Maud Durand, la gardienne de l'eau de Saint-Gervais ©Jérôme Galland

La gardienne de l’eau

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Venue des profondeurs du massif du alpin, l’eau thermale de Saint-Gervais fait depuis plus de 200 ans, la réputation de la destination. Depuis 20 ans, c’est Maud Durand, responsable de production, qui veille sur sa qualité. Cette spécialiste en biotechnologies nous détaille ses missions au sein des Thermes, dont l’exploitation a été reprise par L’Oréal en novembre 2016.

Actumontagne : Comment êtes-vous arrivée aux Thermes de Saint-Gervais ?
Maud Durand : J’ai quitté le service R&D de BioMérieux à Lyon pour suivre mon mari qui venait travailler au Pays du Mont-Blanc. Les thermes de Saint-Gervais cherchaient une personne pour s’occuper de la qualité sanitaire de l’eau. Au départ, je pensais ne rester que quelques années dans l’entreprise. J’y suis toujours ! Le thermalisme est un métier qui évolue tout le temps et qui croise de nombreux domaines : le médical avec les soins, le process industriel avec la distribution d’eau, l’hydrologie, la géologie… C’est hyper passionnant !

Actumontagne : Que faites-vous exactement ?
MD : Je m’occupe du suivi de la qualité et de la quantité de l’eau thermale, de son forage, de son pompage et de sa distribution aux curistes et aux clients des bains. Avec une équipe pluridisciplinaire, je m’occupe aussi de l’hygiène dans l’entreprise (postes de soin, locaux, tuyaux, linge, surfaces), avec une norme exigeante. Je suis également accompagnée d’une équipe de techniciens pour le suivi de la maintenance préventive et corrective, de toutes les installations. Enfin, j’ai en charge la satisfaction client dans le cadre de la labellisation Aquacert, obtenue en 2013. Ce label garantit la sécurité sanitaire du produit thermal tout au long de son parcours, du point de forage à celui de sa distribution.

Actumontagne : Vous êtes donc la gardienne de l’eau thermale de Saint-Gervais ?
MD : C’est notre directrice générale, qui m’a désignée ainsi en arrivant ! Tous les matins, quand que je prends mon poste, je regarde l’état de la qualité de l’eau, suivie 24h sur 24. La ressource que l’on donne aux patients et aux clients doit être la même que celle qui sort des forages de Lépinay et de Mey, agréée par l’Académie de Médecine. Les principaux caractères physico-chimiques de notre eau, reconnue depuis plus de 200 ans pour ses effets bénéfiques en dermatologie et sur les voies respiratoires, doivent être stables dans le temps. Et sa qualité bactériologique irréprochable. Nos process sont comparables à ceux de l’industrie pharmaceutique ou agro-alimentaire.

© Thermes de Saint-Gervais

Actumontagne : D’où vient l’eau de Saint-Gervais ?
MD : Elle est issue de l’eau de pluie qui s’infiltre dans les sommets du massif du Mont-Blanc, circule tout doucement dans les couches géologiques très profondes. Se faisant, elle se charge en minéraux et monte en température. Elle atteint vraisemblablement les 80°C, pour refroidir en remontant et sortir autour de 39°C aux points de forage. Nous sommes en train de faire la dater l’eau au carbone 14, mais elle a plusieurs milliers d’années.

Actumontagne : Rappelez-nous les principales propriétés de cette eau du Mont-Blanc ?
MD : Cette eau thérapeuthique, dont la concentration en minéraux est 30 fois plus élevée que celle d’une eau de table, est avant tout anti-inflammatoire en raison de sa forte teneur en souffre. Elle est aussi anti-oxydante et anti-radicalaire. Notre eau thermale n’est pas miraculeuse, mais elle est exceptionnelle, et particulièrement recommandée en prévention, via les Bains du Mont-Blanc.

Actumontagne : Justement, les Bains diposent-ils de la même exigence de qualité que le côté cures ?
MD : Absolument, et c’est notre point fort dans un contexte qui voit fleurir de nombreux spas. Lorsqu’en 1998, l’établissement a développé l’espace bien-être, la direction a voulu avoir les mêmes exigences sanitaires que du côté cures. Tous nos bassins sont en eau thermale, dont 95% des minéraux sont conservés, malgré l’ajout d’un peu de chlore. L’eau des bassins est renouvelée en continu. En terme d’exploitation, cette exigence sanitaire représente un surcoût, mais c’est ce qui fait que notre parcours santé est unique dans la région et vivement recommandé pour se faire du bien !

Propos recueillis par Sophie Chanaron

 

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