donc il reste un espoir. Après, si la situation actuelle se prolonge, nous devrons nous contenter de faire un best of de la saison d’une dizaine de minutes. Nous avons sorti dix vidéos au total cet hiver : quatre épisodes (dont deux d’entre eux en deux parties, soit six vidéos) et quatre « chamoiseries », qui sont des bêtisiers compris entre une et trois minutes chacun. Mais dans tous les cas de figure, on prépare un contenu vidéo qu’on espère pouvoir présenter lors des festivals de l’automne (comme le High Five Festival d’Annecy ou le Winter Film Festival de Bourg-Saint-Maurice), même s’il n’y a encore rien d’acté officiellement pour l’instant. Et l’hiver prochain, il y a 90 % de chances que nous fassions une deuxième saison de Bério Ski. On doit déjà faire le bilan de cette première saison, mais en tout cas nous souhaitons continuer.
Propos recueillis par Martin Léger
Photo de une : Gaëtan Gaudissard (à gauche) et Bastien Vidonne, le duo des « Bério Ski » © Bério Ski