Samedi 28 mars, la Rosière fête son champion, Joël Chenal, qui a décidé de mettre un terme à sa carrière. Avant de participer à un dernier slalom d’exhibition avec les JB Grange, Julien Lizeroux et autres Ted Ligety, le vice-champion olympique de slalom géant 2006 s’est confié à www.actumontagne.com
Actumontagne.com : Quand et pourquoi avez-vous décidé d’arrêter votre carrière ?
Joël Chenal : J’ai 35 ans, une petite fille de six mois (Victoria Lou) dont j’ai envie de profiter, il était temps de tourner la page. De plus, depuis deux saisons, j’avais le sentiment de ne plus progresser. J’ai encore le niveau technique et mental pour m’en sortir honorablement –je finis 27ème de la coupe du monde de géant, c’est loin d’être ridicule – mais ce n’est plus suffisant pour jouer la gagne. Et puis avec une victoire en coupe du monde et une médaille olympique, j’ai le sentiment d’avoir fait le tour de la question. J’avais choisi d’arrêter dès le mois d’octobre dernier.
Actumontagne.com : Votre non-sélection pour les championnats du monde de Val d’Isère n’a donc pas influencé votre décision ?
Joël Chenal : Non, même si ça a bien sûr été une grosse déception pour moi. C’est sans doute le plus grand regret de ma carrière. Mais je dois reconnaître qu’aucun des quatre géantistes français sélectionnés pour Val d’Isère (Thomas Fanara, Jean-Baptiste Grange, Cyprien Richard et Gauthier de Tessières) n’avait volé sa place. J’ai eu l’occasion de me qualifier sur la piste pour ces mondiaux, je n’ai pas su saisir ma chance, je ne peux m’en prendre qu’à moi-même.
Actumontagne.com : Comment avez-vous vécu ces mondiaux de Val d’Isère ?
Joël Chenal : Je suis allé sur place pour profiter de l’ambiance. J’ai eu la chance de vivre le slalom messieurs depuis le bord de la piste, en compagnie des entraîneurs. Lorsque j’ai vu que Jibé (Grange) partait avec le dossard numéro 1, avec tout ce monde dans l’aire d’arrivée, j’ai ressenti une grosse tension. J’en avais même les jambes coupées, bien plus que si j’avais pris le départ en tant que coureur !
Actumontagne.com : Quel est le meilleur souvenir de votre carrière ?
Joël Chenal : C’est incontestablement ma médaille d’argent lors du slalom géant des Jeux olympiques de Turin en 2006. Parce qu’une médaille aux JO, c’est la consécration, la reconnaissance suprême pour n’importe quel sportif de haut niveau.
Actumontagne.com : Qu’est-ce qui vous a le plus marqué au cours des quatorze années que vous avez passées en équipe de France ?
Joël Chenal : L’ambiance magnifique qu’il y règne depuis que le groupe technique (rassemblant les géantistes et les slalomeurs, ndlr) a été mis en place il y a deux ans. Avant, les géantistes et les slalomeurs se regardaient avec une certaine défiance. La création de ce groupe a réglé ce problème et engendré une cohésion très forte entre les athlètes et les coachs. La concurrence est nécessaire au sein d’un groupe. Ça crée une saine émulation. J’ai aussi le sentiment qu’avec ce groupe, les jeunes skieurs sont prêts plus tôt.
Je voulais au passage remercier les entraîneurs de m’avoir invité à Are (il a disputé l’épreuve par nations lors des finales de la coupe du monde, pour lesquelles il ne s’était pas qualifié à titre personnel, ndlr). J’ai vraiment apprécié d’avoir pu profiter une dernière semaine de la vie de groupe, d’autant plus qu’elle s’est terminée en apothéose avec le globe du slalom pour Jean-Baptiste Grange.
Actumontagne.com : Quels sont désormais vos projets ?
Joël Chenal : Dans l’immédiat, je compte profiter de ma fille et de ma compagne. Comme cette dernière est originaire de Paris, je vais passer mon temps entre la Rosière et la capitale. A plus long terme, je ne sais pas encore ce que je vais faire.
Propos recueillis par Martin Léger
Palmarès :
165 départs en coupe du monde (1ère course le 19 novembre 1995 lors du slalom de Beaver Creek) , trois participations aux Jeux Olympiques (1998, 2002 et 2006), cinq participations aux championnats du monde (1999, 2001, 2003, 2005, 2007).
Vice-champion olympique de slalom géant en 2006
37 « top 10 » en coupe du monde (dont une victoire lors du slalom géant d’Alta Badia en 1999 et trois autres podiums).
Cinquième du classement final de la coupe du monde de géant en 2000, 8ème en 2004, 9ème en 2002.