Cinq titres aux championnats du monde paranordiques, le globe de cristal en biathlon (son deuxième après celui de l’hiver 2016-17), la troisième place du classement général en ski de fond (comme en 2014-15 et 2015-16)… A 29 ans, Benjamin Daviet vient d’achever l’une des saisons les plus abouties de sa carrière, débutée en 2011. Interview de l’athlète handisport du Grand Bornand.
Quel bilan dressez-vous de cet hiver 2018-19 ?
Il est très positif. C’était une saison incroyable. Pourtant, en décembre, alors que je n’étais pas au top de ma forme physique, j’ai eu quelques doutes. Mais on a bien retravaillé derrière. En janvier, j’ai senti la forme qui montait, et j’étais au top en février. Cela dit, c’était assez logique, parce que j’avais programmé mon pic de forme pour les championnats du monde, en février. Je ne m’attendais pas à gagner cinq titres. La première médaille d’or m’a libéré, et derrière ça s’est parfaitement enchaîné.
Avez-vous dépassé vos objectifs initiaux ?
Avant le début de la saison, je visais le globe de cristal en biathlon et trois titres mondiaux. Finalement, j’en ai eu cinq ! Le titre du KO sprint, en ski de fond, a été une surprise pour moi. En ski de fond, je me sens très fort sur le 10 km skating, et un peu moins en classique. Je dois progresser sur cette technique si je veux viser le globe de cristal en ski de fond, qui pourrait devenir un objectif prioritaire pour moi, peut-être pas l’hiver prochain, mais sans doute les suivants.
Quel est votre programme ces prochaines semaines ?
La saison de compétition est désormais terminée. Je profite qu’il y ait encore de la neige pour skier un peu pour moi, en mode récup’, juste pour le plaisir. Ça fait du bien de ne pas avoir d’objectif d’entraînement ! Je prendrai des vacances la dernière semaine d’avril, puis je reprendrai l’entraînement début mai, avec au programme skis-roues, vélo et musculation. Le retour sur la neige est prévu en septembre, dans un tunnel réfrigéré en Slovénie. Il y a aussi une piste de ski-roues à côté, et c’est facile d’accès pour le vélo. Après, pour retrouver la « vraie » neige, il faudra plutôt attendre le mois de novembre, en Norvège. J’ai prévu de participer aux courses de Susjoen, mélangé aux athlètes valides.
Vivez-vous de votre sport ?
Comme beaucoup de skieurs valides, je suis employé par l’Armée. Ça me rapporte un Smic (environ 1300 euros par mois). En contrepartie, je la représente sur les courses et je participe à un stage commando (du 26 au 30 mai à Vannes, au 3ème Régiment d’Infanterie de Marine), au défilé du 14 juillet à Chamonix, à la remise des trophées des championnats militaires en octobre. En 2021, je ferai aussi les premiers Invictus Games hivernaux, en Allemagne. Il s’agit d’une compétition internationale regroupant les blessés militaires. Pour compléter mes revenus, j’ai aussi un contrat avec EDF et avec ma station du Grand Bornand, qui, réunis, me permettent d’ajouter un salaire (environ 1300 euros, soit 2600 euros au total en ajoutant l’Armée). En revanche, il n’y a aucune prime de course en coupe du monde handisport.
Quelle est la nature exacte de votre contrat avec le Grand Bornand ?
La station me soutient depuis le début de ma carrière sportive, en 2012, avec des contrats signés pour un an, au mois de juin. J’ai le même contrat que trois autres athlètes valides de la station : Tessa Worley (ski alpin), Bastien Midol (vainqueur du globe de cristal de skicross) et Lucas Chanavat (ski de fond). On touche aussi des primes de la part de la station pour les médailles aux Jeux Olympiques et aux championnats du monde. Je connaîtrai le montant de cette prime en avril. Les montants du contrat et des primes dépendent des résultats de tout le monde, sachant que nous sommes dix athlètes du Grand Bornand à évoluer sur la Coupe du monde. Au-delà de l’aide financière, je bénéficie de la mise à disposition de la salle de musculation (au club des sports) et des pistes de ski de fond pour m’entraîner, avec notamment des créneaux réservés aux athlètes de haut niveau le matin en début de saison, lorsqu’il y a encore peu de neige. Au niveau de mes obligations, je dois porter le bandeau « Le Grand Bornand » sur toutes mes courses, participer à l’opération « Le retour des champions », et bien sûr parler de la station lors des interviews !
Propos recueillis par Martin Léger
Photo de une : Benjamin Daviet a remporté cinq titres aux Championnats du Monde de Prince George (Canada) © Kelly Bergman – BergMedia // World Para Nordic Skiing