© Louis Garnier

Le parapente comme un jeu

Mardi 27 septembre à 20h45, la chaîne Planète + Aventure & Evasion diffuse le deuxième volet de « Super-Héros », une série de huit documentaires de 26 minutes sur des athlètes hors-normes. Parmi eux, le parapentiste freestyle Jean-Baptiste Chandelier, 31 ans, originaire de Serre-Chevalier (diffusion de son portrait à 22h). Rencontre.

Actumontagne.com : Comment êtes-vous venu à pratiquer le parapente freestyle ?
Jean-Baptiste Chandelier : J’ai commencé le parapente à l’âge de 18 ans. Il y a deux disciplines phares en parapente : la distance (ou cross-country), pratiquée par 80 % des pilotes, et la voltige. C’est vers cette deuxième voie que je me suis tourné. Mais je n’ai jamais fait de compétition de parapente acrobatique. J’ai pratiqué pendant presque sept ans, jusqu’à un jour à l’automne 2009, à Serre-Chevalier, où j’avais oublié ma voile de voltige. J’avais une voile « normale », donc j’ai quand même fait mon vol, mais en rasant la montagne (à un mètre à peine du sol ou en touchant les cimes des arbres). J’ai eu un vrai déclic ce jour-là. Je me suis rendu compte que c’était vraiment la façon dont je rêvais de voler lorsque j’étais enfant, donc j’ai continué dans cette voie-là, celle du parapente freestyle. Dans cette pratique, je peux être amené à voler juste au-dessus d’une route, à me poser sur un toit d’une maison ou un phare marin… Dans mes vidéos, j’aime donner quelques repères « urbains » pour que le grand public puisse se projeter, même s’il y a aussi des scènes tournées dans des paysages sauvages.

© DR

Actumontagne.com : Voler en rasant le sol peut s’apparenter au wingsuit, où on retrouve pas mal de « têtes brûlées » qui recherchent l’adrénaline. Etes-vous dans cette optique ?
Jean-Baptiste Chandelier : Non, pas du tout. Déjà, il faut savoir que mes années de parapente acrobatique m’ont donné à la fois une parfaite connaissance de ma voile et de ses capacités, mais aussi des bases techniques qui me permettent d’anticiper mes trajectoires en vol. C’est quelque chose d’essentiel en parapente freestyle. Je suis un matheux, j’aime comprendre les choses, les analyser. Je prépare minutieusement les scènes de mes vidéos. Par exemple, pour une séquence où je frôlais la surface d’un lac de nuit, j’avais au préalable effectué de nombreux essais de jour, en notant exactement sur mon altimètre à quelle altitude je devais entamer ma figure. Je suis vraiment dans le calcul.

© Tristan Shu

Je n’aime pas l’adrénaline, parce qu’elle est synonyme de stress. Or je recherche d’abord le plaisir, et avec l’adrénaline, le stress a tendance à l’emporter sur le plaisir. J’aime avant tout le côté ludique du parapente, parce que je suis resté un grand gamin. Dans mes vidéos, j’essaie davantage de mettre en avant les aspects de légèreté, d’apesanteur et de liberté du parapente, plutôt que la vitesse, l’attaque et la prise de risques. Je veux bien éventuellement me tordre une cheville, mais s’il y a un risque mortel, je n’y vais pas.

© Andy Parant

Actumontagne.com : Vivez-vous de votre passion ?
Jean-Baptiste Chandelier : Oui, grâce aux sponsors qui me soutiennent. Je fais principalement des vidéos diffusées sur le web, et aussi quelques publicités. J’essaie d’avoir un gros projet par an, mais la vidéo ne dépassera jamais cinq minutes pour autant. Et je mets aussi en ligne au moins une petite vidéo d’une trentaine de secondes par mois. Le projet actuel sur lequel je travaille m’a emmené au Brésil, aux Açores et à Serre-Chevalier. Malheureusement les conditions aux Açores n’étaient pas favorables, il faudra donc y retourner l’été prochain.  Du coup la vidéo ne pourra sans doute pas être terminée avant l’automne 2017. L’idée, c’est à la fois de montrer ces endroits magnifiques, mais aussi de créer des connexions avec les gens que je rencontre. En résumé, ce sera un mélange d’action, d’humains et de beaux paysages. Pour tourner mes vidéos, je suis accompagné d’une équipe de trois personnes. Guillaume Galvani –qui a le même niveau que moi en parapente acrobatique – se charge de toutes les images aériennes et/ou transporte le cadreur en biplace. Il y a aussi Jean-Baptiste Mérendet, vidéaste de formation, et le photographe professionnel Tristan Shu. Tous deux sont également parapentistes.

© JB Chandelier

Propos recueillis par Martin Léger

Outre « Jean-Baptiste Chandelier, le maître de la gravité » (à 22h), « Super-Héros » du mardi 27 septembre s’intéressera au trailer Kilian Jornet, « le maître des cimes » (20h45), au champion de kayak extrême Eric Deguil, « le maître des rivières » (21h10) et à la surfeuse Justine Dupont, « la fiancée de l’océan » (à 21h35)

© Louis Garnier

 

 

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