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« Pas une contre-performance »

En début de semaine, Domaines Skiables de France (DSF) publiait le bilan de l’hiver 2013-2014. Avec 55,3 millions de journées-skieurs vendues (soit une baisse de fréquentation de 4,5 % par rapport à l’hiver 2012-2013, et une baisse des recettes de 2,3 %), la France – première nation mondiale depuis deux hivers – recule à la deuxième place du classement derrière les Etats-Unis (56,2 millions), mais reste néanmoins devant l’Autriche (50,8 millions). Interview de Laurent Reynaud, délégué général de DSF.

Actumontagne.com : Quel bilan tirez-vous de l’hiver 2013-2014 ?
Laurent Reynaud : Certes, il est moins bon que le précédent, qui avait lui été un très bon cru. Malgré tout, la baisse de fréquentation n’est que de 1 % par rapport à la moyenne des quatre hivers précédents. Dans un contexte économique globalement difficile, qui demande aux clients potentiels des stations de davantage procéder à des arbitrages que par le passé, on peut quand même dire que le ski résiste bien. Ce bilan de l’hiver 2013-2014 n’est donc pas une contre-performance.

Actumontagne.com : Le calendrier des vacances scolaires, maintes fois dénoncé par les professionnels du tourisme en montagne, explique-t-il ce recul de fréquentation ?
Laurent Reynaud : Il est certain que son impact est négatif pour la fréquentation des stations, en particulier lors des vacances de printemps. Celles-ci représentaient 8 % de la fréquentation globale de l’hiver avant 2010, date à laquelle les vacances ont été reculées d’une semaine. Aujourd’hui, elles ne pèsent plus que 2 %. Sur ces 6 % de baisse, 3 % ont été ventilés (les touristes qui venaient habituellement au printemps ont continué à venir, mais à un autre moment de l’hiver) et 3 % se sont évaporés (il s’agit là d’une perte sèche). On peut donc considérer que ce calendrier nous coûte notre première place mondiale. Cela étant, il n’explique pas le recul de la fréquentation entre les hivers 2012-2013 et 2013-2014, puisque le calendrier des vacances était identique lors de ces deux saisons.

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Actumontagne.com : Il y a donc d’autres explications à cette baisse…
Laurent Reynaud : Oui. La première, c’est une météo qui a été défavorable en décembre, janvier et février. Elle a beaucoup pénalisé la fréquentation des stations lors des week-ends de janvier, cette baisse ayant particulièrement concerné la clientèle de proximité. Le retour du beau temps à partir de début mars n’a eu d’impact positif que sur la seconde moitié des vacances d’hiver. La deuxième explication est d’ordre économique. Le prix de la journée-skieur s’établissait en moyenne pour l’hiver 2013-2014 à 23,70 € TTC. Même si les domaines skiables français proposent toujours le forfait le moins cher au monde (comme l’ont démontré de nombreuses études), il a augmenté de 5 % (TTC) par rapport à l’hiver 2012-13, dont 3% à cause du passage de la TVA à 10 % depuis le 1er janvier 2014. En deux ans, l’augmentation des prix des forfaits à cause de la seule TVA est de 5 %, ce qui est très pénalisant pour les stations françaises. Et ce d’autant plus que l’effet crise commence à se faire sentir. Nos clients potentiels font davantage d’arbitrages que par le passé.

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Actumontagne.com : Comment envisager-vous l’avenir ?
Laurent Reynaud : Cette perte de la première place mondiale en tant que destination ski doit motiver le gouvernement à reconsidérer le calendrier scolaire, qui impacte aujourd’hui négativement les stations françaises, en particulier en fin de saison. De leur côté, les opérateurs de domaines skiables et les professionnels de la montagne en général doivent redoubler d’efforts en matière de commercialisation. Les stations doivent chercher à créer une relation intime avec leurs clients, afin d’éviter qu’elles deviennent interchangeables aux yeux du public. Elles ne doivent pas seulement leur offrir un produit ski, mais leur faire vivre des expériences multiples. Et surtout communiquer avec eux tout au long de l’année. A ce titre, l’utilisation des réseaux sociaux est essentielle. L’autre levier pour dynamiser l’offre, c’est de chercher de nouveaux clients. Il y a aujourd’hui 12 % de la population française qui skie, ça laisse 88% à prospecter. La question essentielle aujourd’hui, c’est de savoir comment créer de nouveaux skieurs, comment transmettre cette culture ski aux jeunes. C’est pour cette raison que nous avons créé French Skiss, commercialisé depuis le début de l’hiver 2013-2014. Il s’agit d’un produit imaginé par France Montagnes, Domaines Skiables de France et par les professionnels des stations. French Skiss s’adresse aux 16-25 ans totalement débutants, qui bénéficient de 50 % de réduction sur le forfait remontées mécaniques 6 jours et sur les cours de ski collectifs 6 jours, ainsi qu’une réduction sur la location du matériel adapté pour les débutants.

Propos recueillis par Martin Léger

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