Le film de Rémy Tézier sur l’alpiniste Catherine Destivelle, intitulé “Passion des cimes”, primé dans de nombreux festivals de montagne, entame une nouvelle vie. Il est diffusé dans les salles de cinéma de la région Rhône-Alpes à partir du 18 mars. Catherine Destivelle nous parle de ce film superbe, émouvant et drôle.
Actumontagne.com : Comment est née l’idée de ce film ?
Catherine Destivelle : J’ai connu Rémy Tézier il y a quatre ans, lors du tournage d’un film sur l’escalade à La Réunion. Il souhaitait réaliser un film grand public sur la montagne, qui en donne une image plus accueillante et paisible que d’habitude (pas d’accident ni de morts…). Cette idée m’a beaucoup plu. Il voulait me faire grimper avec des montagnards connus, mais je lui ai suggéré l’idée de me filmer avec des gens de mon entourage, pour que ça sonne juste. Du coup, on sent une vraie complicité dans nos échanges, et cela me permet d’évoquer de façon naturelle des moments marquants de ma vie. En revanche, Rémy Tézier voulait filmer mon fils Victor en train de grimper, mais je n’ai pas accepté. Ce n’est pas son truc, l’escalade, c’est le mien. Et je trouve qu’il est trop jeune pour cela, je n’ai pas envie qu’il prenne la grosse tête. Sinon, je me reconnais plutôt bien dans le portrait que Rémy Tézier a brossé de moi. Notamment dans le fait que je suis aujourd’hui beaucoup plus dans le partage que dans la performance.
Actumontagne.com : Pouvez-vous nous raconter le tournage ?
Catherine Destivelle : Le tournage a eu lieu l’été 2006, dans le massif du Mont-Blanc. J’étais très contente de retrouver ces personnes, avec qui je n’avais pas grimpé depuis longtemps : ma sœur, une ancienne “élève”, et un ex-compagnon de cordée et de vie. Toute l’équipe de tournage était super motivée, donc ça s’est très bien passé. Ce qui me plaisait moins, en revanche, c’était de me faire parachuter en paroi en hélicoptère pour les besoins du film. Un très bon souvenir du tournage : le bivouac au Grépon. Une bonne partie de l’équipe était avec nous, une vingtaine de personnes, et nous avons fait un festin et une sorte de fête le soir, juste sous le sommet.
Actumontagne.com : Comment expliquez-vous le succès de ce film, et qu’est-ce que cela va changer pour vous ?
Catherine Destivelle : Je pense que ce film plaît beaucoup au grand public car il montre une image accessible de la montagne. Les spectateurs se disent : pourquoi pas moi ? Je suis vraiment contente si cela peut donner envie à certains de faire de l’alpinisme. Bien sûr, ce film augmente ma notoriété, et j’avoue que j’ai la trouille de prendre la grosse tête. Heureusement, mon entourage m’aide beaucoup. Il me regarde comme d’habitude, pas comme une star. Sinon, la célébrité isole. Je suis parfois regardée comme une martienne, et cela me dérange. J’ai besoin d’être rassurée par mes proches, pour voir dans leur regard que je suis normale. Je ne suis pas quelqu’un qui recherche la notoriété : ce n’est pas une fin pour moi, mais un moyen. Si cela peut créer l’événement et faire parler de la montagne, alors je l’accepte.
Propos recueillis par Jeanne Palay