Avec onze kilomètres de piste, la station de Cordon fait figure de Petit Poucet au Pays du Mont-Blanc ! Depuis le milieu des années 2000, elle a investi dans l’enneigement de culture sur la partie basse de son domaine et cultive son positionnement de station des premiers pas. Les explications de Serge Paget, maire de Cordon, président de la SAEM Téléskis Sallanches-Cordon.
Actumontagne : A partir de quand la station a-t-elle investi dans la neige de culture ?
Serge Paget : Le milieu des années 2000. En 2003, nous avions une situation financière catastrophique car notre station touristique, qui abrite tout de même six hôtels et compte près de 4000 lits touristiques, n’avait pas d’enneigement artificiel. A l’époque, nous avions fait le recesensement de tous les emplois directs liés à l’activité de la station : ils avoisinent la petite centaine, sans compter les emplois indirects. Nous ne pouvions donc clairement pas nous passer du ski alpin. Nous avons fait le choix de pérenniser notre station de ski, en investissant raisonnablement dans la neige de culture.
Actumontagne : C’est à dire ?
Serge Paget : Nous avons démarré avec un petit programme et en fonction de nos moyens, nous avons progressivement augmenté le nombre d’enneigeurs pour arriver aujourd’hui à un parc d’une vingtaine de perches sécurisant 40% du domaine skiable. Par rapport à la ressource en eau, nous ne pouvons pas aller au-delà. En 2015-2016, la SAEM a donc investi 230 000 euros pour optimiser le réseau de neige de culture existant. Notre objectif, faire en sorte, qu’en trois jours, le bas du domaine et la zone débutants, soient enneigés. Cela notamment grâce à l’automatisation des process, qui nous permet de mieux exploiter les courtes fenêtre de froid.
Actumontagne : Cordon, c’est la station des premiers pas et des petits budgets ?
Serge Paget : Notre créneau est clairement celui de l’apprentissage. Le domaine est donc très prisé des familles et des débutants. Parmi eux, probablement les futurs clients des grandes stations de demain, au fur et à mesure de l’évolution de leur niveau et de leurs moyens financiers. De même, une petite station comme la nôtre permet que le ski demeure un loisir accessible. Nous constatons en effet que beaucoup de gens viennent chez nous pour nos prix. En hébergement comme pour les forfaits de ski. Par rapport à une vingtaine d’années en arrière, les clients skient aussi sensiblement moins. Ils veulent pouvoir goûter à d’autres activités, notamment chez nous à la raquette avec nos huit itinéraires balisés, le chien de traîneau, manger dans un restaurant d’altitude en grignottant sur le budget forfait.
Actumontagne : Vous cultivez aussi la convivialité sur les pistes…
Serge Paget : Oui, pour notre petite station, c’est un atout supplémentaire. Les clients cherchent avant tout la convivialité, à passer du bon temps et nous multiplions les animations en ce sens, souvent gratuites ou à petits prix. Les nocturnes hebdomadaires pendant les vacances rencontrent beaucoup de succès, comme les descentes aux flambeaux en compagnie des moniteurs, avec vin et chocolats chauds offerts. C’est tout simple, mais les gens adorent !
Propos recueillis par Sophie Chanaron