L’Alpe d’Huez possède les serres les plus hautes de France. Le service Environnement de la commune y élève et adapte à l’altitude les plantes pour végétaliser et fleurir la station. Il veille également sur le Jardin alpin, petite pépite éducative perchée à 2700 mètres, sur le sentier menant au lac Blanc. Pratique ensuite en randonnée dans le massif des Grandes Rousses pour identifier l’abondante flore sauvage. La station de l’Oisans compte également la première grainothèque de montagne.
Au printemps, Jimmy Tailliez ne chôme pas. Le responsable du service Environnement de la commune de L’Alpe d’Huez mène plusieurs chantiers de front avant le coup d’envoi de la saison d’été. Avec son équipe d’une quinzaine de personnes, qui monte à une trentaine l’été, il réinstalle le mobilier urbain, la signalétique routière et piétonne, remet en état les chemins de randonnée, engazonne le golf, finalise la création des massifs végétaux d’ornement et la garniture des jardinières. Il faut dire que la station de l’Oisans se fait fort de tenir son rang de communes labellisées « Villes et Villages Fleuris » !
Des espèces moins gourmandes en eau
Avoir de beaux espaces verts participe aussi à l’attractivité d’une destination et à la qualité de son accueil. Cela en préservant les ressources locales, notamment l’eau. « C’est pour cela que depuis quelques années, nous avons réduit les semis et privilégions des espèces moins gourmandes en eau, au profit de variétés vivaces et endémiques, comme les ancolies, les edelweiss ou le serpolet que nous élevons dans nos serres », explique Jimmy Tailliez réservant désormais les plantes horticoles plutôt aux jardinières.
Ces serres les plus hautes de France sont un outil formidable pour les jardiniers de la station. « Nous semons nous-mêmes les graines et sommes en mesure d’amener progressivement les plantes dans les conditions de température qu’elles retrouveront une fois en pleine terre dans nos massifs, où nous n’utilisons plus d’herbicides et ni de désherbants depuis 2015 ».
Un jardin alpin à vocation pédagogique
Dans ses nombreuses missions, le service Environnement a également en charge le Jardin alpin, créé il y une trentaine d’années par Philippe Gorand, le prédécesseur de Jimmy Tailliez. Cet alpinum est situé à l’arrivée du deuxième tronçon de la télécabine du DMC. Il rassemble 80 espèces végétales, prélevées dans le massif des Grandes Rousses. Une petite plaque indique pour chacune d’elles son nom en français et en latin, sa famille, avec photo à l’appui. « L’idée est de répertorier la flore que les randonneurs vont ensuite rencontrer en chemin et pourront reconnaître ».
Ce petit jardin botanique a vraiment une vocation pédagogique et de sensibilisation au respect de la flore alpine, très abondante dans les Grandes Rousses, massif très bien exposé et aux sols généreux. Il rappelle que chaque espèce sauvage (génépi, arnica des montagnes, rhododendron, orchidée, pensée…) a un rôle à jouer dans l’écosystème alpin. Et pour le préserver, rapportez une photo des fleurs sauvages dans leur écrin naturel, plutôt que des spécimen grandeur nature, vite fanés une fois à la maison !
La première grainothèque de montagne
À la tête du service culturel de la commune de L’Alpe d’Huez, Nathalie Delbos chapeaute le musée d’Huez et de l’Oisans, dont l’exposition permanente a été totalement renouvelée, l’espace beaux arts et la bibliothèque. Pour faire vivre ce dernier lieu, et suite à sa rencontre avec la Maison de l’Environnement et de la Nature à Grenoble et l’association Sème Sauvage, elle a lancé en 2017 une grainothèque, la première en montagne ! Ce système d’échange gratuit de graines et de semences de plantes sauvages et locales est ouvert à tous, adhérents à la bibliothèque ou non. Il vise à sensibiliser à la biodiversité de ce territoire d’altitude. Les services techniques de la mairie ont conçu un meuble ad hoc, où chacun peut déposer ou prendre une petite enveloppe de graines, tout en profitant de l’important fonds d’ouvrages montagne de la bibliothèque, et de fiches pratiques, notamment sur comment et quelles graines prélever. « Nous voulons encourager les habitants de la commune -locaux ou résidents secondaires-, à privilégier des espèces locales dans leur jardin ou sur leur balcon », souligne Nathalie Delbos, qui a également développé tout un volet animations pendant l’été, notamment pour les enfants, en lien avec le label Famille Plus.
Sophie Chanaron
