Originaire de La Plagne, Agathe Bessard a connu très jeune le skeleton, ce sport où l’on descend une piste de bobsleigh à plat ventre, la tête en bas. Membre de l’équipe de France, elle a désormais un objectif majeur, les JO d’hiver de 2022 à Pékin. Un objectif auquel elle sacrifie tout, sauf ses études à la fac de Grenoble !
Actumontagne. Comment en vient-on à se consacrer au skeleton, un sport relativement peu connu ?
Agathe Bessard : Je connais ce sport depuis l’enfance, car mon père est directeur technique de la piste de bobsleigh de La Plagne. Voir des athlètes le pratiquer m’a toujours donné envie d’en faire aussi. Dès que j’ai essayé, j’ai tout de suite accroché, et je n’ai plus arrêté, depuis l’âge de 14 ans.
Actumontagne : Qu’est-ce qui vous attire dans ce sport ?
A. B. La vitesse et l’adrénaline. Comme on est allongé à plat ventre, la tête en bas, le sol défile très vite. On va tellement vite qu’on voit juste du blanc passer sous ses yeux. Mon record de vitesse est de 139 kilomètres à l’heure ! J’aime aussi les sensations de pilotage. Dans les virages, on appuie avec les épaules et les genoux pour essayer d’avoir la meilleure trajectoire possible. Mais une course se joue aussi au démarrage, dans la poussée : un moment très explosif, où l’on est à fond tout de suite. Les descentes durent entre 50 secondes et 1 minute 10. Donc le skeleton, c’est du concentré de sensations.
Actumontagne : Quels sont vos palmarès et vos objectifs ?
A. B. J’ai obtenu la médaille de bronze aux JO de la jeunesse de Lillehammer en 2016, et le titre de vice-championne d’Europe junior en 2019 et en 2020. Mon objectif actuel, c’est clairement les jeux olympiques de 2022 à Pékin. En premier lieu, être sélectionnée pour y participer : si je continue sur ma lancée, c’est tout à fait possible. Je souhaite aussi faire connaître ce sport assez méconnu en France, et contribuer à sa médiatisation par mes résultats.
Actumontagne : Comment organisez-vous votre vie pour réaliser ces objectifs ?
A. B. Ma vie tourne clairement autour du skeleton. Je m’entraîne toute l’année au sein de l’équipe de France : l’automne et l’hiver sur piste, tandis qu’en intersaison, nous travaillons plus spécifiquement le départ, avec musculation, athlétisme, poussée… Il y a une petite coupure en avril-mai, où je reprends les cours à la fac, car je suis étudiante en Staps (Sciences et techniques des activités physiques et sportives), à Grenoble. Je bénéficie du dispositif Inter’Val, réservé aux sportifs de haut niveau, avec beaucoup de travail par correspondance, et une présence à la fac en dehors de la saison de compétition. Cela demande beaucoup de discipline, mais je suis très motivée.
Propos recueillis par Jeanne Palay
photos ©Jordan Billard