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Profession nivologue

Son domaine, c’est la neige. Claude Schneider la sonde, la mesure, l’ausculte, prend sa température… Grâce à lui, La Plagne est la seule station à donner tous les jours un bulletin de risque d’avalanches localisé. Présentation d’un métier peu connu. "Aujourd’hui risque 3. Cette nuit, il est tombé vingt centimètres de neige, accompagnés de forts vents d’ouest. Il y a donc eu accumulation sur les pentes est, qui peuvent déclencher des avalanches au passage de skieurs isolés." Si vous pouvez lire un bulletin de ce type à La Plagne, c’est grâce au nivologue Claude Schneider. La neige, il n’est pas tombé dedans petit, mais il baigne dedans depuis quinze ans. Comment ce titulaire d’un DUT de chimie, né à Strasbourg, est-il devenu nivologue ? Par amour de la montagne et d’une montagnarde ! Au moment où Claude Schneider cherche à se rapprocher de la Tarentaise, la place de nivologue se libère à La Plagne, en 1987. Tout à fait ce qui convient à ce scientifique, qui peut ainsi allier terrain et recherche. Sa formation se fait sur le tas… de neige, ainsi que grâce à son prédécesseur et à des stages au CEN (Centre d’études de la neige, à Grenoble). "Mon bureau, c’est la montagne. Je passe environ la moitié de mon temps dehors. Alors il n’y a pas de routine, aucune journée ne ressemble à une autre. J’aime aussi la tempête et le mauvais temps, car il y a plus de choses à observer…" Deux fois par jour, Claude Schneider part faire des analyses sur le terrain (température de l’air, de la neige, force et direction du vent, hauteur de neige…). À partir de ces données et de celles transmises par des pisteurs, il rédige un bulletin de risque d’avalanches, qui est affiché le matin dans toutes les stations de La Plagne, avec un petit texte explicatif. "Ce bulletin est complémentaire de ceux de Météo France, qui travaille à l’échelle du massif. La Plagne est une station très vaste, son domaine s’étale de 1 250 à 3 250 mètres, avec quatre orientations différentes. Les responsables de la station ont donc estimé que nous avions besoin de données plus locales, plus précises que celles de Météo France. Parfois, en cours de journée, le risque est réévalué et affiché en haut des principales remontées mécaniques". "J’en apprends encore tous les jours" Pas blasé pour deux sous, Claude Schneider reste au contraire très humble face à la montagne. "Finalement, il y a encore plein de choses qu’on ne comprend pas sur la neige, même si on sait que le vent est l’un des facteurs les plus déterminants. Parfois, les avalanches ne partent pas là où on les attend. C’est un métier difficile, qui demande beaucoup d’observation et d’expérience, et il reste encore une bonne part d’intuition et d’incertitude. J’en apprends encore tous les jours sur la neige." Et pourtant, il vaut mieux ne pas se tromper dans cette profession. Une responsabilité pesante, mais qui donne aussi tout son intérêt à la tâche : "j’espère être utile", lance modestement Claude Schneider. Mais ce qui le chagrine, c’est que les skieurs ne prennent pas toujours le temps de lire les bulletins de prévision. "Notre gros problème, c’est l’information. Beaucoup de gens pensent que les accidents n’arrivent qu’aux autres. En montagne, le danger n’est pas visible, contrairement à une mer démontée. Ici, quand le soleil revient, ça ne signifie pas la fin du danger, au contraire. Si j’avais un conseil à donner aux skieurs, ce serait de ne jamais hésiter à s’informer. Il n’y a pas de honte à demander un renseignement à un pisteur ou un moniteur. On peut faire du ski hors-piste, mais en toute connaissance de cause." Jeanne Palay

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