Serge Abondance dirige un magasin de sports à La Plagne-Montalbert. Sociétaire du réseau Intersport Montagne, il travaille également en binôme avec la responsable des partenariats BtoB d’Intersport Rent. En activité depuis les JO de 1992, le Savoyard apporte sa passion intacte du métier de commerçant et sa parfaite connaissance du terrain. Une place privilégiée pour sonder les attentes de la clientèle de la destination montagne.
Actumontagne : L’hiver 2020 a bien démarré avec une fréquentation en hausse de 3% dans les stations des Alpes du Nord* lors des vacances de fin d’année. Vous confirmez ?
Serge Abondance : Tout à fait. Si la semaine de Noël a été comparable à celles des deux/trois années précédentes, celle du Nouvel An a été exceptionnelle. Digne d’une bonne semaine des vacances de février en terme de fréquentation. Les hébergements étaient remplis. Les parkings été même complètement saturés, En Tarentaise, tous les magasins, quelles que soient les enseignes, ont très bien travaillé pendant ces quinze jours. C’est donc un bon début de saison. Ce qui est pris n’est plus à prendre, d’autant que les prévisions pour la dernière des quatre semaines des vacances d’hiver, où notre zone géographique est en congés, reste calme.
Actumontagne : La concurrence entre les magasin de sport en montagne est vive. Comment l’enseigne Intersport se démarque-t-elle ?
SA : Nous bénéficions tout d’abord d’une forte notoriété au niveau national. Intersport est devenu en 2018 le premier vendeur de textile et de chaussures en France (Ndlr : devant Décathlon). Notre enseigne, très présente sur la Toile et les réseaux sociaux, est aussi numéro un de la location de ski à distance. Et notre groupe coopératif va encore aller crescendo sur le digital en lien avec les magasins physiques. Nous mêmes sociétaires sommes très actifs à partir des outils numériques que la centrale met à la disposition des détaillants. Dans mon équipe, j’ai une personne qui s’occupe d’animer notre page Facebook. Le réseau Intersport Montagne compte environ 245 magasins. Tous bénéficient d’un emplacement premium, de bons produits et d’un assortiment différenciant par rapport aux magasins de plaine, avec des marques adaptées à la typologie de chaque station. Autant d’éléments qui expliquent le succès de notre enseigne en montagne.
Actumontagne : Quelles sont vos missions pour Intersport Montagne ?
SA : En tant que représentant de la Haute-Tarentaise, j’ai une fonction d’animateur du réseau. J’effectue aussi une veille du marché pour saisir les opportunités d’ouverture de magasin pour l’enseigne dans les nouvelles résidences qui se construisent. Ces points de vente potentiels, qui vont disposer d’une clientèle particulièrement captive, sont très convoités. Il faut donc se positionner très en amont ! Je fonctionne par ailleurs en binôme avec Félia Lompech-Lefèvre en charge du BtoB à la centrale. Nous cherchons ensemble à optimiser la relation-client entre les sociétaires Intersport Montagne et les tour-opérateurs par exemple.
Actumontagne : Qu’est-ce qui vous plaît dans votre métier de commerçant en montagne et quelles tendances observez-vous chez vos clients cette saison ?
SA : Commerçant en station est une activité saisonnière qui laisse pas mal de temps hors saison pour profiter entre autres de la montagne ! Avoir affaire à des gens en vacances, qui viennent s’amuser, prendre du plaisir dans nos stations, c’est vraiment très agréable. L’ambiance est plutôt à la bonne humeur, même si à certaines périodes, c’est le rush ! Côté demandes clientèles, nous constatons nous aussi à La Plagne-Montalbert, un engouement pour le ski de randonnée. Ce n’était pas encore vraiment le cas chez nous, contrairement à d’autres stations où cette tendance émerge depuis trois/quatre saisons. Nous pouvons répondre sans problème à la demande de location de matériel avec un parc de 25 paires de ski. Mais, ça reste une niche comparée à nos 3000 paires dédiées au ski alpin en magasin ! Par ailleurs, de plus en plus de clients nous demandent d’assurer un service de gardiennage de leur matériel de ski. Mais nous sommes freinés par le manque de place disponible pour le satisfaire. Le prix au mètre carré en station est prohibitif !
Actumontagne : Ce manque d’espace impacte plus sérieusement le recrutement du personnel saisonnier. Comment faites-vous face à ce problème ?
SA : En station, les employeurs sont contraints d’investir dans l’immobilier. Je loge une partie de mon équipe. Mais la question de l’hébergement n’est pas le seul frein au recrutement du personnel en station. Il faut aussi intéresser les jeunes aux métiers de vendeurs d’articles de sport et de skimans. Il existe des structures de formation dédiées comme le CNPC à Grenoble ou le GEIQ à Aime. Mais nous réfléchissons avec la centrale à recruter plus facilement des collaborateurs de qualité et comment les former en interne.
Propos recueillis par Sophie Chanaron
*Source Observatoires Savoie Mont-Blanc et Isère Tourisme