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Le Critérium du Dauphiné 2012 décrypté

Le 64ème Critérium du Dauphiné, qui se déroule du 3 au 10 juin, permettra d’avoir des indications intéressantes sur l’état de forme des principaux favoris du Tour de France. Bernard Thévenet, vainqueur de la Grande Boucle en 1975 et 1977, nous apporte son éclairage avisé.

Actumontagne.com : Le Critérium 2012 débute par un contre-la-montre entièrement plat de 5,7 km dans les rues de Grenoble. Ce prologue peut-il déjà être décisif pour la victoire finale ?
Bernard Thévenet : Non. Un prologue sert surtout à établir un classement, davantage qu’à créer des écarts significatifs. Sur un tel parcours, on peut difficilement prendre plus de trois secondes au kilomètre à ses adversaires. L’écart entre les principaux favoris au classement général ne devrait donc pas excéder vingt secondes. Sauf si on a assiste à une grosse défaillance, ou si l’un des favoris s’élance sous la pluie et ses principaux rivaux sur une route sèche. A l’exception de Bradley Wiggins, qui partira en dernier en tant que vainqueur sortant, les coureurs peuvent décider de leur heure de départ dans un prologue. Mais en général, les principaux leaders partent presque tous à la même heure, afin d’éviter de perdre du temps sur leurs adversaires en cas de changement de météo.

Actumontagne.com : Bradley Wiggins, qui est l’un des meilleurs rouleurs du monde, va-t-il tenter de prendre le maillot jaune dès le prologue ?
Bernard Thévénet : D’un côté, il souhaite certainement marquer les esprits en réalisant un bon prologue. Mais se retrouver en jaune tout de suite n’est pas forcément l’idéal pour lui. Si toutefois c’était le cas, on peut supposer qu’il laisserait partir une échappée le lendemain entre Seyssins et Saint-Vallier, d’autant qu’il s’agit d’une étape qui peut être favorable aux baroudeurs, avec de nombreuses cotes, des routes pas toujours très larges et un profil assez vallonné, où un peloton a souvent plus de mal à s’organiser. C’est une étape pour des courageux qui n’hésitent pas à partir de loin, et qui pourrait sourire à un coureur comme Thomas Voeckler. Wiggins aurait en effet presque intérêt à perdre ce maillot jaune, pour éviter à son équipe d’avoir à supporter le poids de la course durant les premières étapes.

Actumontagne.com : Quel est l’intérêt de « perdre » volontairement ce maillot jaune ?
Bernard Thévenet : Il s’agit de préserver ses équipiers en vue des dernières étapes du Critérium, qui seront décisives pour la victoire finale. On peut supposer que les écarts seront faits principalement sur le contre-la-montre de 53,5 km entre Villié-Morgon et Bourg-en-Bresse (53,5 km) et lors de l’avant-dernière étape entre Saint-Alban-Leysse et Morzine, avec notamment la redoutable ascension du col de Joux-Plane (11,7 km à 8,4 % de moyenne) juste avant de plonger sur l’arrivée. Il est donc préférable d’avoir évité de faire travailler ses équipiers inutilement lors des premières étapes.

Actumontagne.com : Lors des dernières éditions, les favoris semblaient ne pas toujours se donner à fond et considérer le Critérium du Dauphiné comme un simple entraînement en vue du Tour de France. En sera-t-il de même cette année ?
Bernard Thévenet : Je pense que cette époque est révolue. Déjà l’année dernière, Bradley Wiggins n’avait pas ménagé ses efforts pour l’emporter. Je pense aussi que les favoris du Tour ont intérêt à se donner à 100 % sur une telle course, parce que c’est un test grandeur nature. C’est très important aussi qu’ils s’impliquent afin de rassurer leurs équipiers en vue du Tour. S’ils sentent leur leader en forme sur une épreuve comme le Dauphiné, ça boostera leur moral et ils seront d’autant plus motivés sur le Tour.

Propos recueillis par Martin Léger

 

 

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