La 44e Coupe Icare sera l’occasion de découvrir toutes les nouveautés en termes de matériel de vol libre, notamment les parapentes ultra-légers. Ceux-ci ont révolutionné la pratique du « vol montagne », comme l’explique Julien Irilli, un parapentiste annécien de 38 ans qui est à l’affiche de « Entre ciel et cîmes », l’un des films projetés dans le cadre des Icares du Cinéma.
Quelle est votre pratique du parapente ?
Je suis un passionné de montagne en général, et le parapente s’inscrit dans cette optique. J’ai débuté à l’adolescence, vers la fin des années 1990. J’aime le combiner à des activités telles que l’alpinisme et l’escalade. Je l’utilise dans une dynamique de vitesse et de performance. Le parapente peut par exemple me permettre d’enchaîner deux voies d’escalades difficiles dans la même journée, le cas échéant en changeant de massif, ce qui ne serait absolument pas envisageable sans passer par les airs.
En quoi le matériel influence-t-il la pratique du « vol montagne » ?
Lorsque j’ai débuté le parapente, les « ailes montagnes » (destinées à permettre de redescendre en vol plutôt qu’à pied d’une randonnée) existaient déjà. Mais elles étaient nettement moins performantes qu’aujourd’hui. Elles permettaient simplement de redescendre. Il était impossible d’aller dans des thermiques afin de passer au-dessus d’une montagne avec ces ailes. Pour comparer aux ailes montagnes actuelles, elles étaient deux fois plus lourdes et planaient trois fois moins bien ! Depuis un peu plus de trois ans, les ailes monosurfaces* ont fait leur apparition. Ça permet un gain de volume et de poids énorme. J’arrive à faire rentrer dans un sac de 20 litres mon aile, ma sellette et une doudoune, pour un poids total de seulement 2 kilos. Il faut un peu plus de vigilance qu’avec une aile de parapente classique, mais ça se replie sans problème, et même un débutant peut l’utiliser. Ça plane un tout petit peu moins bien qu’une aile classique en double surface (on perd un tout petit peu de vitesse). En revanche, le gonflage est beaucoup plus facile, et on parvient ainsi à s’envoler même avec des décollages très très courts et sans vent de face. Bref, la monosurface est révolutionnaire, et elle m’a permis d’envisager des courses plus difficiles qu’il y a quelques années.
Comme la face Nord des Grandes Jorasses en moins de 24 h !
Oui. J’ai décollé depuis le sommet de l’Aiguille du Midi pour me poser au pied de la voie, que j’ai ensuite escaladée, avant de redescendre en parapente. J’étais parti de Chamonix à 9h le matin et de retour à 16h. Sans parapente, il faut dormir au refuge au pied de la voie, partir vers minuit puis compter entre 12 et 20h pour revenir à Chamonix. J’ai fait ça en solo, mais aussi une fois en duo avec un ami alpiniste de très bon niveau, grâce à une aile biplace de 3 kilos qui tient dans un sac de 40 litres. On avait gagné 3 à 4 heures à la montée (en évitant la marche d’approche) et 5 à 6 heures à la descente (qui se fait côté italien et qui est de surcroît très engagée). On gagne non seulement en temps, mais aussi en sécurité. Après, il faut tout de même avoir un bon niveau technique en parapente, et garder à l’esprit qu’on n’est jamais assuré à 100 % de pouvoir redescendre en volant. C’est pourquoi je prévois toujours un plan B pour le retour, et il m’arrive de devoir redescendre à pied.
Que met en scène le film « Entre ciel et cîmes », qui sera projeté pendant la Coupe Icare ?
C’est un condensé de plusieurs projets que j’ai réalisés en 2014 et 2015, dont cette expédition à la journée en solo aux Grandes Jorasses. Je serai normalement présent lors de la projection du film aux Icares du Cinéma (le jeudi ou le vendredi soir, la date n’étant pas encore arrêtée) et sans doute le samedi soir si le film est primé. Et je serai le dimanche matin sur le salon de la Coupe Icare à Saint-Hilaire-du-Touvet, sur le stand de Niviuk, la marque de parapente qui me sponsorise.
Propos recueillis par Martin Léger
* Un parapente standard étant lui « double surface »