L’aventurier sud-africain était vendredi 9 novembre l’invité de la soirée de clôture des 9èmes Rencontres du cinéma de montagne de Grenoble, où les quelque 3500 spectateurs rassemblés au Summum ont pu visionner les films de ses aventures passées. Mike Horn a aussi évoqué « Pangaea », son prochain projet de tour du monde sans moyens de transport motorisés.
Mike Horn aurait sans doute été un piètre diplomate. Tourner autour du pot, arrondir les angles, il ne sait pas faire. Son credo, c’est plutôt « droit au but ». Cette philosophie transparaît jusque dans sa façon de s’exprimer : directe et sans concessions, voire brute de décoffrage, comme lorsqu’il raconte comment il a décidé de se lancer dans l’aventure, celle avec un grand A : « J’ai sans doute trop bien gagné ma vie trop tôt. Je trouvais ça chiant (sic). La vie sans obstacle, ça n’existe pas et ça ne m’intéresse pas. Ce qui m’a toujours motivé, c’est d’arriver à m’améliorer suffisamment pour être capable de surmonter ces obstacles. »
Avec un nom pareil – celui d’un cap qui fait à la fois rêver et trembler tous les marins du monde – Mike Horn était prédestiné à l’aventure, à l’exploration. Il a beau avoir fait le tour de la terre en suivant le parallèle de l’Equateur, descendu le fleuve Amazone en hydro-speed ou encore atteint le Pôle Nord dans les conditions les plus difficiles qui soient (en hiver, pendant la nuit polaire), il ne semble jamais rassasié. « Une journée où tu n’apprends rien, ne découvres rien de nouveau, est une journée perdue. »
Dans sa quête de découverte, Mike Horn ne recule devant rien. Il n’a qu’une connaissance rudimentaire de la montagne, « à part les montagnes à vaches près de chez [lui]en Suisse » ? Qu’importe. En août dernier, en compagnie d’himalayistes expérimentés –Jean Troillet, Frédéric Roux et Olivier Roduit – il se fixe un nouveau challenge : gravir quatre « 8 000 » en deux mois au Pakistan. Pari (presque) gagné : si la météo l’empêche de terminer l’ascension du Broad Peak (8048 m), il est parvenu à vaincre les Gasherbrum I (8068 m) et II (8035 m), le tout en style alpin, c’est-à-dire sans oxygène !
Une expédition pour tenter de sauver la planète
La seule limite que se fixe Mike Horn, c’est celle de la peur. « C’est ma police d’assurance », affirme-t-il. « Je ne suis pas de ceux qui pensent que sans peur, il n’y a pas de plaisir. Le succès, pour moi, c’est d’abord de rester vivant. Parce que tant que je suis vivant, j’ai toujours la possibilité d’aller tenter de nouvelles aventures, même celles qui se sont refusées à moi par le passé. »
Son prochain défi, « Pangaea » (qui signifie « La Terre comme elle était il y a 250 millions d’années »), lui fera de nouveau faire un tour du globe : 100 000 km à travers les six continents (Antarctique inclus), en passant par les deux pôles, le tout en quatre ans. Départ prévu de Monaco au mois de mars 2008. Contrairement à ses explorations passées, cette nouvelle aventure ne sera pas seulement une quête personnelle. « A travers ce projet, je souhaite montrer toute la beauté de la planète et l’impact de l’homme sur elle. Il s’agit de faire réfléchir les gens sur la façon de limiter cet impact. J’ai envie de rendre à la nature au moins une partie de ce qu’elle m’a donné».
Pour ce projet, Mike Horn utilisera exclusivement des moyens de transports non motorisés, comme ce bateau en aluminium totalement recyclable, actuellement en cours de construction au Brésil. Un bateau sur lequel l’accompagneront, au fil de ses étapes, des jeunes âgés de 13 à 18 ans. « J’ai beaucoup voyagé en solitaire jusqu’à présent. Maintenant, j’ai envie de partager cette passion pour l’aventure avec ces jeunes. Ce n’est pas moi qui vais sauver le monde, c’est eux. »
Martin Léger