La 34ème édition de cette épreuve de masse, qui rassemble chaque année plus de 7000 personnes, se déroule du 18 au 22 janvier à Autrans. Interview de Michèle Arnaud, présidente de l’association qui organise cet événement.
Comment est née la Foulée Blanche ?
Grâce à la Société Générale ! Après avoir vu des images de la victoire de Jean-Paul Pierrat à la Vasaloppet (la plus grande course de ski de fond au monde, qui a lieu chaque année en mars en Suède et réunit près de 15 000 personnes), la banque a voulu créer un événement populaire similaire, ouvert à tous. Les responsables du projet se sont naturellement adressés à Autrans, qui avait à la fois les infrastructures nécessaires et l’expérience d’organisation de grands événements, grâce aux Jeux olympiques de 1968. La première édition a eu lieu en 1979.
Le succès a-t-il tout de suite été au rendez-vous ?
Oui. Il faut dire que la course était entièrement gratuite à l’époque, de l’inscription au prêt du matériel, en passant par le transport en bus depuis Grenoble. Tout était financé par la Société Générale. Au milieu des années 1980, on a eu jusqu’à 18000 inscrits, même si avec les défections de dernière minute nous n’avions plus « que » 11 700 classés.
L’épreuve aurait pourtant pu disparaître…
En effet. A partir de la fin des années 1980 – début des années 1990, la Société Générale a commencé à se désengager, d’où une épreuve qui n’était plus gratuite. De plus, nous avons eu un enneigement déficient, ce qui nous a obligés à nous replier sur le plateau de Gève (le site d’altitude d’Autrans). Ça ne correspondait plus l’image de grands espaces qu’avaient en tête de nombreux participants. Le développement du skating a aussi joué en notre défaveur. Comme le style est libre (c’est encore le cas aujourd’hui pour l’épreuve reine du dimanche), il y avait un mélange entre les participants en alternatif et ceux en skating, ce qui créait une certaine cohue. On n’avait plus que 2500 à 3000 fondeurs au début des années 1990.
Comment avez-vous enrayé ce déclin ?
En créant des épreuves « satellites », comme la Foulée des Jeunes en 1994. Les jeunes représentent près de 4000 participants (sur 7000 au total pour l’ensemble des épreuves de la Foulée Blanche). On constate à chaque fois un vrai engouement de leur part. Certes, le ski de fond est un sport individuel, mais on peut le pratiquer en groupe, ce qui permet une émulation, sans oublier des fous rires lorsqu’il y a des chutes ! Il y a aussi un intérêt pédagogique certain, avec notamment toutes les thématiques autour du développement durable (la Foulée Blanche est en passe d’être labellisée 1er « éco-événement » en Isère).
Comment résumeriez-vous l’esprit de la Foulée Blanche aujourd’hui ?
C’est avant tout une grande fête du ski de fond, qui permet le mélange de tous les amoureux de ce sport, qu’ils soient amateurs ou grands champions (ces dernières années, d’immenses athlètes comme Raphaël Poirée ou Vincent Vittoz ont participé à l’épreuve). Il y a vraiment une âme sur cet événement qui met aussi avant toutes les facettes du nordique. La Foulée Blanche permet aussi une valorisation du territoire. C’est un point très cher à la région Rhône-Alpes et au Conseil général de l’Isère, deux partenaires majeurs sans qui cette manifestation ne pourrait pas continuer.
Propos recueillis par Martin Léger