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Coline Mattel ou le saut dans la peau

 

A seulement quatorze ans, Coline Mattel entamera déjà cet hiver sa troisième saison internationale de saut à skis. La jeune athlète des Contamines s’était révélée en février, en prenant la cinquième place des championnats du monde de Liberec, en République tchèque. Portrait.

En France, il n’y a guère qu’une dizaine de filles qui pratiquent le saut à ski en compétition. Il était pourtant écrit que Coline Mattel en ferait partie. « Mon grand-père, mon oncle et mon cousin sautaient. Mon père aussi, même s’il en a moins fait. Je n’en ai jamais vraiment parlé avec eux, mais il y a tout de même chez nous une tradition familiale du saut à ski. » Ajoutez-y un véritable engouement de Coline pour les activités aériennes – elle a déjà fait de l’hélicoptère et de l’ULM et projette d’essayer le parapente et la chute libre – et vous comprendrez mieux pourquoi la jeune fille a tout de suite aimé le saut à skis. « Je n’ai pas peur en l’air, au contraire. J’ai plutôt un sentiment de liberté. Et puis je suis d’une nature un peu casse-cou, j’ai toujours aimé les sensations fortes », rappelle Coline.
C’est pourtant un peu par hasard qu’elle a débuté la discipline, à l’âge de sept ans. « Je faisais du ski alpin au club des sports des Contamines. Les entraîneurs nous ont emmenés sur les tremplins des Houches pour un entraînement physique pendant l’été. J’ai commencé directement sur le tremplin de trente mètres, car je ne voulais pas perdre de temps sur le quinze. » Impatiente, Coline ? Oui et non, comme l’explique son entraîneur, Thierry Revilliod : « Elle est très accrocheuse et perfectionniste. Lorsqu’elle ne saute pas bien, elle n’hésite pas à recommencer encore et encore. Mais elle veut parfois tellement bien faire qu’elle peut s’impatienter si elle n’arrive pas à sortir le saut parfait. »

Très pro dans son entraînement

Lucide et presque étonnamment mûre pour son âge, Coline est bien consciente qu’elle doit aborder les compétitions de manière plus sereine. « Cette volonté de bien faire avait tendance à me paralyser. Du coup, je n’étais pas assez relâchée, alors que c’est essentiel pour bien sauter. » C’est d’ailleurs à partir du moment où elle a réussi à  ne plus se focaliser sur les résultats qu’elle a commencé à mieux marcher. « Alors qu’au cours de ma première année de compétition, je ne parvenais jamais à me qualifier pour les secondes manches (lors d’un concours, seuls les 30 premières de la première manche ont le droit de faire un deuxième saut, ndlr), j’y suis enfin parvenue à partir de l’automne 2008. Je crois que c’est simplement parce que j’ai réussi à mieux gérer le stress. »
Dès lors, Coline n’a cessé d’améliorer ses résultats au cours de l’hiver dernier – généralement entre la quinzième et la vingtième place – avant l’apothéose de la fin d’hiver : troisième des championnats du monde juniors, puis cinquième des mondiaux seniors. Le tout à seulement treize ans ! « Ce n’était pas un accident, estime Thierry Revilliod . Coline est douée et apprend vite. Elle est aussi très pro dans son entraînement, pas du tout gamine comme les garçons de son âge. »
Malgré cette progression rapide, Coline ne s’enflamme pas. « Cet hiver, j’espère être régulièrement dans les quinze premières sur les épreuves de coupe continentale (l’équivalent pour les filles de la coupe du monde, ndlr), et faire du mieux que je pourrai lors des championnats du monde juniors. Je préfère ne pas me fixer d’objectifs trop précis, pour ne pas risquer d’être déçue. Et puis, si je pense trop au résultat, j’ai tendance à me crisper. » Coline Mattel aurait pu mettre en œuvre ces sages préceptes à Vancouver en février, mais le CIO en a malheureusement décidé autrement*. L’espoir demeure cependant, puisque le saut à ski féminin pourrait intégrer le programme olympique à Sotchi, en 2014…
Martin Léger

*Plusieurs sauteuses à ski dénoncent la discrimination dont elles font l’objet de la part du CIO qui ne reconnait pas le saut à ski féminin. Grâce à leur mobilisation l’hiver dernier, le CIO pourrait revoir sa position et introduire cette discipline aux JO de Sotchi en 2014. A suivre !

 

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