© Laurent Salino / Alpe d’Huez Tourisme

L’Alpe d’Huez change de braquet

En lançant un programme d’investissement de plus de 350 millions d’euros d’ici 2022, l’Alpe d’Huez entend monter en gamme afin de séduire la clientèle internationale. Requalification de la station (avec notamment la création d’hôtels ou résidences de tourisme 4 et 5 étoiles) et liaisons skiables avec les 2 Alpes et les Sybelles sont les axes forts de ce programme.

Un hébergement qui monte en gamme
Le nouveau Plan Local d’Urbanisme, approuvé en novembre 2015 et appliqué en janvier 2016 après dix ans de concertation, va permettre la création de 4600 lits haut de gamme (4 et 5 étoiles), dont 800 dans l’hôtellerie. Soit une augmentation d’un tiers de la capacité d’hébergement de la station, avec une indéniable montée en gamme (l’Alpe d’Huez ne compte par exemple aucun hôtel 5 étoiles à l’heure actuelle). Ces nouveaux lits se concentreront principalement sur les secteurs des Bergers et de l’Eclose. Un appel à projet a été lancé pour aménager les 6 hectares du parking des Bergers, où 2200 lits seront construits (70 à 80 % en résidence de tourisme haut de gamme, le reste en hôtellerie). La zone de l’Eclose accueillera de son côté 1800 nouveaux lits (répartis entre un hôtel 5 étoiles et deux résidences de tourisme 4 et 5 étoiles), 350 places de parking publiques et un espace bien-être.
Ces projets permettront de rattraper l’érosion du parc locatif, qui perd chaque année environ 300 lits chauds. Ils auront aussi un réel impact économique : chaque nouveau lit chaud rapporte 1500 euros par an aux remontées mécaniques et jusqu’à 13 semaines de remplissage, soit cinq fois plus que les résidences secondaires. Avec ce programme, le nombre de lits chauds sera porté à environ 15000 (sachant que la capacité d’accueil de l’Alpe d’Huez est aujourd’hui de 32 871 lits, dont seulement 9915 lits marchands).

 © Laurent Salino / Alpe d’Huez Tourisme

Une station requalifiée
« Il s’agit de faire tendre l’Alpe d’Huez vers une station piétonne ski au pied pour réduire notre impact carbone et améliorer la qualité du séjour », résume le directeur de l’office du tourisme, François Badjily, à propos de la requalification de la station. Celle-ci se traduit par une incitation des propriétaires à rénover les anciennes résidences sur le plan esthétique comme énergétique. Mais aussi par la plantation de plus de 2000 sapins (150 sont plantés chaque année en moyenne), pour arborer de nouveaux espaces de vie (promenades, jardins). Des cheminements piétons agrémentés de tapis roulants couverts, reliant les quartiers hauts et bas de la station, sont également prévus. Sans oublier le futur TCSP (Transport Collectif en Site Propre) qui assurera la liaison entre le village d’Huez (à 1450 m d’altitude) et la station de l’Alpe d’Huez (1860 m), et remplacera notamment les « œufs » du Télévillage. Les travaux seront réalisés en deux étapes : de l’office du tourisme aux Bergers en 2017 et d’Huez à l’Alpe d’Huez (office du tourisme) en 2018. Ce TCSP est une sorte de Funitel, long de 2 km. L’enfouissement des parkings en cœur de station (sous les hébergements en construction), pour un coût 20 millions d’euros, fait aussi partie de ce projet. Au total, le coût cumulé de cette requalification de la station et de la création de 4600 lits est estimé à 200 millions d’euros.

 Le Télévillage d'Huez © Laurent Salino / Alpe d’Huez Tourisme

Un domaine skiable repensé
Dans le cahier des charges de la nouvelle Délégation de Service Public, le futur exploitant de l’Alpe d’Huez Grand Domaine Ski devra investir 100 millions d’euros pour moderniser et optimiser l’offre (dont 60 % entre le 1er juillet 2016, date d’attribution du marché, et 2021). Avec une double ambition : accroître le débit et limiter l’impact visuel des remontées (180 pylônes de remontées ont été enlevés ces cinq dernières années). L’installation d’un télémixte au Signal (débit : 3900 personnes heure), en remplacement des deux téléskis et du télésiège à pinces fixes actuels, s’inscrit dans cette optique. Ce télémixte, qui sera en service dès l’hiver 2016-17, fait partie des projets d’aménagements déjà budgétés, pour un total de 70 millions d’euros. Les autres projets sont le TCSP d’Huez à l’Alpe d’Huez et la création d’une piste de luge 4 saisons (2017-2018), l’amélioration du retour skieur, l’extension du réseau de neige de culture et le changement du Télécentre (2018), la construction du Télémixte du Loup (2019) et le remplacement du télésiège du Chalvet (2020).

 © Laurent Salino / Alpe d’Huez Tourisme

L’Alpe d’Huez projette aussi une liaison avec sa voisine des 2 Alpes, pour un coût estimé à 62 millions d’euros (2 millions d’études préalables + 60 millions de travaux), soit un an de chiffre d’affaires des deux domaines skiables. L’ouverture de cette liaison est annoncée pour 2021. Elle se ferait en 18 minutes, entre le sommet du Signal de l’Homme (2200 m d’altitude, sur le secteur d’Auris-en-Oisans) et les Crêtes (2100 m d’altitude, qui surplombent les 2 Alpes). L’appareil serait une sorte de Funitel équipé de 41 cabines de 35 places chacune, pour un débit horaire de 2400 personnes. Puis, dans un deuxième temps, une liaison avec le domaine des Sybelles, en Maurienne, est également envisagée. Elle se ferait entre Vaujany et Saint-Sorlin-d’Arves. Si ces deux liaisons se concrétisent, le domaine skiable offrirait plus de 800 km de pistes (contre 250 actuellement pour l’Alpe d’Huez Grand Domaine Ski) !

Martin Léger

 © Laurent Salino / Alpe d’Huez Tourisme

 

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