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Laurent Reynaud : “Aller vers plus de ludique”

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A quelques jours de la fin de la saison de ski –seuls les domaines de Val Thorens, des Grands Montets et de Tignes sont encore ouverts, jusqu’au mardi 8 mai inclus – Laurent Reynaud, délégué général de Domaines Skiables de France, le syndicat qui fédère quelque 250 exploitants de remontées mécaniques, dresse un bilan de l’hiver 2011-2012. 

 

Actumontagne.com : Quel regard portez-vous sur la saison 2011- 2012 ?
Laurent Reynaud : C’était une belle saison pour le ski, avec beaucoup de belles images de poudreuse grâce à un enneigement conséquent. Pour les opérateurs de domaines skiables, c’était une bonne saison, avec une fréquentation (nombre de journées-skieurs) en hausse de
2 % par rapport à l’hiver 2010-2011. On note toutefois d’importantes disparités, avec les Alpes du Nord et le Jura qui ont fait une très bonne saison, pendant que le bilan est nettement plus mitigé dans les autres massifs. La fréquentation a été au mieux stabilisée, voire en recul par rapport à l’hiver dernier dans les stations proches de la Méditerrannée, celle du Sud du Massif Central, des Vosges et des Pyrénées, à cause du manque de neige.

Actumontagne.com : L’enneigement a pourtant été globalement meilleur que l’hiver dernier…
Laurent Reynaud : Oui, il a été assez exceptionnel, notamment en Tarentaise, où il a atteint un niveau qu’on n’avait plus vu depuis le milieu des années 1980. Du coup, la neige de culture n’a servi que là où il y avait vraiment un manque de neige, et non pas de manière « préventive », comme l’hiver dernier. Selon les stations, la fabrication de neige de culture a reculé de 20 à 60 % par rapport à l’hiver passé.

Actumontagne.com : La crise économique impacte-t-elle le ski ?
Laurent Reynaud : Non. Il n’y a guère eu d’incidence sur la consommation du produit ski lui-même, comme le montrent les chiffres de fréquentation. Cela étant, les gens qui partent en vacances à la neige sont obligés de faire des arbitrages dans leur budget, mais ça ne se fait pas – ou très peu – au détriment du ski. Ce sont plutôt d’autres prestations qu’on peut acheter en station qui en pâtissent, comme par exemple la restauration.

Actumontagne.com : Comment faire pour maintenir ce haut niveau d’activité ?
Laurent Reynaud : Les opérateurs de domaines skiables doivent rester vigilants. Il faut déployer des trésors d’inventivité. Aujourd’hui, le client n’aime pas se sentir « enfermé ». Il ne veut payer que ce qu’il consomme réellement. C’est pourquoi les formules comme le ski à l’heure, à la carte, les forfaits qu’on peut recharger sur son smartphone,etc, sont amenés à gagner du terrain. Le client veut pouvoir acheter son forfait différemment. Aujourd’hui, la vente sur Internet représente 5% du chiffre d’affaires global, mais on devrait atteindre les 10 % d’ici cinq ans. Les forfaits multi-activités (accès aux piscines, patinoires, palais des sports… en plus du forfait de ski lui-même) ont aussi le vent en poupe. D’une manière générale, si le produit ski reste encore le principal atout des stations – c’est d’abord pour skier ou pour accompagner des gens qui skient qu’on vient à la neige – il faut le rendre plus ludique. Ça passe par un développement des activités après-ski, mais aussi par l’aménagement de zones ludiques sur les domaines skiables, ou de dispositifs tels que ceux de Freestyle Park (qu’on retrouve à l’Alpe d’Huez, Avoriaz, Chamonix, La Plagne, Les Arcs, Les Ménuires, Méribel et Val Thorens), où on est filmé sur un module du snowpark et on reçoit instantanément la vidéo sur son smartphone. Aujourd’hui, à travers un forfait de ski, on vend autant un sport qu’une expérience.

capture d’écran du dispositif Freestyle Park
capture d’écran du dispositif Freestyle Park

Actumontagne.com : Les résultats de l’élection présidentielle peuvent-ils avoir des conséquences pour l’activité des stations de ski ?
Laurent Reynaud : La montagne n’est ni de gauche, ni de droite, elle est montagnarde. Il n’y a donc pas d’influence particulière à attendre, et ce que Nicolas Sarkozy se maintienne au pouvoir ou que François Hollande lui succède. Domaines Skiables de France mène depuis plusieurs années une politique sociale innovante afin de pérenniser les emplois des saisonniers, qui représentent 80 % des salariés des opérateurs de domaines skiables français. Parmi les mesures les plus récentes figurent l’accord du 16 juin 2010 sur la mis en place de Certificats de Qualification Professionnelle (le premier CQP a été celui de conducteur d’engins de damage), ou encore l’accord signé en décembre 2011 avec le Crédit Agricole de Savoie, qui assure aux employés des remontées mécaniques de pouvoir ouvrir un compte et surtout de pouvoir emprunter, ce que les banques refusent à de nombreux saisonniers en général. Mais il faut dire que les saisonniers des sociétés de remontées mécaniques sont plus stables que ceux d’autres secteurs, puisqu’ils ont en moyenne 8 ans d’ancienneté, ont plus de 35 ans pour les deux tiers, sont à 60 % propriétaires de leur logement et pour 90 % d’entre eux ne sont pas en recherche d’emploi pour l’été.

Propos recueillis par Martin Léger

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