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Gérard Brémond :

Gérard Brémond, président fondateur du groupe Pierre & Vacances, était de passage à Val d’Isère, à l’occasion de la réouverture de L’Aigle des neiges, totalement rénové et nouveau fleuron des hôtels Latitudes. Il évoque l’immobilier en montagne, la stimulation de la concurrence et les projets à venir de P&V dans les Alpes.

actumontagne.com : Créateur d’Avoriaz en 1967, vous avez fait preuve d’audace architecturale et d’innovation immobilière en imposant notamment le concept de résidence de tourisme. Près de 40 ans plus tard, votre groupe est devenu le leader européen du secteur. Quel est votre secret ?

Gérard Brémond : Avoriaz a été en quelque sorte l’université P&V. Nous y avons inventé et expérimenté beaucoup de choses. Nous ne parlions pas alors de développement durable. Cette station 3e génération a pourtant d’emblée été imaginée sans voitures, principe que nous avons ensuite dupliqué dans nos stations balnéaires. Nous y avons également construit nos premières résidences de tourisme. Ce concept, totalement novateur, a permis de développer des stations là où les chaînes hôtelières ne voulaient pas aller. Après Avoriaz, il y eut Val d’Isère, sur le secteur de La Daille, puis Antibes, Saint-Maximin, Les Menuires… La clé de réussite de ce concept est double : nous avions alors choisi de remplacer la chambre par un appartement et d’offrir aux acquéreurs des formules d’achat avec incitation fiscale, remboursement de TVA et rentabilité assurée (4,5 %). Le système a beaucoup plu et a été largement copié.

actumontagne.com : Avec quelque 10 000 appartements en montagne et trois marques (P&V, Résidences MGM et Maéva) vous êtes aujourd’hui le premier gestionnaire de lits en altitude. Comptez-vous élargir ce parc de résidences ?

G.B. : Nous sommes aujourd’hui plutôt engagés dans la rénovation avec de lourdes opérations. D’abord pour adapter nos produits à la demande des clients à la recherche de plus grands espaces. Nous avons investi 130 ME en 2003, 2004 et 2005 dans la rénovation de nos résidences, consacrant même deux-tiers de ce montant à celles installées en montagne. Et l’un de nos prochains chantiers sera La Daille de Val d’Isère : nous allons reconstruire 146 appartements avec 207 logements actuels pour un montant HT de 7,2 ME. Nous examinons, bien sûr, toutes les possibilités de construction neuve qui s’offrent à nous. Certaines municipalités ont des projets d’extension, à l’image d’Avoriaz qui a prévu 2 500 lits nouveaux lits. Mais les possibilités restent minces car le droit de construire des stations que nous visons est aujourd’hui plutôt réduit. La montagne d’altitude est la seule vraie valeur pour l’avenir. Car pour nous, la montagne, c’est d’abord l’hiver. Et l’hiver, c’est d’abord le ski. Et qui dit ski dit altitude et domaine skiable de vallée à vallée.

Fleuron de la marque Latitudes, L’Aigle des neiges, à Val d’Isère, entièrement rénové cette saison

actumontagne.com : La station Arc 1950 d’Intrawest fait le plein d’investisseurs et de touristes. Craignez-vous que cette nouvelle offre, tout comme la montée en gamme du Club Med, mettent à mal le développement du groupe P&V ?

G.B. : Le concept d’Intrawest est assez proche du notre et notamment des resorts que nous avons construit en bord de mer. Cela crée une véritable stimulation sur le marché des résidences de tourisme. Je ne suis nullement inquiet pour notre groupe. Cela engendre bien sûr un peu plus de tension sur les produits à forte valeur ajoutée. Intrawest et nos résidences MGM se retrouvent aujourd’hui en frontal. Mais à nous de jouer sur la segmentation de nos produits. Et les hôtels Latitudes que nous comptons déployer dans les trois ans à venir devraient également nous permettre de capter une clientèle étrangère haut de gamme. Nous avons en effet l’ambition de porter notre parc hôtelier Latitudes de onze unités à une vingtaine en 2008, en nous implantant dans des stations de renommée internationale. Ce développement à la mer et à la montagne sera réalisé via des constructions ou des acquisitions, car il y a des opportunités avec de nombreuses entreprises familiales qui souhaitent passer la main. Après 40 ans de résidence de tourisme, nous faisons le pari de développer également l’hôtellerie sur le même principe d’exploitation et de rentabilité d’investissement (4,5%) mais en vendant des chambres en lieu et place des appartements. Quant à la montée en gamme du Club Med, je dirais deux choses. Je me félicite d’abord de cette orientation. Cela a un effet d’entraînement salutaire pour la montagne française dans la compétition qu’elle se livre aujourd’hui avec la Suisse et l’Autriche. Ensemble, mais avec nos spécificités respectives, (eux les clubs animés, nous les appartements), nous tirons la montagne française par le haut. Deuxième élément, nous partageons certaines clientèles, mais nos produits répondent à des aspirations différentes. Je suis donc confiant. Pour Pierre et Vacances. Et pour la montagne française.

Propos recueillis par Nathalie Ruffier

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