Au mois d’août dernier, le skieur acrobatique Nicolas Thépaut est devenu le premier champion d’Europe de water-jump. L’athlète de Praz-sur-Arly ambitionne désormais de rééditer cette belle performance sur la neige, dans l’espoir de décrocher une médaille aux Jeux Olympique de Vancouver, pour, qui sait, relancer la pratique de ce sport voué à disparaître en France.
Unique représentant français en coupe du monde de saut à ski acrobatique, le Pralin Nicolas Thépaut est licencié au ski-club des Yvelines et s’entraîne avec l’équipe suisse ! « Il n’existe même plus d’équipe de France. Pour la Fédération française de ski (FFS), le ski freestyle se résume aujourd’hui au ski de bosses et au skicross. Il y a de très fortes chances pour que le saut à ski acrobatique n’ait plus aucun statut officiel en France après ma retraite, en 2010. J’ai bien essayé de remonter une équipe de France l’an passé avec l’aide de Denis Hauw, qui a travaillé pendant quatre ans avec l’équipe de France de trampoline, mais la FFS n’était pas intéressée. Il manque aujourd’hui des passerelles entre la FFS et la fédération française de trampoline, qui pourrait fournir un vivier très important de champions pour le saut à ski acrobatique », déplore Nicolas.
Pourtant, aux yeux du champion pralin, le saut à ski acrobatique possède de solides atouts à faire valoir. « On ressent des sensations uniques quand on se retrouve en l’air à 15 mètres au-dessus du sol. J’apprécie aussi l’esprit de cette discipline, qui est vraiment une grande famille. On est davantage des amis que des adversaires, ce qui est plutôt rare dans le sport de haut niveau. »
Travail de longue haleine
Rennais d’origine, Nicolas a découvert le saut à ski acrobatique à 17 ans, lorsque ses parents ont déménagé à Praz-sur-Arly. A l’époque, sa passion, c’était plutôt la gym, qu’il avait pratiquée pendant plus de dix ans, jusqu’à atteindre « un bon niveau inter-régional ». Il décide de se mettre au ski acrobatique sur les conseils d’un copain de classe, le Mégevan Aurélien Lohrer, qui a participé l’an passé aux JO de Turin. « Je me suis inscrit au ski-club de Megève. Les débuts ont été difficiles. Avant de venir m’installer à Praz, je skiais une semaine par an. J’avais un bon niveau pour un touriste, mais j’avais quand même un peu de mal à suivre les bosseurs avec qui on s’entraînait. Cela dit, je pense qu’il est plus facile d’apprendre à skier qu’à sauter ».
A force de persévérance, Nicolas Thépaut est en passe de devenir l’un des meilleurs spécialistes mondiaux de la discipline, comme en atteste une cinquième place décrochée lors de l’étape de coupe du monde de Spindleruv Mlyn (République Tchèque) en février 2006. « J’ai une grande aisance en l’air et je pense faire partie des tout meilleurs mondiaux dans ce domaine là. Je dois cependant progresser en réception, où j’ai plus de mal vu que je n’ai pas un grand passé de skieur », concède le champion de Praz-sur-Arly. Son prochain défi ? Décrocher une médaille aux JO de Vancouver en 2010. Pour cela, Nicolas peaufine actuellement le full –triple full – full (un triple salto arrière avec cinq vrilles), l’un des sauts les plus difficiles techniquement à réaliser. Un travail de longue haleine comme il l’explique : « On s’entraîne pendant cinq mois en water-jump pendant l’été, à raison de 7 h par jour (deux heures de saut sur l’eau et cinq heures de musculation). Avant de tenter un saut sur la neige, il faut être capable de le réaliser parfaitement au moins une cinquantaine de fois en water-jump ». Mais quand on aime, on ne compte pas…
Martin Léger