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Luc Dupont, le montagnard au pied marin

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Arrivé mi-juin dans la Marina d’Ikaluktutiak au Canada où il avait laissé son fidèle voilier Roxane à l’automne 2011, le moniteur-navigateur grenoblois Luc Dupont, a repris la mer ce 30 juillet pour franchir le Détroit de Béring, par le mythique passage du Nord-Ouest, passage en partie franchi durant l’été 2011. Lucos de Nice*, comme le surnomme ses amis marins de la Trinité-sur-Mer, est le dixième Français à tenter cette route maritime. Il était venu nous voir à la rédaction juste avant son départ, et nous donne depuis, régulièrement de ses nouvelles. A lire sur son journal de bord qu’il publie sur Internet.

actumontagne : Vous êtes Grenoblois, moniteur de ski à Val Thorens l’hiver, comment est née votre passion pour la mer ?
Luc Dupont : En montagne, il y a beaucoup de lacs et mes parents faisaient eux-mêmes de la voile au lac du Monteynard. C’est sur ce lac que, gamin, j’ai fait mes gammes. Je suis devenu moniteur de ski et moniteur de voile. J’ai même participé au championnat de France de 420. J’ai également navigué à Aix-les-Bains, au lac de Roselend mais très vite, j’ai trouvé que les lacs, c’était trop petit ! Direction la Méditerranée, puis les océans pour mon premier tour du monde en solitaire en 1992 avec le Fûrieux et d’enchaîner les traversées chaque année, dès que ma saison à Val Thorens est terminée.

actumontagne : Vous avez une prédilection pour la navigation polaire. Vos origines montagnardes peut-être ?
Luc Dupont : J’ai toujours été fasciné par les exploits des grands explorateurs et notamment du Norvégien Amundsen, premier homme à relier l’Atlantique et le Pacifique par via le détroit de Béring et ce fameux passage du Nord-Ouest. J’aime naviguer dans le Grand Nord, j’y retrouve effectivement des similitudes avec la montagne. D’ailleurs, avant de pouvoir remettre mon bateau à l’eau pour reprendre ma route vers le Détroit de Béring, j’ai fait du ski sur la banquise en attendant qu’elle fonde !

actumontagne : Vous attaquez la dernière partie d’un périple entamé en 2008 à la Trinité-sur-Mer. Quand pensez-vous arriver ?
Luc Dupont. Depuis le début, je ne me fixe aucune date. Je n’ai pas de montre. C’est la météo qui décide. La mer dégèle fin juillet et j’ai a priori jusqu’à fin septembre pour passer le détroit avant que les eaux ne regèlent. Je n’ambitionne pas de réaliser un exploit. Je navigue avant tout pour le plaisir. J’ai souhaité faire toutes ces escales où je vais à la rencontre des habitants de ces régions, de leur culture, c’est très enrichissant.

actumontagne : Vous prenez même le temps de faire la tournée des pubs et de réaliser un guide des pubs polaires !
Luc Dupont : Oui, c’est mon amie Sophie qui tient le bar L’Etage à la Trinité-sur-Mer qui sponsorise ce guide qui m’a valu une certaine notoriété médiatique ! Je vais bien entendu le compléter pendant cette dernière partie de mon voyage.

actumontagne : Quelques mots sur votre bateau, le Roxane ?
Luc Dupont : C’est un petit monocoque de 10 m, acheté d’occasion et que j’ai retapé au fil des saisons, et des rentrées d’argent ! J’ai équipé le bateau de panneaux solaires et d’éoliennes pour alimenter mes instruments de bord. Il est assez rudimentaire mais a bien résisté jusque-là.

actumontagne : Quel est votre souvenir de navigation le plus mémorable lors de la première partie de votre voyage, entre le Groenland et les îles arctiques du Canada d’où vous reprenez la route ?
Luc Dupont : C’est difficile de n’en citer qu’un, dans la mesure où cette première partie a été mouvementée… Disons que l’un des grands moments est sans doute celui où j’ai aperçu deux ours polaires se reposant sur un morceau de banquise et qui se sont brusquement levés pour plonger et venir dans ma direction. Le spectacle était à la fois magnifique et un peu angoissant. J’ai un fusil à bord pour éloigner les ours polaires réputés agressifs. Mais je n’ai pas eu à m’en servir, heureusement. Par contre, j’ai dégainé l’appareil photo !


actumontagne : Vous êtes plutôt un navigateur solitaire. Votre fille Perrine est néanmoins venue vous voir au cours de votre voyage. Elle aussi a le virus de la mer. La navigation, c’est vraiment une histoire de famille chez les Dupont ?
Luc Dumont : Oui ! Elle est entrée à l’école nationale des officiers de la marine marchande en 2009 et fait en parallèle beaucoup de régates. Elle a même participé au championnat du monde de voile étudiant. Sur un bateau, elle est numéro un, poste clé où il y a très peu de filles. Elle est très douée ! Elle a navigué avec moi plusieurs semaines au Spitzberg. Là encore de beaux souvenirs.

Propos recueillis par Sophie Chanaron

Nous donnerons régulièrement des nouvelles de Lucos. Il devrait faire escale dans moins d’une dizaine de jours à Tuktoyaktuk dans la mer de Beaufort. Nous lui souhaitons bon vent !

 

*son bateau est immatriculé à Nice

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