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Julien Lizeroux : « Une saison de référence »

Dans le sillage de son leader Jean-Baptiste Grange, Julien Lizeroux réalise lui aussi une saison remarquable. Grâce à huit « top 10 » en neuf courses disputées *, le skieur de la Plagne occupe la sixième place provisoire de la coupe du monde de slalom. Interview.

Actumontagne.com : Tes résultats actuels dépassent-ils les objectifs que tu t’étais fixés en début de saison ?
Julien Lizeroux : Oui, puisque initialement, je voulais rentrer dans le top 15 mondial en slalom et me mettre au super-combiné afin de dépasser les 400 points coupe du monde pour obtenir de meilleurs dossards dans les autres disciplines que le slalom. Je suis en première série en slalom (ce qui concrètement lui permet d’être sûr d’hériter d’un dossard compris entre 1 et 7 sur chaque course) et j’ai déjà marqué 410 points au classement général cette année, alors qu’il reste encore des courses à disputer. Je peux donc parler de saison de référence.

Je suppose que tu as aujourd’hui des ambitions plus élevées…
Evidemment. Etant donné que j’ai réussi à intégrer le top 15 assez rapidement, ensuite l’objectif c’était d’aller chercher devant. De toute façon, je prends toujours le départ d’une course en me disant que j’ai une chance de la gagner. Le jour où je ne serai plus dans cet état d’esprit, j’arrêterai.

Aller chercher devant, ça veut dire faire un podium ?
J’espère y parvenir, mais ce n’est pas une obsession. Je n’aime pas trop me fixer des objectifs chiffrés de résultats, car il y a toujours un risque d’être déçu. Ce qui m’importe, c’est davantage l’attitude. J’essaie simplement de courir chaque manche à fond, et je regarde le résultat à la fin de la course.

Que te manque t-il aujourd’hui pour gagner en coupe du monde ?
Si j’avais la recette miracle, je l’aurais déjà appliquée depuis longtemps (rires) ! Plus sérieusement, je pense que je pêche parfois par gourmandise. Il faut que j’arrive à trouver le juste milieu entre prises de risques et maîtrise de la vitesse. Je dois être capable d’attaquer un tout petit moins dans les parties raides pour faire moins de fautes, et à l’inverse de davantage lâcher les chevaux sur les parties plates.

Tu fais preuve d’une régularité remarquable depuis le début de l’hiver (aucun abandon en 12 courses disputées), comment l’explique-tu ?
Je pense qu’elle est liée à mon attitude sur les skis. J’ai toujours été un guerrier sur la neige. Même si je fais des fautes, je ne me laisse pas sortir du tracé, car je sais qu’il y a toujours moyen de limiter la casse derrière. Lors du super-combiné de Val d’Isère par exemple, malgré une faute énorme dans le slalom, j’ai signé le troisième temps de la manche, ce qui m’a permis de remonter de la 30ème à la 9ème place au final. Ça vaut donc le coup de se battre pour passer la ligne d’arrivée coûte que coûte. Cette régularité, qui n’était pourtant pas mon point fort par le passé, c’est aussi le résultat des nombreuses gammes qu’on a fait cet été à l’entraînement. Elle découle aussi de la confiance accumulée depuis le début de l’hiver. J’ai commencé la saison par une huitième place à Reiteralm. Après une telle performance, c’est beaucoup plus facile d’enchaîner les bons résultats derrière.

Les pistes de Kranjska Gora et de Bormio, qui accueilleront les deux derniers slaloms de l’hiver, conviennent-elles à tes qualités ?
J’ai toujours apprécié Kranjska Gora, qui est l’une des « classiques » de la coupe du monde. Mais je crois au fond que le profil de la piste n’a pas beaucoup d’importance. La plus grande qualité d’un sportif, c’est de savoir s’adapter en permanence aux conditions qui ne sont jamais les mêmes d’une course à l’autre. Et puis avec la confiance, tout est plus facile. Par exemple, j’ai terminé 5ème du slalom de Garmisch, couru sur une pente très raide et verglacée qui a priori ne me convenait pas.

Comptes-tu prochainement t’aligner dans d’autres disciplines que le slalom et le super-combiné ?
Oui. Etant donné que j’ai marqué plus de 400 points au classement général de la coupe du monde cette année, je vais pouvoir disputer le slalom géant des finales de Bormio. Cet hiver, je n’avais pas encore couru de géant en coupe du monde parce que je n’avais pas encore le niveau et qu’il y a d’autres Français meilleurs que moi dans cette discipline (chaque nation dispose d’un quota de coureurs au départ d’une course, ndlr). Mais à Bormio, c’est un peu différent car je ne vais pas « piquer » la place d’un de mes camarades d’équipe. Ce sera un bon test en vue des années à venir.

Penses-tu déjà aux championnats du monde qui se tiendront l’an prochain à Val d’Isère ?
Oui, mais ça ne m’obnubile pas pour autant. Je sais que nous serons attendus par le public français – notamment en slalom – mais ça ne me fait pas peur. C’est évident que l’objectif sera d’aller chercher des médailles, mais il ne s’agira pas de changer notre manière de nous préparer pour autant. Il faut juste se servir de nos qualités et travailler encore plus à l’entraînement. Si malheureusement on devait passer à travers, on n’ira pas creuser notre tombe. A l’inverse, si on réussit, on n’ira pas fanfaronner à tous les coins de rue. Même si les mondiaux constituent un objectif majeur , il ne faut pas oublier la coupe du monde.

Propos recueillis par Martin Léger

Vous souhaitez encourager Julien ou en savoir plus sur le skieur de la Plagne ? Rendez-vous sur son site web : www.lizeroux.com

* La saison de Julien Lizeroux :
En slalom : 4ème à Kitzbühel, 5ème à Garmisch-Partenkirchen, 6ème à Schladming et à Wengen, 7ème à Adelboden, 8ème à Zagreb et Reiteralm, 9ème à Alta Badia, 15ème à Bad Kleinkirchheim. Il occupe la 6ème place du classement provisoire de la coupe du monde de la spécialité, à 142 points du leader, son compatriote Jean-Baptiste Grange. A deux courses de la fin, il peut encore mathématiquement remporter la coupe du monde, même si c’est peu probable car il lui faudrait un concours de circonstances très favorables.
En super-combiné : 5ème à Chamonix, 9ème à Val d’Isère, 15ème à Wengen. Il a terminé à la 11ème place du classement final de la coupe du monde de la spécialité, remportée par Bode Miller.

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