Yves Exbrayat devant le palais des sports

« J’ai assisté à toutes les épreuves de ski alpin des JO de Grenoble »

En février 1968, Yves Exbrayat, directeur de l’Office de Tourisme Grenoble Alpes Métropole, a 13 ans et demi. Durant toute la quinzaine des Jeux olympiques de Grenoble, il est en vacances à Chamrousse, « The place to be» ! Le jeune Grenoblois va vivre en direct, avec ses yeux d’enfant, toutes les épreuves de ski alpin. 50 ans plus tard, souvenirs, souvenirs !

Actumontagne : Avez-vous des souvenirs de la transformation de Grenoble avant les Jeux ?
Yves Exbrayat 
: Bien sûr ! J’avais un oncle et une tante qui habitaient place Paul Mistral. De la fenêtre de leur appartement, je voyais les énormes chantiers entrepris au cœur de celui que les Grenoblois appelaient encore, le parc des Expositions, en référence à l’exposition de 1925. Dominé par la tour Perret, se construisaient dans ce terrain vague, l’Hôtel de Ville, l’anneau de vitesse et surtout le Palais des sports. Son architecture  spectaculaire m’impressionnait. Je me demandais comment quelqu’un avait pu imaginer un tel bâtiment et comment il pouvait tenir debout !

Actumontagne : En février 1968, vous étiez donc collégien  ?
YE
 : Oui, j’étais en 4e au lycée Mounier de Grenoble. Mes notes n’étaient pas brillantes et je dois mon passage en 3e aux Jeux olympiques et à mai 68 ! En effet, le lycée a fermé au moins trois semaines pour les Jeux, puis les événements de mai sont arrivés. Du coup, l’année scolaire 1967-1968 a été complètement tronquée. Tout le monde est passé dans la classe supérieure ! Dès lors, arrivé en 3e, je suis devenu plutôt bon élève !

Actumontagne : Au collège, vous parliez des Jeux olympiques ?
YE
 : Bien sûr ! C’était un événement majeur. Nos professeurs nous avaient demandés de tenir notre journal pendant les Jeux. Je me rappelle avoir rempli un cahier et rassemblé de nombreuses coupures de presse pour les coller à l’intérieur. Je l’ai malheureusement perdu.

Actumontagne : Où avez-vous vécu les Jeux ?
YE
 : A Chamrousse. Mes parents, dentistes à Pont-de-Claix, adoraient la montagne. Ils avaient acheté un appartement à Roche-Béranger en 1967. Depuis tout petits déjà, ils nous emmenaient avec mon frère dans la station pour skier et faire du ski de rando. Nous fréquentions aussi le groupe compétition de l’école de ski. Pour nous, Chamrousse, c’était la plus grande station du monde et elle accueillait toutes les épreuves de ski alpin. Avec les copains, nous allions nous balader dans le village olympique, où l’on croisait des têtes connues, Guy Périllat notamment. Ces Jeux étaient les premiers vraiment médiatisés, mais l’organisation restait encore bonne enfant !

Actumontagne : Gardez-vous des souvenirs précis des épreuves ?
YE
 : Oui, pour au moins deux d’entre elles. La descente hommes tout d’abord, tracée sur la piste de Casserousse. On accédait très facilement à la piste en remontée mécanique. J’avais repéré une belle bosse. Les skieurs décollaient fort et nombre de photographes de presse s’étaient postés là ! Je me souviens avoir vu passer Killy en trombe. Je ne sais plus comment, mais j’ai appris pendant la course qu’il avait devancé Guy Périllat, alors en tête. A ce moment-là, j’ai su que la médaille d’or était pour Killy, car derrière, la concurrence était inexistante.

Actumontagne : Et l’autre épreuve ?
YE
 : C’est le fameux slalom qui s’est déroulé dans une vraie purée de pois ! Nous étions très proches des coureurs, mais nous les voyions à peine passer. Quand, je suis rentré à la maison, Karl Schranz était en or et nous, nous étions déçus que Killy, déjà médaillé d’or en descente et en géant, ne réussisse pas le triplé. Et puis rebondissement, nous apprenions dans la soirée, sans doute à la télévision que mes parents avaient achetée pour les Jeux, que l’Autrichien était disqualifié pour avoir manqué deux portes du slalom !

Actumontagne : Grenoble célèbre cette mémoire olympique comme il se doit ?
YE
 : Oui et pour nos métiers du tourisme, c’est une excellente chose, car nous pouvons parler de Grenoble autrement que sous l’angle des bouchons, de la pollution ou de l’insécurité ! C’est Grenoble cœur des Alpes, Grenoble ville de l’innovation, Grenoble cité culturelle… De nombreuses festivités sont prévues en février. L’OT GAM y participe en se mettant aux couleurs olympiques et en proposant notamment deux visites guidées inédites spécial JO, dont une en gyropode électrique !

Propos recueillis par Sophie Chanaron
 

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