Le 21 février 1988, Franck Piccard devenait le premier champion olympique de Super-G à Calgary. Un titre historique, rapidement éclipsé par les jeux olympiques d’Albertville en 1992 et sa médaille d’argent en descente. Trente ans plus tard, ce 21 février, la station des Saisies ravive la mémoire du sacre de l’enfant du pays, pour qui cette épreuve des XVe Jeux olympiques d’hiver canadiens, reste le meilleur souvenir sportif. Interview.
Actumontagne : Vous dites n’avoir pris conscience de la valeur de votre médaille d’or de Super-G à Calgary qu’en 2016 ! C’est vrai ?
Franck Piccard : Absolument. De retour des JO de Calgary, je me suis tout de suite focalisé sur les suivants, ceux d’Albertville. En pleine carrière, on se tourne forcément vers l’avenir, sinon on n’avance plus ! J’avais placé Calgary dans la catégorie des souvenirs, sans jamais vraiment y repenser pendant près de 30 ans, car les jeux olympiques d’Albertville ont occulté beaucoup de choses. Contrairement à 1988, en 1992, j’avais une pression énorme et beaucoup d’attente. Les jeux avaient lieu à la maison et je rencontrais beaucoup de difficultés dans ma préparation. Alors avoir réussi à remonter sur un podium, et être vice-champion olympique de descente, alors que j’étais dans les profondeurs des classements juste avant, a été une incroyable victoire sur moi-même.
Actumontagne : Pourtant, une médaille d’or olympique en 1988, cela n’était plus arrivé depuis Jean-Claude Killy et Marielle Goitschel aux Jeux de Grenoble en 1968 !
Franck Piccard : Effectivement, l’équipe de France de ski alpin avait disparu des radars pendant 20 ans, à l’exception des slalomeurs et des slalomeuses. Ma médaille d’or en Super-G et ma médaille de bronze en descente ont été les seules décrochées par l’équipe de France lors des jeux de Calgary. Rien à voir avec la moisson de l’équipe de France aux JO de Grenoble, et la ferveur partagée alors par tout un pays. Mes deux médailles ont tout de même été médiatisées à l’époque, et en France, le public nous a bien suivi. Mais sitôt la fin des jeux, les projecteurs se sont braqués sur ceux à venir d’Albertville.
Actumontagne : Que gardez-vous alors de ces Jeux de Calgary ?
Franck Piccard : Mes médailles que j’ai conservées et qui sont exposées dans mon magasin aux Saisies. Depuis 2016, j’ai retrouvé la mémoire de ces XVe jeux d’hiver, et la valeur sportive de ces épreuves. Aujourd’hui, je suis capable de me revoir dans le Super-G ou dans la descente et de ressentir les sensations d’alors, imprimées dans ma chair. Je me rappelle l’ambiance très bonne enfant de ces jeux perdus au fin fond du Canada. Avec l’équipe de France, nous étions partis avec un esprit commando, nous rigolions beaucoup aussi et n’avions aucune pression. Pour moi, ce sont les jeux de l’insouciance et aussi les plus proches de l’esprit olympique. Sportivement, ils représentent le meilleur souvenir sportif de ma carrière.
Actumontagne : La station des Saisies a voulu fêter les 30 ans de votre sacre olympique. Qu’est-ce que ça vous fait ?
Franck Piccard : Je suis extrêmement touché parce qu’on ne l’a jamais fêté. Ni les 10 ans, ni les 20 ans et c’est normal puisque je l’avais oublié ou presque ! Je ne suis pourtant pas nostalgique ni adepte des symboles, mais, je suis content de vivre un moment de partage aux Saisies le 21 février autour de cette médaille-là. C’est une belle reconnaissance.
Propos recueillis par Sophie Chanaron
Défiez le champion olympique !
Ce 21 février prochain, 30 ans jour pour jour après avoir décroché le premier titre olympique de Super-G de l’histoire des Jeux à Calgary, Franck Piccard est à nouveau sous les projecteurs aux Saisies. Pour fêter cette médaille d’or, un slalom géant ouvert à tous et organisé en toute convivialité. Le triple médaillé olympique va établir le chrono de référence. Attention, même s’il a troqué ses skis alpins pour des skis de fond, à 54 ans, Franck Piccard est très affûté et reste compétiteur dans l’âme !